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Grokipedia : que vaut le Wikipédia à la sauce Elon Musk ?

6 novembre 2025

Temps de lecture : 5 minutes
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Grokipedia : que vaut le Wikipédia à la sauce Elon Musk ?

Temps de lecture : 5 minutes

Grokipedia : que vaut le Wikipédia à la sauce Elon Musk ?

Le lun­di 27 octo­bre 2025, le mil­liar­daire Elon Musk a lancé sa pro­pre ency­clopédie en ligne, nom­mée Grokipedia. Générée par le mod­èle d’intelligence arti­fi­cielle Grok de son entre­prise xAI, elle vise à rec­ti­fi­er les biais dénon­cés par l’homme d’affaires.

Pour le moment en anglais seulement

Loin der­rière Wikipé­dia, l’encyclopédie a déjà acquis une taille con­sid­érable, mais der­rière le clas­sique wiki : Grokipedia compte env­i­ron 885 000 entrées, unique­ment disponibles en anglais, con­tre « plus de 7 mil­lions pour la ver­sion anglo­phone de Wikipé­dia, et un peu plus de 2,7 mil­lions pour la ver­sion fran­coph­o­ne de la plus célèbre ency­clopédie en ligne », partage Le Figaro.

Un accueil polarisé

Le lance­ment du pro­jet de Musk a immé­di­ate­ment don­né lieu à un accueil polar­isé, en rai­son de plusieurs spé­ci­ficités de Grokipedia. En pre­mier lieu, le fait que l’encyclopédie soit entière­ment générée par une intel­li­gence arti­fi­cielle soulève des réserves, en par­ti­c­uli­er con­cer­nant les poten­tiels biais, la fia­bil­ité des arti­cles et la trans­parence. Le média spé­cial­isé Numera­ma ques­tionne une ency­clopédie « bâtie sur Grok, […] réputée pour son absence de garde-fous et dont on ne con­naît ni les sources ni les méth­odes de véri­fi­ca­tion. Grokipedia est présen­tée comme une alter­na­tive au « wok­isme » – mais la pro­pre IA de Musk affiche déjà une ori­en­ta­tion poli­tique très con­ser­va­trice et une ten­dance à pro­duire des répons­es polémiques, par­fois extrêmes ». La Croix dénonce une IA « régulière­ment pointée du doigt pour ses dérives racistes et anti­sémites ».

Libération critique

Au-delà des cri­tiques envers l’IA Grok, la généra­tion arti­fi­cielle du con­tenu de Grokipedia a généré des inter­ro­ga­tions quant à sa péren­nité, comme le mon­tre Libéra­tion :

« Pour la porte-parole de Wiki­me­dia, le “savoir créé par l’humain” de Wikipedia est “ce sur quoi les entre­pris­es d’IA s’appuient pour génér­er du con­tenu. Même Grokipedia a besoin de Wikipé­dia pour exister. »

La Croix est contre

Rapi­de­ment après sa mise en ligne, plusieurs arti­cles ont été remar­qués, notam­ment autour de sujets sen­si­bles. L’objectif d’Elon Musk avec Grokipedia est clair, selon lui : « Le but de Grok et de Grokipedia est la vérité, toute la vérité, rien que la vérité », d’après une pub­li­ca­tion per­son­nelle sur X reprise par La Croix. La vérité, même si cela implique de partager « sa » vérité avant tout selon ces dif­férents jour­naux. « Loin de ten­dre vers une forme de neu­tral­ité, cer­tains arti­cles pub­liés sur son nou­veau site traduisent des posi­tion­nements idéologiques forts », estime le jour­nal, présen­tant que « cer­tains arti­cles du site d’Elon Musk se dis­tan­cient aus­si de la sci­ence », notam­ment au sujet du change­ment cli­ma­tique. Le média, claire­ment opposé à ce nou­veau site web, résume ain­si : « Bien que plusieurs sources soient citées sur chaque page, la nar­ra­tion se veut bien plus sub­jec­tive, et alignée avec les opin­ions de son fon­da­teur ». L’Humanité se penche de son côté sur l’article Grokipedia por­tant directe­ment sur Elon Musk :

« Dans les pre­miers para­graphes de la page con­sacrée au patron de Tes­la et SpaceX, la plate­forme indique qu’il a “influ­encé le débat” pub­lic sur plusieurs sujets, ce qui lui a valu “des cri­tiques des médias tra­di­tion­nels qui font preuve de pen­chants à gauche dans leur couverture. »

Wiki, un bastion woke

La genèse du pro­jet vient des cri­tiques répétées envers la célèbre ency­clopédie en ligne, « accusée de biais idéologique par une par­tie des répub­li­cains aux États-Unis », d’après The Media Leader. « Cette cathé­drale de la con­nais­sance ne serait plus un sanc­tu­aire du savoir, mais le bas­tion d’une pen­sée “woke” à abat­tre », défend France 24. Si Le Figaro approu­ve ces désac­cords, le jour­nal con­sid­ère que « Grokipedia est une mau­vaise réponse à un vrai prob­lème : la dérive idéologique de Wikipé­dia », voy­ant en Grokipedia un « pro­jet ban­cal qui ne per­me­t­tra pas de lut­ter con­tre les dérives de Wikipé­dia, phago­cytée par une poignée de mil­i­tants ». D’après l’auteur et expert du sujet Vic­tor Lefeb­vre, qui partage son point de vue dans Le Figaro, l’encyclopédie est encore peu sat­is­faisante : « Grokipedia n’est – pour l’heure – rien d’autre qu’un Wikipé­dia débar­rassé des sources de presse anglo-sax­onnes encom­brantes pour Musk et dopé à un obscur algo­rithme tech­no­cap­i­tal­iste. » Suiv­ie de près par l’équipe de Wikipé­dia, la nou­velle propo­si­tion du mil­liar­daire ne con­va­inc pas. « Elle ne risque […] pas de “devenir une alter­na­tive fiable et viable” », éval­ue le directeur de Wikimé­dia en France pour Le Parisien.

Voir aus­si : La face cachée de Wikipédia

Grokipedia, nouvelle version à venir

Au-delà des dif­férentes décep­tions, l’équipe promet des amélio­ra­tions à court terme. D’après CNews, le créa­teur a annon­cé “l’ar­rivée prochaine d’une ver­sion 1.0, “dix fois meilleure” que la 0.1, et qui est déjà “meilleure que Wikipédia”.

Alors que la plu­part des médias de grand chemin ont accueil­li de manière vir­u­lente le nou­veau pro­jet, « la nais­sance de Grokipedia a été saluée par plusieurs per­son­nal­ités de droite, notam­ment l’idéologue ultra­na­tion­al­iste russe Alexan­dre Douguine, qual­i­fi­ant l’article le con­cer­nant de “neu­tre”, “objec­tif” et “juste” », con­clut Le Monde. Une manière de dia­bolis­er le nou­veau concurrent.

Voir aus­si : Wikipé­dia chute de son piédestal

Julien Cre­spel

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