En dénonçant une série animée de Netflix qui met en scène un adolescent transgenre, Elon Musk a appelé ses 227 millions d’abonnés à résilier leur abonnement « pour la santé de vos enfants ». Le titre Netflix a reculé sur deux séances, signe que le sujet dépasse l’anecdote marketing.
Le lundi 29 septembre, sur son réseau social X, l’homme d’affaires Elon Musk a relayé des extraits de la série Dead End : Paranormal Park et attaqué le positionnement « enfants 7+ » de la série. Il a dit avoir annulé son propre abonnement et a encouragé le boycott. La célèbre plateforme Netflix, pionnière sur le marché, n’a pas commenté. Le marché a, lui, réagi : –2,3 % le surlendemain puis un nouveau repli le jour d’après. Après quelques années de règne « woke » dans la culture américaine, la peur semble changer de camp à la faveur de l’arrivée au pouvoir, il y a moins d’un an, de Donald Trump.
Un signal pour la ligne éditoriale
La baisse de l’action ne prouve pas mécaniquement un exode d’abonnés, mais elle indique un risque de réputation et de revenus quand la marque brouille son offre « tout public ». Les cas Bud Light et Target ont montré qu’un « backlash » (un contrecoup) peut durer dès lors qu’il touche aux contenus destinés aux mineurs. L’hebdomadaire financier Barron’s relève ici une glissade de 2,3 % puis 2,9 % en deux jours.
Le point précis soulevé par Musk n’est pas l’existence d’un personnage trans en soi, mais l’exposition de ce contenu à un public familial. Quant au message du sulfureux homme d’affaires, il n’a pas manqué de clarté : « Annulez Netflix pour la santé de vos enfants. » Là où la plateforme entretient un flou entre inclusion revendiquée et classification jeunesse, l’argument parental semble avoir touché juste.
Netflix muet : la revanche des conservateurs
Le créateur de la série, Hamish Steele, a dénoncé des « mensonges » et des messages haineux. Il rappelle que la série a été annulée en 2023, même si des extraits circulent encore. Netflix demeure silencieux, ce qui laisse prospérer la perception d’un double discours : annulation discrète, mais héritage éditorial intact dans le catalogue jeunesse. Comme d’autres aux États-Unis, la firme de divertissement pourrait être tentée de faire le dos rond le temps du mandat de Donald Trump, espérant des lendemains plus arc-en-ciel…
Plusieurs médias soulignent que la polémique a enflé après des posts de comptes conservateurs amplifiés par Musk. Le phénomène est d’ailleurs remarquable. Là où la gauche culturelle a longtemps dominé, le conservatisme défendu par l’environnement conservateur américain ne s’en tient plus à la défense de valeurs mais également à des attaques ciblées.
Le pari du « tout pour tous » à l’épreuve
Netflix joue depuis des années la carte du « quelque chose pour chacun ». Mais quand « chacun » inclut un segment 7+, la responsabilité éditoriale implique d’être soucieux du risque pour les plus jeunes téléspectateurs. Les investisseurs, eux, semblent suivre les signaux du marché en faveur du puissant. Qu’il s’agisse d’un magnat démocrate ou d’un républicain, l’argent n’a pas d’odeur et la bataille des idées est ici aussi une affaire de gros sous !
Reste désormais à voir comment réagira Netflix, si la plateforme va faire marche arrière sur des thèmes qui n’étaient plus porteurs depuis quelques années, avant même le début du second mandat de Trump. Le silence de Netflix évite probablement d’amplifier la tendance mais l’empêche d’apporter des éléments contradictoires. Une solution pour la plateforme pourrait être de clarifier sa politique jeunesse et de s’adresser aux parents. Quoiqu’il en soit, ici, Musk impose l’agenda et les marchés réagissent en temps réel.
Voir notre brochure réservée à nos donateurs dès 50€ sur Netflix.
Rodolphe Chalamel



















