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Élections polonaises du 15 octobre, les ingérences de Soros

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25 septembre 2023

Temps de lecture : 6 minutes
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Élections polonaises du 15 octobre, les ingérences de Soros

Temps de lecture : 6 minutes

Quand Soros affirmait qu’il se désintéressait de l’Europe, c’était en réalité pour mieux s’intéresser à l’Europe centrale et orientale, et notamment à la Pologne, à la Hongrie et à l’Ukraine. Ce n’est pas uniquement Alex Soros, fils de George Soros et président l’Open Society Foundations (OSF), qui l’a dit ouvertement dans un article publié le 31 août sur Politico, mais c’est ce que les Polonais constatent à l’approche de leurs élections législatives le 15 octobre prochain.

Soros en couverture

L’hebdomadaire con­ser­va­teur polon­ais Sieci en a même fait son sujet de cou­ver­ture dans son numéro du 4–10 sep­tem­bre 2023, avec notam­ment George Soros en cou­ver­ture et en gros titre « L’argent étranger dans la cam­pagne polon­aise », puis en sous-titre : « Une organ­i­sa­tion gauchiste améri­caine pompe d’énorme sommes d’argent qui doivent aider l’opposition à pren­dre le pou­voir ».

L’Open Society reste bien active en Pologne

L’Observatoire du Jour­nal­isme le remar­quait déjà dans cet arti­cle pub­lié le 1er sep­tem­bre : « Soros va-t-il sor­tir d’Europe ? Une réponse nuancée » : la société néer­landaise Plu­ralis B.V., qui compte des fonds sorosiens (dont le Media Devel­op­ment Invest­ment Fund) par­mi ses prin­ci­paux action­naires, venait de pren­dre le con­trôle du groupe de presse polon­ais Gre­mi Media, pro­prié­taire notam­ment du pres­tigieux quo­ti­di­en Rzecz­pospoli­ta et du jour­nal financier Parki­et. Rzecz­pospoli­ta est classé par­mi les médias polon­ais les plus influ­ents en ter­mes de cita­tions dans d’autres médias. C’était même le plus influ­ent, tous médias con­fon­dus, dans le classe­ment de juin dernier.

Plu­ralis B.V. était entrée au cap­i­tal de Gre­mi Media en décem­bre 2021. Voir à ce sujet, sur l’Observatoire du Jour­nal­isme : « Soros étend encore son influ­ence dans les médias polon­ais » (pub­lié le 20 févri­er 2022).

À la fin du mois d’août 2023, Plu­ralis a racheté des parts au fonds KCI du Polon­ais Grze­gorz Haj­darow­icz (qui avait jusqu’ici le con­trôle de Gre­mi Media) et a ain­si momen­tané­ment pris le con­trôle du groupe de presse polon­ais, sus­ci­tant de nom­breuses réac­tions néga­tives dans le camp con­ser­va­teur polon­ais. Plu­ralis avait acquis le droit de racheter ces parts dans le cadre de la trans­ac­tion de 2021 qui com­por­tait une option d’achat supplémentaire.

En réac­tion à cette trans­ac­tion, la chaîne d’information de la télévi­sion publique, TVP Info, affichait un ban­deau avec la ques­tion « Les Alle­mands et Soros veu­lent influer sur le résul­tat des élec­tions en Pologne ? » Au print­emps, une opéra­tion de crowd­fund­ing en Alle­magne avait en effet déjà fait hurler les con­ser­va­teurs polon­ais, comme sig­nalé dans notre arti­cle « Crowd­fund­ing en Alle­magne pour aider Soros à financer les médias libéraux en Pologne » (pub­lié le 14 juin 2023).

Un hongrois hostile à Orban comme intermédiaire

On appre­nait cepen­dant une semaine après la prise de con­trôle de Gre­mi Media par Plu­ralis B.V. que cette société de la nébuleuse Soros avait juste­ment reven­du ses nou­velles parts à un mil­liar­daire hon­grois, Zoltán Var­ga. Plu­ralis ne peut donc plus pren­dre seule les déci­sions pour Gre­mi Media. Ain­si, il sem­blerait que cette société sorosi­enne ait unique­ment servi d’intermédiaire en exerçant son option d’achat sur les parts de KCI afin de per­me­t­tre à ce Hon­grois d’entrer au cap­i­tal du pro­prié­taire du pres­tigieux quo­ti­di­en Rzecz­pospoli­ta.

L’homme d’affaires hon­grois Zoltán Var­ga a une forte présence dans les médias de son pays depuis qu’il a racheté en 2015 la branche hon­groise d’un groupe médi­a­tique fin­landais, Sanoma Media (une branche hon­groise rebap­tisée depuis Cen­tral Médi­ac­so­port Zrt). Aujourd’hui, son média le plus con­nu, c’est le site Inter­net 24.hu. Un site qui, comme les autres médias de Var­ga, présente une ligne édi­to­ri­ale très mar­quée à gauche et très cri­tique des gou­verne­ments con­ser­va­teurs de Vik­tor Orbán.

Cet homme d’affaires, dont la richesse compte par­mi les 50 plus grandes for­tunes de  Hon­grie, s’est d’ailleurs plaint à Politi­co en décem­bre dernier que ses prob­lèmes avec le fisc hon­grois seraient liés à la volon­té de Vik­tor Orbán de faire taire ses médias.

Le baron rouge à la manœuvre

Après son rachat de parts du groupe polon­ais Gre­mi Media auprès de Plu­ralis B.V., le grand quo­ti­di­en con­ser­va­teur hon­grois Mag­yar Nemzet titrait « Györ­gy Soros et Zoltán Var­ga sont désor­mais parte­naires en affaires, le “baron rouge” s’in­téresse à plusieurs médias de gauche ». Cet arti­cle repre­nait les infor­ma­tions d’un arti­cle du site con­ser­va­teur Origo.hu inti­t­ulé : « Zoltán Var­ga, baron rouge et pro­prié­taire de médias de gauche, est devenu un parte­naire com­mer­cial de George Soros. »

Com­men­taire de Csa­ba Faragó, chef du départe­ment inter­na­tion­al du groupe de réflex­ion et insti­tut de sondage con­ser­va­teur hon­grois Százád­vég, con­tac­té à ce sujet par l’Observatoire du Jour­nal­isme :

« [Ils dis­ent] qu’ils n’in­ter­vien­dront pas dans la créa­tion et la réal­i­sa­tion du con­tenu de Rzecz­pospoli­ta. Ils utilisent tou­jours la même rhé­torique. M. Var­ga avait égale­ment déclaré, lorsqu’il était devenu prési­dent du con­seil d’ad­min­is­tra­tion de 24.hu, qu’il ne voudrait jamais de sa vie inter­venir dans le tra­vail de l’équipe édi­to­ri­ale. Pour­tant, on a vite con­staté qu’ils deve­naient de plus en plus sévères à l’é­gard des con­ser­va­teurs et plus gau­cho-libéraux au fil du temps, après leur acqui­si­tion par Zoltán Var­ga. »

Pour les médias hon­grois, ces trans­ac­tions con­cer­nant le pro­prié­taire du quo­ti­di­en polon­ais Rzecz­pospoli­ta sont une action con­certée et ce n’est pas la seule opéra­tion de la nébuleuse sorosi­enne à l’approche des élec­tions polon­ais­es. Le but est évidem­ment de faire gag­n­er les libéraux et la gauche aux élec­tions du 15 octo­bre en Pologne, alors que les sondages ne don­nent pas cette fois une majorité absolue à la coali­tion de droite con­duite par le par­ti Droit et Jus­tice (PiS).

Les américains en renfort

« Le réseau Soros se pré­pare à la bataille de Varso­vie », titrait le 14 juil­let le quo­ti­di­en Mag­yar Nemzet, en référence à l’activisme de l’organisation améri­caine Action for Democ­ra­cy, liée non seule­ment aux réseaux Soros (ne serait-ce qu’au tra­vers des mem­bres de son con­seil d’administration) mais aus­si, selon ses détracteurs, à l’organisation Nation­al Endow­ment for Democ­ra­cy dont on dit qu’elle sert habituelle­ment de cou­ver­ture à des opéra­tions de la CIA. Un autre arti­cle du Mag­yar Nemzet pub­lié la veille por­tait le titre évo­ca­teur : « Ils ont échoué en Hon­grie, ils s’at­taque­nt main­tenant à la Pologne. »

Action for Democ­ra­cy est au cen­tre d’une enquête en Hon­grie, et aus­si d’un rap­port par­lemen­taire pub­lié en décem­bre 2022, depuis qu’il est apparu que cette organ­i­sa­tion avait con­tribué avec un finance­ment très con­séquent et sans doute illé­gal à la cam­pagne du can­di­dat unique de l’opposition au poste de pre­mier min­istre, Péter Már­ki-Zay, à l’approche des élec­tions hon­grois­es d’avril 2022.

Sur son site Inter­net, Action for Democ­ra­cy énumère ses « champs de bataille » (sic.) : Brésil, Ital­ie, Hon­grie et Pologne. Après son échec en Hon­grie l’année dernière, affir­ment les médias con­ser­va­teurs polon­ais et hon­grois, cette organ­i­sa­tion améri­caine con­cen­tre désor­mais toute son atten­tion sur les élec­tions polonaises.

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George Soros et la société ouverte

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