Vendredi 6 juin 2025, la TNT accueillait la nouvelle chaîne T18 sur le canal 18, remplaçant C8 et NRJ12, évincées par l’ARCOM. Ce lancement, censé marquer l’arrivée d’une chaîne généraliste « audacieuse », s’est transformé en naufrage télévisuel. Entre programmes recyclés, production bâclée et critiques assassines, T18 a raté son entrée, plombée par les ambitions mal calibrées de son propriétaire, Daniel Křetínský.
Du « low cost » au « rodage »
« T18, c’est maintenant ! ». Le coup d’envoi de la chaîne donné à 19H45 ce vendredi 6 juin par un Laurent Ruquier en roue libre, a donné le ton : un plateau bon marché, une réalisation digne des débuts de la TNT et une identité visuelle ringarde moquée par de nombreux internautes et téléspectateurs.
Sur X, nombreux sont ceux qui ont ainsi fustigé un « flop monumental », comparant l’émission à un « LCP low cost » ou un « mauvais Arte ». Côté médias, la critique n’est pas tendre non plus : Libération — dont le patron est pourtant le même que celui de T18 — a notamment évoqué une « programmation ultra-conventionnelle et low-cost », quand d’autres médias, comme Télérama, ont conclu à une chaîne « encore en rodage » et « qui cherche son rythme ».
Des programmes « réchauffés »
L’ambition d’une grille mêlant 3 000 heures de documentaires, 1 000 heures de magazines et des émissions culturelles comme « Chez Ruquier » ou « Pour tout dire » de Matthieu Croissandeau s’est, disons-le, heurtée à une réalité cruelle : les programmes, présentés comme inédits, sentaient le réchauffé (certains, comme T Déco, datant par exemple de 2011). Ce qui n’a d’ailleurs pas manqué de provoquer la colère des spectateurs (qui attendaient une vraie nouveauté pour justifier l’éviction de C8).
Cyril Hanouna n’a pas hésité à enfoncer le clou trois jours plus tard, le 9 juin, en affirmant dans On marche sur la tête sur Europe 1 : « Je n’ai jamais vu une cata pareille, on dirait une chaîne qui est déjà morte. C’est tout ce qu’il ne faut pas faire ».
L’animateur, largement relayé sur X, a notamment raillé des décors étriqués, une production amateur et un manque criant de vision, pointant par là même du doigt une équipe dirigeante noyée sous les ordres.
Une mainmise étouffante de Křetínský
Avec un budget de 30 millions d’euros financé par la publicité, T18 visait les 25–49 ans et les CSP+. Mais son lancement bancal, sans punch ni moyens à la hauteur de ses ambitions, a pour le moment aliéné son public cible.
L’absence de mesures d’audience pendant trois mois laisse planer un suspense amer : T18 parviendra-t-elle à se lancer vraiment ? Pour l’instant, elle incarne un gâchis, incapable de « s’amuser à réfléchir » comme promis.
Derrière ce fiasco : Daniel Křetínský, milliardaire tchèque et patron de CMI France. Propriétaire d’un empire médiatique (Elle, Marianne, Télé 7 Jours, Franc-Tireur), cet homme d’affaires, magnat de l’énergie et figure progressiste proche des cercles macronistes, aurait imposé une mainmise étouffante sur T18.
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Selon des sources internes, son interventionnisme a paralysé la production, dictant choix éditoriaux et animateurs au détriment de la créativité. Christopher Baldelli, président de la chaîne, et Denis Olivennes, patron de CMI France, semblent réduits à exécuter les directives d’un Křetínský obnubilé par une chaîne pluraliste mais sans identité.
Cette emprise a transformé T18 en un projet brouillon, coincé entre élitisme maladroit et populisme raté, loin de l’élan nécessaire pour secouer la TNT. Si Křetínský ne relâche pas les rênes et n’investit pas dans une vision réellement novatrice, T18 risque de s’enliser durablement dans ce départ calamiteux.
Voir aussi : Daniel Křetínsky, infographie