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Comment le lancement de la nouvelle chaîne T18 s’est transformé en un fiasco retentissant

15 juin 2025

Temps de lecture : 4 minutes
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Comment le lancement de la nouvelle chaîne T18 s’est transformé en un fiasco retentissant

Temps de lecture : 4 minutes

Ven­dre­di 6 juin 2025, la TNT accueil­lait la nou­velle chaîne T18 sur le canal 18, rem­plaçant C8 et NRJ12, évincées par l’ARCOM. Ce lance­ment, cen­sé mar­quer l’arrivée d’une chaîne général­iste « auda­cieuse », s’est trans­for­mé en naufrage télévi­suel. Entre pro­grammes recy­clés, pro­duc­tion bâclée et cri­tiques assas­sines, T18 a raté son entrée, plom­bée par les ambi­tions mal cal­i­brées de son pro­prié­taire, Daniel Křetínský.

Du « low cost » au « rodage »

« T18, c’est main­tenant ! ». Le coup d’envoi de la chaîne don­né à 19H45 ce ven­dre­di 6 juin par un Lau­rent Ruquier en roue libre, a don­né le ton : un plateau bon marché, une réal­i­sa­tion digne des débuts de la TNT et une iden­tité visuelle ringarde moquée par de nom­breux inter­nautes et téléspectateurs.

Sur X, nom­breux sont ceux qui ont ain­si fustigé un « flop mon­u­men­tal », com­para­nt l’émission à un « LCP low cost » ou un « mau­vais Arte ». Côté médias, la cri­tique n’est pas ten­dre non plus : Libéra­tion — dont le patron est pour­tant le même que celui de T18 — a notam­ment évo­qué une « pro­gram­ma­tion ultra-con­ven­tion­nelle et low-cost », quand d’autres médias, comme Téléra­ma, ont con­clu à une chaîne « encore en rodage » et « qui cherche son rythme ».

Des programmes « réchauffés »

L’ambition d’une grille mêlant 3 000 heures de doc­u­men­taires, 1 000 heures de mag­a­zines et des émis­sions cul­turelles comme « Chez Ruquier » ou « Pour tout dire » de Matthieu Crois­sandeau s’est, dis­ons-le, heurtée à une réal­ité cru­elle : les pro­grammes, présen­tés comme inédits, sen­taient le réchauf­fé (cer­tains, comme T Déco, datant par exem­ple de 2011). Ce qui n’a d’ailleurs pas man­qué de provo­quer la colère des spec­ta­teurs (qui attendaient une vraie nou­veauté pour jus­ti­fi­er l’éviction de C8).

Cyril Hanouna n’a pas hésité à enfon­cer le clou trois jours plus tard, le 9 juin, en affir­mant dans On marche sur la tête sur Europe 1 : « Je n’ai jamais vu une cata pareille, on dirait une chaîne qui est déjà morte. C’est tout ce qu’il ne faut pas faire ».

L’animateur, large­ment relayé sur X, a notam­ment rail­lé des décors étriqués, une pro­duc­tion ama­teur et un manque cri­ant de vision, pointant par là même du doigt une équipe dirigeante noyée sous les ordres.

Une mainmise étouffante de Křetínský

Avec un bud­get de 30 mil­lions d’euros financé par la pub­lic­ité, T18 visait les 25–49 ans et les CSP+. Mais son lance­ment ban­cal, sans punch ni moyens à la hau­teur de ses ambi­tions, a pour le moment aliéné son pub­lic cible.

L’absence de mesures d’audience pen­dant trois mois laisse plan­er un sus­pense amer : T18 parvien­dra-t-elle à se lancer vrai­ment ? Pour l’instant, elle incar­ne un gâchis, inca­pable de « s’amuser à réfléchir » comme promis.

Der­rière ce fias­co : Daniel Křetín­ský, mil­liar­daire tchèque et patron de CMI France. Pro­prié­taire d’un empire médi­a­tique (Elle, Mar­i­anne, Télé 7 Jours, Franc-Tireur), cet homme d’affaires, mag­nat de l’énergie et fig­ure pro­gres­siste proche des cer­cles macro­nistes, aurait imposé une main­mise étouf­fante sur T18.

Voir aus­si : Daniel Křetín­ský Le tycoon tchèque des médias français

Selon des sources internes, son inter­ven­tion­nisme a paralysé la pro­duc­tion, dic­tant choix édi­to­ri­aux et ani­ma­teurs au détri­ment de la créa­tiv­ité. Christo­pher Baldel­li, prési­dent de la chaîne, et Denis Olivennes, patron de CMI France, sem­blent réduits à exé­cuter les direc­tives d’un Křetín­ský obnu­bilé par une chaîne plu­ral­iste mais sans identité.

Cette emprise a trans­for­mé T18 en un pro­jet brouil­lon, coincé entre élitisme mal­adroit et pop­ulisme raté, loin de l’élan néces­saire pour sec­ouer la TNT. Si Křetín­ský ne relâche pas les rênes et n’investit pas dans une vision réelle­ment nova­trice, T18 risque de s’enliser durable­ment dans ce départ calamiteux.

Voir aus­si : Daniel Křetín­sky, infographie

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