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Budget 2026 : la « niche fiscale » des journalistes rabotée ?

31 octobre 2025

Temps de lecture : 4 minutes
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Budget 2026 : la « niche fiscale » des journalistes rabotée ?

Temps de lecture : 4 minutes

Budget 2026 : la « niche fiscale » des journalistes rabotée ?

L’allocation pour frais d’emploi des jour­nal­istes (7 650 €) est de nou­veau ciblée. Un amende­ment en com­mis­sion des finances du pro­jet de loi de finances 2026 a pro­posé d’en réserv­er le béné­fice aux revenus inférieurs à 3,5 SMIC (≈ 75 676 € brut/an). Retour sur un avan­tage sou­vent évo­qué, son mécan­isme, ses pla­fonds actuels, son coût budgé­taire ain­si que sur les cri­tiques qu’il suscite.

La mesure con­cerne les salariés rel­e­vant du champ « jour­nal­iste et assim­ilés » : aujourd’hui, 7 650 € sont exonérés au titre de frais d’emploi, en plus de l’abattement de 10 % com­mun, sous con­di­tions de revenus (pla­fond fixé en 2019). Le gou­verne­ment éval­ue le coût annuel autour de 50 mil­lions d’euros.

Ce que prévoit le droit en vigueur pour les journalistes

Le dis­posi­tif fig­ure à l’article 81 du Code général des impôts : 7 650 € sont réputés cou­vrir des frais pro­fes­sion­nels dif­fi­ciles à jus­ti­fi­er sans porter atteinte au secret des sources. Il s’applique aux rémunéra­tions issues de l’activité jour­nal­is­tique effec­tive, n’est pas cumu­la­ble avec les « frais réels » (sauf frais non cou­verts) et reste réservé aux revenus bruts annuels ≤ 93 510 € depuis la loi de finances de 2019. Con­crète­ment, le mon­tant net impos­able est dimin­ué de 7 650 € avant appli­ca­tion du barème. Exem­ple sim­ple : un salaire brut annuel de 45 000 € ouvre droit à la déduc­tion inté­grale si l’activité est régulière et dans le périmètre défi­ni par l’administration.

Ce que changerait l’amendement « 3,5 SMIC »

Un amende­ment porté en com­mis­sion des finances par La France insoumise a abais­sé, à la fin du mois d’octobre 2025, le pla­fond d’éligibilité à 3,5 SMIC, soit 75 676 € brut/an. L’objectif affiché : con­cen­tr­er l’exonération sur les rémunéra­tions « mod­estes ou mod­érées » et réduire le coût d’un dis­posi­tif jugé « trop peu ciblé ». Il con­vient de rap­pel­er que si ces chiffres peu­vent paraître élevés, près de la moitié de la pro­fes­sion exerce en région parisi­enne et est donc con­fron­tée à un coût de la vie élevé.

Si ce seuil entrait en vigueur, un jour­nal­iste au-delà perdrait l’exonération de 7 650 €, ce qui aug­menterait mécanique­ment son revenu impos­able. Alors que la mou­ture du texte de la com­mis­sion a été rejetée en com­mis­sion, le sort défini­tif d’un tel amende­ment, dis­cuté en séance, dépen­dra des votes des par­lemen­taires et d’une éventuelle posi­tion du gou­verne­ment en plénière.

Questions, pétition et cadrage budgétaire

Le séna­teur Joshua Hochart (RN) avait déjà inter­rogé offi­cielle­ment Bercy le 30 jan­vi­er 2025 sur l’utilité actuelle du dis­posi­tif, l’équité entre les pro­fes­sions et les économies poten­tielles en cas de sup­pres­sion du dispositif.

La réponse du min­istère évo­quait alors la spé­ci­ficité des frais et le secret des sources. Le coût total de la niche est alors estimé « de l’ordre de 50 M€ ».

Sou­vent décriés pour leur manque d’objectivité ou pour ne pas refléter la diver­sité d’opinion en France, notam­ment les idées de droite, les jour­nal­istes voient régulière­ment leur avan­tage fis­cal être mis sur le devant de la scène. Une péti­tion offi­cielle sur le site de l’Assemblée réclame même la fin pure et sim­ple de la niche, mais faute d’une com­mu­ni­ca­tion impor­tante, celle-ci n’a pas décol­lé. Il faut dire que peu de médias sont ten­tés de relay­er ce type d’initiatives !

Rodolphe Cha­la­mel

Com­pren­dre com­ment fonc­tionne la niche fis­cale en pratique :

  • Éli­gi­bil­ité : exer­ci­ce réguli­er d’une activ­ité jour­nal­is­tique (salariée) dans le périmètre fis­cal défini.
  • Cal­cul : déduire 7 650 € une seule fois de l’ensemble des rémunéra­tions jour­nal­is­tiques de l’année ; ne pas cumuler avec « frais réels » complets.
  • Pla­fond actuel : 93 510 € brut/an ; pro­jet : 3,5 SMIC.
  • Arbi­trage : si vos frais réels doc­u­men­tés dépassent net­te­ment 7 650 € (et l’abattement de 10 %), l’option « frais réels » peut devenir plus avan­tageuse, mais sans l’allocation.

Le rabot envis­agé ne sup­prime pas l’allocation mais resserre l’accès. La balle est désor­mais dans le camp de l’Assemblée en séance, puis du Sénat. Dans une péri­ode de chas­se à l’économie, la pro­fes­sion pour­rait voir un de ses avan­tages être rogné, d’autant que l’opinion ne ménage pas les jour­nal­istes et la presse. Reste à voir com­ment réa­giront les élus dont le vote pour­rait être scruté de près… par les journalistes !

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