Ojim.fr

Je fais un don

En soutenant aujourd’hui l’OJIM, vous nous aidez à vous informer sur ceux qui vous informent et vous maintenez un espace de liberté sur la toile. Vous avez besoin de l'OJIM ? Nous avons besoin de votre soutien ! Ensemble "on les aura !"

Je fais un don

En soutenant aujourd’hui l’OJIM, vous nous aidez à vous informer sur ceux qui vous informent et vous maintenez un espace de liberté sur la toile. Vous avez besoin de l'OJIM ? Nous avons besoin de votre soutien ! Ensemble "on les aura !"

AFP : tourmente économique et perte d’influence dans le nouvel ordre médiatique mondial

10 octobre 2025

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | AFP : tourmente économique et perte d’influence dans le nouvel ordre médiatique mondial

AFP : tourmente économique et perte d’influence dans le nouvel ordre médiatique mondial

Temps de lecture : 3 minutes

AFP : tourmente économique et perte d’influence dans le nouvel ordre médiatique mondial

Revenus en recul, plans d’économies, con­trats annulés et pres­sions poli­tiques : l’AFP affronte une zone de fortes tur­bu­lences. Dans un marché redess­iné par l’IA et les plate­formes, la ques­tion de son posi­tion­nement édi­to­r­i­al ressur­git. Le malaise dépasse le cas français et touche l’ensemble des grandes agences.

En quelques mois, l’Agence France-Presse a cumulé mau­vais­es nou­velles et sig­naux faibles qui devi­en­nent inquié­tants : prévi­sion de recul des revenus com­mer­ci­aux, pro­gramme d’économies de 12 à 14 mil­lions d’euros d’ici fin 2026, clients per­dus sur fond de ten­sions géopoli­tiques, fin de con­trats améri­cains (fact-check­ing Meta, Voice of Amer­i­ca). Le tout sur fond de risques de ter­rain accrus et de cri­tiques internes sur la ges­tion sociale.

Un modèle fragilisé par la tech… et les États

Le cœur de mod­èle des agences plané­taires repo­sait sur des abon­nements médias, des con­trats publics et, plus récem­ment, des revenus B2B (fact-check­ing, data, ser­vices vidéo). Trois chocs l’ébranlent. D’abord, la crise des médias tra­di­tion­nels avec moins de marges et plus de rené­go­ci­a­tions. Ensuite, la dépen­dance aux plate­formes et réseaux soci­aux qu’elle ne maîtrise pas. Enfin, la pres­sion des États : annu­la­tions « bru­tales », restric­tions d’accès, cam­pagnes hos­tiles dans un con­texte géopoli­tique ten­du. Par ailleurs, en Amérique latine, en Europe cen­trale, au Sahel ou à Gaza, l’AFP a vu à la fois ses coûts opéra­tionnels mon­ter et ses débouchés se dérober du fait de l’instabilité des ter­ri­toires couverts.

Voir aus­si : L’AFP en crise : un plan d’économies mas­sif pour survivre

L’AFP, une agence pas neutre et alignée dans un monde qui change

L’AFP défend son statut hybride : organ­isme autonome, mis­sions d’intérêt général, com­pen­sa­tion publique mais sans action­naires. Cette sin­gu­lar­ité exige une indépen­dance édi­to­ri­ale lis­i­ble. Or la polar­i­sa­tion mon­di­ale trans­forme chaque choix lex­i­cal en mar­queur poli­tique. La con­tro­verse récur­rente sur les qual­i­fi­ca­tions (« ter­ror­iste », « islamiste », etc.) nour­rit une per­cep­tion de biais chez des clients ou décideurs de la même manière que le traite­ment de la guerre en Ukraine a pu être envis­agé, naturelle­ment avec un point de vu très occi­den­tal, au risque de se met­tre à dos la Russie et des Etats en quête d’une lec­ture moins absolu du con­flit. Le posi­tion­nement poli­tique de l’AFP, cor­roboré par les cen­taines de mil­liers de dol­lars de l’agence améri­caine USAID, a égale­ment mis en lumière les influ­ences qui peu­vent touch­er l’agence française.

Voir aus­si : Vote syn­di­cal à l’AFP, gauche et extrême gauche dominent

AP, Reuters, EFE, DPA : personne n’est à l’abri

Le prob­lème dépasse Paris. AP (Etats-Unis) voit ses revenus pub­lic­i­taires B2B et ses accords plate­formes sous pres­sion, tout en finançant un réseau mon­di­al coû­teux. Reuters (Roy­aume-Uni), dis­pose d’un coussin data/fintech mais subit la même crise. EFE (Espagne) et DPA (Alle­magne) arbi­trent, elles aus­si, entre présence inter­na­tionale, con­traintes budgé­taires et crispa­tions poli­tiques nationales. Partout, l’IA boule­verse les habi­tudes des grandes agences de presse : généra­tion de dépêch­es basiques, audio-pho­to automa­tisés, tra­duc­tion neu­ronale. Si les agences n’investissent pas assez, elles décrochent ; si elles investis­sent sans nou­veaux revenus, elles creusent le déficit.

La survie des grandes agences n’est pas impos­si­ble mais cela impli­quera des choix par­fois auda­cieux et tou­jours dif­fi­cile notam­ment en matière d’investissement dans des out­ils IA pour accroître la pro­duc­tiv­ité sans brad­er la sig­na­ture, en sécurisant des con­trats pluri­an­nuels avec des claus­es anti-revire­ment et affich­er une charte de trans­parence édi­to­ri­ale sim­ple, com­préhen­si­ble par des clients non européens.

Rodolphe Cha­la­mel

Cet article vous a plu ? Vous souhaitez en lire d’autres ? Soutenez l’OJIM, faites un don en ligne !

Voir aussi

Vidéos à la une

Derniers portraits ajoutés