Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Accueil | Veille médias | Affaire Obono contre Valeurs actuelles : dernière audience avant jugement

L’article que vous allez lire est gratuit. Le mois de décembre est le plus important pour nous, celui où nos lecteurs peuvent nous aider par un don avec un reçu fiscal pour 2023 de 66% de leur don. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

2 juillet 2021

Temps de lecture : 5 minutes
Accueil | Veille médias | Affaire Obono contre Valeurs actuelles : dernière audience avant jugement

Affaire Obono contre Valeurs actuelles : dernière audience avant jugement

Temps de lecture : 5 minutes

La pseudo affaire Obono-Valeurs actuelles, née d’une politique fiction publiée par l’hebdomadaire à la fin de l’été 2020, poursuit son chemin. L’heure est maintenant aux tribunaux.

Alors que sort en librairie la sec­onde édi­tion de la brochure de Bertrand Del­cas­sis con­sacrée aux décolo­ni­aux, à la repen­tance, aux indigénistes et à l’affaire Obono-Valeurs actuelles, une brochure éditée sous l’égide de l’Ojim et de La Nou­velle Librairie, les pro­tag­o­nistes de l’affaire étaient appelés devant les tri­bunaux. Pour les médias qui ont évo­qué ce temps des tri­bunaux, la ques­tion de la pré­somp­tion d’innocence ne se pose pas. À leurs yeux, Valeurs actuelles est coupable par nature. Une cul­pa­bil­ité qui sera recon­nue ou infir­mée lors du juge­ment en délibéré le 29 septembre.

Le Monde se penche sur la question

Le 24 juin 2021, Le Monde con­sacre un long arti­cle à cette affaire, sous la plume de Samuel Lau­rent. Le titre et l’accroche : « Accusée de « racisme », la « poli­tique-fic­tion » de « Valeurs actuelles » sur Danièle Obono en procès à Paris.
Trois respon­s­ables de lheb­do­madaire con­ser­va­teur ont dû sexpli­quer mer­cre­di devant la 17e cham­bre du tri­bunal cor­rec­tion­nel, après la pub­li­ca­tion en août 2020 dun réc­it très cri­tiqué met­tant en scène la députée La France insoumise en esclave. »

Out­re un rap­pel suc­cinct et ori­en­té des faits, il en ressort :

  • Un cli­mat loin d’être sere­in : « Un rassem­ble­ment organ­isé par La France insoumise (LFI) sur le parvis du tri­bunal ; une salle daudi­ence comble avec une demi-douzaine de députés dans le pub­lic ; une dizaine davo­cats ; lancien respon­s­able de Char­lie Heb­do et un ex-cham­pi­on du monde de foot­ball venus témoign­er : on était loin, mer­cre­di 23 juin, de lordi­naire de la 17e cham­bre cor­rec­tion­nelle du tri­bunal de grande instance de Paris, spé­cial­isée dans les affaires de presse. Mais le procès qui a opposé durant plus de dix heures la députée (LFI) Danièle Obono à trois respon­s­ables de lheb­do­madaire Valeurs actuelles était tout sauf banal. »
  • Une audi­tion dans le cadre d’une plainte et d’une enquête ouvertes pour « injure publique à car­ac­tère raciste ». 
  • La con­vo­ca­tion de trois prévenus : l’auteur de l’article, Lau­rent Dan­drieu, respon­s­able des pages « cul­ture » de Valeurs actuelles ; le directeur de la pub­li­ca­tion, Erik Mon­jaloux ; le directeur de la rédac­tion, Geof­froy Leje­une. Comme d’autres médias, Le Monde est heureux de jeter en pâture le pseu­do­nyme de l’auteur de l’article, on le con­naît plus frileux pour révéler les noms des agresseurs dans les cas de terrorisme.

Lau­rent Dan­drieu a rap­pelé que la poli­tique fic­tion avait juste­ment pour but de par­o­di­er les pris­es de posi­tion de Danièle Obono, un texte en forme de pas­tiche. Si Obono se retrou­ve plongée dans l’Afrique du XVI­I­Ie siè­cle, c’est juste­ment pour que le thème de « l’africanité » cesse d’être un mythe et que des faits his­toriques soient rap­pelés, comme le rôle des africains dans l’esclavage. Son argu­men­ta­tion a été soutenue par le témoignage de Philippe Val, ancien directeur de Char­lie Heb­do, pour qui il s’agit d’un « procès poli­tique ». Par ailleurs « Geof­froy Leje­une, directeur de la rédac­tion de Valeurs actuelles, a renchéri en ten­tant de rap­pel­er que le texte fai­sait par­tie dune série qui a mis en scène plusieurs autres per­son­nal­ités dans divers con­textes his­toriques. Fustigeant une volonté « datta­quer un jour­nal dans son ensem­ble », il a assuré navoir jamais voulu « faire de mal » à Mme Obono per­son­nelle­ment. »

D’après Le Monde cette ligne de défense a été « mise à mal » par les sept avo­cats des par­ties civiles. Le texte serait un « viol sym­bol­ique » (sic).

Pour défendre Danièle Obono, l’ancien foot­balleur recon­ver­ti en anti-raciste pro­fes­sion­nel, Lil­ian Thu­ram était de la par­tie. Il a demandé au tri­bunal de « taper au porte­feuille ».

L’intervention de Danièle Obono s’est faite sous le signe de l’émotion. Elle s’est dite « humil­iée », a con­testé s’être revendiquée de « l’indigénisme ». Le texte l’aurait ramenée à être « moins qu’un ani­mal ». Le par­quet s’est affir­mé en accord avec Danièle Obono, ne voy­ant que « clichés, stéréo­types et préjugés » dans ce texte.

Médiapart s’engage pour Obono

Médi­a­part s’engage entière­ment en faveur de Danièle Obono. Le média d’Edwy Plenel titre sur une phrase du député : « Je ne cherche pas des excus­es, j’attends la jus­tice ». Là aus­si, out­re un rap­pel suc­cinct et ori­en­té des faits, il ressort de l’article :

  • Valeurs actuelles défend une « satire poli­tique », réal­ité que Médi­a­part bal­aie d’un revers du clavier.
  • Médi­a­part va plus loin que Le Monde en ne se con­tentant pas de don­ner le pseu­do­nyme de l’auteur de l’article, mais égale­ment son nom civil.
  • Argu­ments et « cau­tion morale » ne suff­isent pas pour un média qui rap­pelle qui sont les par­ties civiles, out­re Obono : La France insoumise, SOS Racisme, le Mrap, la Ligue des droits de l’homme, l’association Mémoires et Partages et la Mai­son des potes. Lil­ian Thu­ram est par ailleurs présent en tant que témoin. De quoi par­le-t-on ? D’un texte raciste, « sex­iste », d’un « tor­chon », de « l’humiliation » infligée à Obono.

Les deman­des ? 75 000 euros de dom­mages et intérêt, plus 10 000 euros par par­tie civile. Ain­si qu’une pub­li­ca­tion judi­ci­aire dans le magazine.

L’audience devant le tri­bunal a été relayée par d’autres médias, Le Figaro, le Huff­post ou France bleue. Partout règne une qua­si iden­tique analyse des faits : Valeurs actuelles est par avance coupable et l’audience du 29 sep­tem­bre ne sera qu’un épiphénomène, les dés étant déjà jetés. Coupable médi­a­tique­ment avant d’être jugé en droit, ain­si va la jus­tice en France. Le tri­bunal de l’opinion publique façon­née par les médias de grand chemin.