« Le service public est-il orienté à gauche ? » En amont du lancement de la commission d’enquête parlementaire sur le fonctionnement de l’audiovisuel public, l’Institut Thomas More s’est résolu à mettre les mains dans le moteur pour répondre à cette sempiternelle question, en axant leur étude sur les matinales de Radio France, le tout avec l’appui de l’IA. Dans leur longue analyse parue dans les colonnes du Figaro le 28 novembre 2025, l’Institut conclut à un constat sans appel.
Une étude accablante
C’est une étude accablante dont le service public s’est étrangement peu fait l’écho. Et pour cause, en pleine période de commission d’enquête parlementaire sur le fonctionnement de l’audiovisuel public, l’étude fait tache.
Le 28 novembre 2025, à la suite de la diffusion de l’émission « Complément d’enquête » sur la chaîne CNews, l’Institut Thomas More a partagé avec Le Figaro une étude détaillée sur les matinales de France Inter, France Culture et France Info. Sans ambages (et sans surprise), l’étude conclut à un manque manifeste de pluralisme sur les ondes matinales du service public.
Selon une étude de l’Institut Thomas More publiée par Le Figaro, 60 % des matinales de France Inter sont classées à gauche, avec un quasi-monopole idéologique sur France Culture.
L’audiovisuel public a‑t-il vocation à représenter tous les Français ou seulement ceux de gauche ?… pic.twitter.com/jkbGIrF6JM
— Groupe UDR (@groupeudr) December 17, 2025
1 280 chroniques analysées
Pour mener à bien cette analyse – qui vise, selon l’Institut Thomas More, à mesurer de manière objective et reproductible la neutralité politique, le pluralisme et l’équité de traitement dans les programmes d’actualité de Radio France –, l’Institut a fait appel à l’intelligence artificielle, accompagnée, souligne Le Figaro, « d’une relecture humaine afin de simplement corriger les rares erreurs de transcription ou les cas d’ironie que l’IA interprète moins bien ».
Et pour cause, il n’existe, pour l’heure, que peu d’outils fiables pour mesurer les obligations du service public. L’Institut a donc « scanné » les matinales en passant au crible pas moins de 1 280 chroniques matinales « dans un périmètre couvrant les principales émissions d’actualité matinales des chaînes du groupe Radio France (« La Grande Matinale » de France Inter, « Les Matins » de France Culture, « Le 6/9 » de France Info, etc.).
Chacune des 1 280 chroniques a ainsi été analysée par l’IA, qui les a ensuite « classifiées » sur une échelle gauche-droite allant de ‑100 (très à gauche) à +100 (très à droite). Le constat est sans appel : 47% des chroniques analysées présentent une orientation clairement marquée à gauche, contre seulement 14 % orientées à droite.
France Inter et France Culture durablement ancrées à gauche
Dans le détail, le constat est encore plus accablant puisque du côté de France Inter, première radio de France, ce ne sont pas moins de 60% des chroniques qui sont ancrées à gauche (contre 16% à droite) quand France Info, reconnaît l’Institut, « reste proche de la neutralité ».
« Sur France Inter, l’analyse par chronique montre une très forte polarisation : la majorité des formats réguliers s’inscrit durablement à gauche, avec des moyennes très éloignées du centre et une faible variabilité. “L’Invité de 7 h 50” et “L’Édito éco” sont les deux seuls rendez-vous que l’IA classe à droite”, détaille Le Figaro.
France Culture pire que France Inter
La palme revient à France Culture qui, souligne le député Charles Alloncle, jouit d’un « quasi-monopole idéologique » avec pas moins de 66% des chroniques qui penchent à gauche (contre 6% à droite).
Notons également que si France Inter et France Culture favorisent clairement la gauche, les deux stations se montrent en revanche très critiques envers l’extrême gauche. L’Institut Thomas More souligne en effet que « la gauche radicale est présentée de manière négative dans 62 % des cas, tandis que la droite conservatrice reçoit 60 % de couverture critique ».
« Sur les antennes, la gauche radicale et la droite radicale sont fortement sous-exposées par rapport à leur poids réel. Lorsqu’ils sont mentionnés, le traitement est le plus hostile de toutes les familles politiques. Les journalistes les associent fréquemment à une “stratégie du chaos”, à la déstabilisation ou à un risque pour la vie démocratique », analyse l’Institut Thomas More.
Un traitement particulièrement favorable pour les figures de gauche
À l’inverse, le centre/majorité présidentielle est largement surexposé. Il concentre en effet 46,7% de l’ensemble des mentions relevées sur la période (entre le 1ᵉʳ et le 31 octobre 2025), « soit une visibilité médiatique très supérieure à sa représentation parlementaire ».
L’Institut note en outre que plusieurs figures du centre et du centre-gauche bénéficient d’un traitement particulièrement favorable.
Raphaël Glucksmann, Laurent Nuñez, Manuel Valls et Édouard Philippe sont ainsi les « personnalités les mieux notées » et sont régulièrement valorisées « pour leur compétence, leur crédibilité ou leur sens de l’État ». « Ces appréciations contrastent avec le ton hostile réservé aux blocs radicaux et à la droite, révélant une hiérarchie implicite de respectabilité médiatique sur les antennes du service public », ajoute l’Institut Thomas More.
Et Le Figaro d’ajouter que, en bas du classement, « des personnalités comme Marine Le Pen, Sébastien Chenu, Rachida Dati ou Jean-Luc Mélenchon présentent des notes très négatives, inférieures à la moyenne ».
Les thématiques sensibles
Autre enseignement clé de l’étude : les thématiques « sensibles ». Là encore, le constat ne déroge pas à la règle : les thématiques sensibles « sont très majoritairement abordées sous un angle éditorial de gauche ».
Sur 98 catégories, aucune ne présente en effet une majorité de chroniques abordées sous un angle éditorial de droite. Certains sujets (féminisme, justice, discriminations, violences policières, banlieues, conflits internationaux…) sont même traités à 80–100 % avec un angle de gauche. Qui dit mieux ? Pardon, qui dit pire ?
Lorelei Bancharel


















