Mercredi 1ᵉʳ octobre 2025, la commission de la Culture du Sénat a reçu pour la première fois Martin Ajdari, nommé à la tête de l’ARCOM. Venu y présenter le rapport annuel d’activité du gendarme de l’audiovisuel, le haut fonctionnaire s’est rapidement retrouvé confronté aux très nombreuses interrogations des sénateurs concernant « l’impartialité » de l’audiovisuel public, largement remise en cause à la faveur de nombreuses polémiques ces dernières semaines.
Une première sous tension. Un mois seulement après le scandale de l’affaire Legrand-Cohen, Martin Adjari a fait son baptême du feu au Sénat mercredi 1ᵉʳ octobre où il était auditionné pour la première fois en sa qualité de président de l’ARCOM.
Venu présenter le rapport annuel d’activité du gendarme de l’audiovisuel, le haut fonctionnaire a rapidement été confronté à l’épineuse question de « l’impartialité » du service public, largement remise en cause depuis la publication par L’Incorrect d’une vidéo volée impliquant les deux éditorialistes de Radio France Patrick Cohen et Thomas Legrand, accusés depuis de connivence avec le PS.
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« Tous doivent s’y retrouver »
Dans son préambule, le président de la Commission de la culture Laurent Lafon n’a d’ailleurs pas hésité à y faire référence, les yeux rivés, sans trop se cacher, vers le président de l’ARCOM, rappelant que « le pluralisme des opinions est une chose, la neutralité du service public en est une autre ».
« Il y a eu des extraits qui font apparaître des propos ayant jeté un trouble », a reconnu sans ambages Martin Adjari, ajoutant que, pour lui, la question reste avant tout « plus large » du point de vue du régulateur.
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« Dans une société plus polarisée, où les opinions sont plus tranchées et les attentes plus fortes », il s’agit de faire en sorte que « chacun s’y retrouve » par rapport à « un service public que tous financent, dont tous doivent bénéficier et dont tous sont propriétaires », a‑t-il ainsi souligné.
Citant ensuite une étude selon laquelle « 60 % des Français » auraient confiance en l’information produite par le service public, l’énarque, circonspect, s’est interrogé sur les 40 % restants : « S’ils sont mécontents ou se sentent frustrés, pourquoi ? Qu’attendent-ils ? ».
Une « introspection » nécessaire
La réponse est-elle à trouver du côté du manque, de plus en plus manifeste, d’impartialité sur le service public ? Sans aucun doute, a reconnu, à demi-mot, le haut fonctionnaire dont le cœur penche depuis toujours à gauche.
Insistant sur les « mécontentements, frustrations, incompréhensions » d’une partie des Français, Martin Adjari a ainsi largement admis l’urgence, pour les sociétés audiovisuelles publiques, à faire preuve « d’introspection sur leurs procédures, leurs formations et la façon dont elles abordent les différents thèmes autour desquels le débat public s’organise, pour que le maximum de Français se sentent représentés sur leurs antennes ».
Cette démarche ne donnera pas de résultat « d’un claquement de doigts », a‑t-il en revanche prévenu, comme le rappelle Le Figaro dans ses colonnes. Devant les sénateurs, Martin Adjari a cependant assuré faire de cette question de « l’impartialité » du service public une de ses priorités, conscient, a‑t-il dit, de « l’impatience » et de « l’attente » du public.
« L’impartialité figure dans la loi depuis longtemps. »
Pour ce faire, l’ARCOM prévoit désormais de « mesurer la perception et les attentes du public par des études quantitatives et qualitatives » sur cette question, a indiqué le haut fonctionnaire avant de nuancer, défendant naturellement sa chapelle : « Examiner l’impartialité ne veut pas dire qu’il y a des fautes. »
Mais tout de même. Sur la corde raide, obligé de composer entre les polémiques du moment et sa volonté de sauver le soldat service public de l’audiovisuel, Martin Adjari a, devant les sénateurs, su ménager la chèvre et le chou, expliquant que, « dans un contexte de défiance à l’égard des médias et des institutions en général », il s’agissait seulement pour le gendarme de l’audiovisuel de « donner plus de gages sur la façon dont ces derniers travaillent pour s’assurer que cette exigence d’impartialité » est bien un objectif respecté.
« L’impartialité figure dans la loi depuis longtemps », a‑t-il d’ailleurs reconnu. Mais ce thème « n’a pas été abordé en tant que tel à ce jour », le régulateur s’étant plutôt concentré, depuis la fin de l’ORTF… sur « l’indépendance » du service public.
Rappelons que l’OJIM et 3 autres associations avaient saisi l’ARCOM en 2024 pour obtenir une juste représentation des courants d’opinions, notamment du service public. Cette requête avait été rejetée par l’ARCOM, puis par le Conseil d’État.
L’Observatoire du journalisme ne manquera pas de suivre les travaux que l’ARCOM vient de lancer, avec quelques doutes sur les résultats, mais sait-on jamais ?
Lorelei Bancharel
















