Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Quand la BBC libérale libertaire malmène Nigel Farage

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

17 mai 2019

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Quand la BBC libérale libertaire malmène Nigel Farage

Quand la BBC libérale libertaire malmène Nigel Farage

Temps de lecture : 4 minutes

Si la vision libérale libertaire domine les médias officiels en France, les médias du Royaume-Uni partagent largement les mêmes combats et les mêmes biais. Que ce soit le magazine The Economist, le Guardian ou la très conformiste BBC, ils expriment la même philosophie diversitaire et favorable au néo-libéralisme financier et ont tous fait campagne pour le « remain » lors du référendum de 2016. Nous devons la vidéo de l’entretien agressif de Nigel Farage par un journaliste de la BBC à l’excellent site Délits d’image et nous y avons rajouté notre propre analyse.

Analyse de l’entretien

Alors que le mou­ve­ment fondé par Farage, le Brex­it Par­ty, cara­cole dans les sondages pour les étranges élec­tions européennes qui se dérouleront au Roy­aume-Uni le 23 mai avec plus de 30% des inten­tions de vote, son leader était inter­viewé par Andrew Marr de la BBC le same­di 11 mai au matin. Marr souligne juste­ment l’état de con­fu­sion du vote, qui va coûter plus de 100 mil­lions de livres ster­ling pour élire des députés bri­tan­niques qui ne siègeront sans doute jamais au Par­lement européen. Alors que Farage avait annon­cé son retrait de la poli­tique en 2016 à la suite du vote favor­able au Brex­it, celui-ci jus­ti­fie son retour par une sit­u­a­tion poli­tique nou­velle devant l’échec des négo­ci­a­tions avec l’UE.

C’est plus tard que Marr devient franche­ment agres­sif sous un air bon­homme. Il attaque le Brex­it Par­ty sur son « manque de pro­gramme », à quoi Farage répond facile­ment que ni les con­ser­va­teurs, ni les tra­vail­listes n’ont de pro­gramme et que son seul « man­i­feste » est le respect du vote des électeurs, de la démoc­ra­tie et des résul­tats du référen­dum de 2016. Le ton monte ensuite (voir ici vers 13’) lorsque Marr veut faire dévi­er l’entretien sur le réchauf­fe­ment cli­ma­tique, le sys­tème de san­té anglais ou les rela­tions de Farage avec Vladimir Pou­tine, s’attirant des remar­ques sévères de Farage sur les par­tis-pris de la BBC. Et un juge­ment général de l’intéressé sur « le plus ridicule entre­tien jamais effec­tué ».

Les répercussions dans la presse anglaise

Le Dai­ly Mail con­sid­ère que, même si Andrew Marr reçoit le sou­tien de sa direc­tion, Farage main­tient son juge­ment et souligne qu’alors que la BBC reçoit des « sommes à sept chiffres » de l’UE, sa poli­tique vis à vis du Brex­it Par­ty est grotesque (« ludi­crous »). Le Dai­ly Mir­ror estime que Farage n’a pas répon­du à toutes les ques­tions de Marr même si cer­taines répons­es étaient claires. Le quo­ti­di­en cite comme exem­ple la ques­tion « Estimez vous que les immi­grants illé­gaux zéro-posi­tifs devraient être inter­dits des soins anti HIV dans le sys­tème de san­té bri­tan­nique », la réponse de Farage fut un placide « Oui ». The Sun, par­ti­san de tou­jours du Brexit,

The Sun est plus lap­idaire en titrant « Com­ment l’entretien à la hache de Farage par Marr prou­ve que la BBC est une machine de pro­pa­gande pour l’élite ». Le Finan­cial Times ou le Guardian, par­ti­sans du remain, ou bien passent l’épisode sous silence ou sou­ti­en­nent Marr.

Déjà en 2015…

Nous reprenons un de nos arti­cles de 2015 et les curieuses déc­la­ra­tions de la BBC après l’attentat con­tre Char­lie Heb­do refu­sant de qual­i­fi­er les meur­tri­ers de terroristes :

« Il y a des choix édi­to­ri­aux qui ne trompent pas. Pour la BBC, il ne faut pas qual­i­fi­er les frères Kouachi, auteurs de la fusil­lade con­tre Char­lie Heb­do, de « terroristes ».
Selon Tarik Kafala, respon­s­able du ser­vice arabo­phone de la chaîne bri­tan­nique, ce terme serait trop ten­dan­cieux. « Nous ten­tons d’éviter de décrire quelqu’un comme un ter­ror­iste, ou un geste comme étant ter­ror­iste. On essaye plutôt de dire quelque chose comme deux hommes ont tué douze per­son­nes dans l’at­taque d’un jour­nal satirique. C’est suff­isant », a‑t-il expliqué au quo­ti­di­en The Inde­pen­dant. » 

Alors, la BBC, neu­tre ou engagée ? Lors d’un sémi­naire d’octobre 2006 sur « l’impartialité », Marr avait répon­du: « La BBC n’est ni impar­tiale, ni neu­tre. Elle est financée par le pub­lic, urbaine, avec un nom­bre anor­male­ment grand de jeunes, de minorités eth­niques, d’homosexuelsLa BBC a un par­ti-pris libéral qui n’est pas un biais de par­ti poli­tique. On peut mieux le définir comme un par­ti pris cul­turel libéral ». Une déf­i­ni­tion que pour­rait repren­dre le ser­vice pub­lic de l’information en France, par­fois en l’aggravant.

Pho­to : cap­ture d’écran vidéo Guardian News