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Pression publicitaire : HSBC retire ses annonces des journaux « hostiles »

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25 février 2015

Temps de lecture : 3 minutes
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Pression publicitaire : HSBC retire ses annonces des journaux « hostiles »

Temps de lecture : 3 minutes

Accusant sa direction d’avoir minimisé l’affaire SwissLeaks pour des raisons publicitaires, Peter Oborne, éditorialiste en chef du Daily Telegraph, a présenté sa démission.

Ce jour­nal­iste vedette du quo­ti­di­en bri­tan­nique n’hésite pas à accuser ses supérieurs de « tromperie envers les lecteurs », cri­ti­quant la cou­ver­ture timide qui a été faite de l’af­faire SwissLeaks. Comme beau­coup de titres de presse, le Dai­ly Tele­graph abrite en effet dans ses colonnes des pub­lic­ités pour la banque HSBC, acteur du scan­dale, qui détient ain­si un moyen de pres­sion redoutable.

Selon Oborne, la direc­tion aurait fait sup­primer des arti­cles con­cer­nant la banque et aurait réduit au min­i­mum son traite­ment de l’af­faire pour ne pas offenser cet annon­ceur important.

Dans une let­tre ouverte pub­liée par le site Open­Democ­ra­cy, Peter Oborne estime que son jour­nal a fait le choix « ter­ri­ble » de « plac­er ce qu’il perçoit comme les intérêts d’une grande banque inter­na­tionale au-dessus de son devoir d’in­former les lecteurs ». Désor­mais, le jour­nal­iste qui assure par­ler au nom de « la grande majorité » de la pro­fes­sion, réclame une enquête indépen­dante sur cette affaire.

Et celui-ci de rap­pel­er que cette retenue ne date pas d’hi­er. En 2013, le Tele­graph avait pub­lié des infor­ma­tions sur les comptes HSBC off­shore de per­son­nal­ités à Jer­sey, ce qui avait con­duit la banque à sup­primer ses annonces. « Recon­quérir le bud­get pub­lic­i­taire de HSBC était devenu une pri­or­ité urgente », explique le jour­nal­iste, qui racon­te que les arti­cles liés aux éva­sions fis­cales avaient alors cessé.

Oborne ajoute que son jour­nal avait agi de la même manière par rap­port au croisiériste Cunard, annon­ceur impor­tant qui aurait été ménagé.

Depuis l’an dernier, date à laque­lle le très respec­té rédac­teur en chef Tony Gal­lager avait été licen­cié et rem­placé par un améri­cain, la qual­ité édi­to­ri­ale de ce quo­ti­di­en tiré à env­i­ron 500 000 exem­plaires fait débat. Les jour­nal­istes dénon­cent depuis une muta­tion numérique à marche for­cée, dom­inée par « la cul­ture du clic » et du buzz.

Pour en revenir à l’af­faire SwissLeaks, le directeur général de la banque HSBC vient, sem­ble-t-il, de don­ner rai­son à l’édi­to­ri­al­iste fron­deur du Tele­graph. Lors de la présen­ta­tion des résul­tats annuels de son groupe, celui-ci a con­fir­mé que ses ser­vices s’éver­tu­aient à retir­er les pub­lic­ités des jour­naux ayant fait une « cou­ver­ture hos­tile » de l’af­faire. « Nous avons recours à la pub­lic­ité pour ven­dre plus de pro­duits ban­caires. Et ça ne fait aucun sens de plac­er une pub­lic­ité à côté d’une cou­ver­ture jour­nal­is­tique hos­tile », a‑t-il déclaré. De quoi, en effet, faire réfléchir les direc­tions des titres qui dépen­dent large­ment de leurs annonceurs…

« Si vous lisez en pages 4 et 5 que HSBC est une mau­vaise entre­prise, c’est peu prob­a­ble que vous allez vous dire une page plus loin ‘et si j’al­lais pren­dre un crédit immo­bili­er chez eux’. C’est du bon sens, c’est le busi­ness qui veut ça », a pour sa part con­fir­mé Stu­art Gul­liv­er, de HSBC. Le Guardian, en pre­mière ligne dans les révéla­tions de l’af­faire SwissLeaks, vient juste­ment d’an­non­cer que la banque bri­tan­nique avait « sus­pendu » ses investisse­ments pub­lic­i­taires dans ses colonnes.