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Lorsque les censeurs s’attaquent au service public

20 novembre 2025

Temps de lecture : 7 minutes
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Lorsque les censeurs s’attaquent au service public

Temps de lecture : 7 minutes

Lorsque les censeurs s’attaquent au service public

La péri­ode récente a été com­pliquée pour le ser­vice pub­lic audio­vi­suel, notam­ment parce que le soupçon de ne pas représen­ter tous les Français a été étayé con­crète­ment par la col­lu­sion entre cer­tains jour­nal­istes et des respon­s­ables social­istes. Mais la gauche se sent chez elle sur le ser­vice pub­lic. Et elle voudrait dicter ce qui peut s’y dire et ce qui y est inter­dit. Pour prévenir toute ten­ta­tive de recen­trage, recen­trage au demeu­rant très hypothé­tique et que nous n’avons pas véri­ta­ble­ment observé, les médias de gauche et d’ex­trême gauche font mon­ter la pres­sion sur le ser­vice public.

Lorsque France Info TV est ciblée

Mal­gré son appar­te­nance à France Télévi­sions et la syn­ergie qui pour­rait exis­ter avec les autres chaînes du groupe, France Info TV ne se porte pas très bien ; la chaîne est dis­tancée par CNews, BFMTV et LCI, et elle se classe bonne dernière des chaînes d’in­for­ma­tion en con­tinu avec env­i­ron 1% d’au­di­ence. La chaîne a essayé de se renou­vel­er, peut-être même de sor­tir d’un cer­tain car­can. Elle a ain­si recruté Nathan Dev­ers et Paul Melun qui offi­ci­aient aupar­a­vant sur CNews. Les deux chroniqueurs inter­vi­en­nent main­tenant dans l’émis­sion « Le pour et le con­tre », dont l’am­bi­tion est de pro­pos­er un nou­v­el espace de débat sur la chaîne.

C’en est déjà trop pour le média Arrêt sur images, qui étrille la chaîne publique dans une enquête inti­t­ulée « La chaîne Fran­ce­in­fo est-elle en train de devenir CNews ? ». Nathan Dev­ers et Paul Melun y sont dénon­cés pour avoir évo­qué la Seine-Saint-Denis comme « la plaque tour­nante de la nou­velle crim­i­nal­ité organ­isée » suite au vol du Lou­vre, et pour avoir invité le philosophe Michel Onfray. Au-delà des deux transfuges de CNews, Arrêt sur images s’en prend aus­si à plusieurs émis­sions de France Info TV : le direct con­sacré au lance­ment du livre de Jor­dan Bardel­la, l’in­vi­ta­tion de Gilbert Col­lard ou de Nora Busigny, et la récep­tion de Lau­rent Alexan­dre à pro­pos de son dernier livre.

Téléra­ma est exacte­ment sur la même posi­tion. Dans un arti­cle « Com­plo­tisme et “grand rem­place­ment” : quand un débat de Fran­ce­in­fo par­o­die CNews », l’heb­do télé cul­turel bobo en ajoute une couche con­tre France Info TV :

« Depuis la ren­trée, Fran­ce­in­fo a con­fié une émis­sion de débat à deux anciens de CNews, Nathan Dev­ers et Paul Melun. Quand ils invi­tent une star de CNews, Michel Onfray, dif­fi­cile de faire la dif­férence avec la chaîne de Bol­loré. »

Pré­cisons que selon Pas­cal Praud, qui est tou­jours en con­tact avec ses deux anciens chroniqueurs, ceux-ci ont été con­vo­qués par le délégué CGT pour avoir osé inviter Michel Onfray.

Enfin, le site d’in­for­ma­tion Blast s’at­taque à France Info TV de façon plus vir­u­lente encore. Un arti­cle « Oppo­si­tion médi­a­tique mais con­nivences édi­to­ri­ales : la « drôle de guerre » de France Télévi­sions avec l’ex­trême droite » accuse les 2 chroniqueurs d’avoir choisi de par­ler d’im­mi­gra­tion, un sujet qui, comme cha­cun sait, ne préoc­cupe pas du tout les Français. Mais Blast élar­git la cri­tique de la chaîne d’in­for­ma­tion en s’en prenant aux « réquisi­toires déli­rants du jour­nal­iste Gilles Born­stein con­tre la députée Rima Has­san », à « la crim­i­nal­i­sa­tion per­ma­nente des mou­ve­ments soci­aux », à « la récur­rence des dis­cours pro-Macron », et à la « pro­mo­tion du géno­cide à Gaza », rien de moins.

Au-delà de France Info TV, c’est ensuite France Télévi­sions qui est accusée de « s’align­er sur les obses­sions des médias Bol­loré » ; le jour­nal télévisé de France 2 est par­ti­c­ulière­ment ciblé, auquel il est reproché de traiter les mou­ve­ments soci­aux sous l’an­gle des per­tur­ba­tions pour les usagers, d’évo­quer le traf­ic de drogue et les règle­ments de comptes à Rennes ou de par­ler de la béné­dic­tion du « car­di­nal con­ser­va­teur » Bustil­lo.

On dis­ait d’une per­son­nal­ité que la gauche s’ef­force de rejeter dans le camp du mal sans avoir à écouter ses argu­ments qu’il était « extrême droitisé » ; doré­na­vant, on pour­ra dire d’un média que la gauche essaye de dis­qual­i­fi­er qu’il est « CNewsé ».

Lorsque la CGT se fait juge de la ligne éditoriale

Au com­mence­ment se trou­ve un arti­cle paru sur le site de France 3 Île-de-France sur la com­mé­mora­tion des attaques du 7 octo­bre 2023. La CGT de France TV a bru­tale­ment réa­gi en pub­liant le 13 octo­bre un com­mu­niqué inti­t­ulé « Le com­mu­nau­tarisme n’a pas sa place sur FTV ». Dia­ble, de quel com­mu­nau­tarisme s’agit-il ?

Le syn­di­cat reproche à la jour­nal­iste « d’adopter le point de vue de la com­mu­nauté juive » et de relay­er « les thès­es du CRIF ». Il lui est aus­si reproché l’usage du mot « pogrom », qui ne serait pas appro­prié car les vic­times du 7 octo­bre sont « citoyens d’un État qui occupe, oppresse et colonise un autre peu­ple ». Le syn­di­cal­isme devrait con­duire à défendre les jour­nal­istes de la chaîne. La CGT aban­donne cette mis­sion au prof­it d’un mil­i­tan­tisme qui vise à ori­en­ter la ligne éditoriale.

Ce type d’in­ter­ven­tion per­met de mesur­er l’emprise syn­di­cale sur le ser­vice pub­lic. Dans de telles con­di­tions, il n’est pas dif­fi­cile d’imag­in­er com­bi­en la direc­tion doit en per­ma­nence com­pos­er avec un pou­voir syn­di­cal mil­i­tant ni com­ment cette emprise pèse sur les jour­nal­istes et peut les con­duire à l’autocensure.

Lorsque les directions désavouent leurs journalistes

C’est pré­cisé­ment ce qu’ont fait les direc­tions de France Inter et Radio France à la suite d’une inter­view de Manuel Bom­pard. En cause, notam­ment une ques­tion posée à M. Bom­pard sur Zohran Mam­dani, nou­velle­ment élu maire de New York :

« Il est ouverte­ment propales­tinien et il a repris en son temps le slo­gan “Mon­di­alis­er l’Intifada”. En clair, faire la guerre aux juifs partout dans le monde. Et quand on lui demande de con­damn­er le 7 octo­bre, et bien sou­vent il botte en touche et répète que le prob­lème c’est l’occupation d’Israël. Est-ce que ça ne vous choque pas ? ».

Après que LFI eut annon­cé saisir l’AR­COM, les direc­tions de France Inter et Radio France ont pub­lié sur X et sur le site de l’émis­sion un mes­sage recad­rant leur journaliste :

« Lors de “Ques­tions poli­tiques”, dont le député Manuel Bom­pard était l’invité, des ques­tions d’Alix Bouil­h­aguet sur Zohran Mam­dani ont sus­cité des inter­ro­ga­tions de nos audi­teurs. Radio France et France Télévi­sions y répon­dent » ; « on ne peut pas dire qu’il n’a pas con­damné le 7 octo­bre, car dès 2023 il a dénon­cé des crimes de guerre. Il dénonçait encore le 7 octo­bre 2025 des « crimes de guerre horribles ».

Les pro­pos incrim­inés sont bien sûr dis­cuta­bles. Nous nous lim­iterons ici au con­stat que des appré­ci­a­tions sim­i­laires sur Zohran Mam­dani ont été tenues sur d’autres médias, sans génér­er ce type de réac­tion. Com­ment ne pas voir dans ce lâchage, raris­sime, la crainte des censeurs ? Entre com­mu­niqué des syn­di­cats et recadrage de la direc­tion, les jour­nal­istes du ser­vice pub­lic marchent sur des œufs.

Mesurons au pas­sage com­bi­en cette polémique est unique­ment à usage fran­co-français, tant il est prob­a­ble que le nou­veau maire de New York y est totale­ment indifférent.

Voir aus­si : Zohran Mam­dani, un musul­man à la mairie de New York : une vic­toire sym­bol­ique pour les médias arabes

Le rôle des syndicats et l’avenir du service public

Il est intéres­sant de relever que les syn­di­cats de l’au­dio­vi­suel pub­lic sont en pointe dans ces actions d’in­tim­i­da­tion morale. Il existe man­i­feste­ment une ligne directe entre ces syn­di­cats et les médias de gauche. Dans tout ce qu’il nous a été don­né de con­sul­ter, les jour­nal­istes citent très fréquem­ment les com­mu­niqués rageurs ou les inter­ven­tions de la CGT France TV et de la SDJ (société des jour­nal­istes) qui sem­blent con­stituer leurs prin­ci­pales sources d’in­spi­ra­tion et de réflex­ion sur ces sujets.

Mais de quelles ques­tions préoc­cu­pant les Français est-il encore per­mis de par­ler ? et avec qui ?

Si les médias du ser­vice pub­lic con­tin­u­ent de se soumet­tre aux dik­tats de leurs syn­di­cats, bruyam­ment relayés par les médias de gauche, il est prob­a­ble que la baisse des audi­ences risque de se poursuivre.

VOIR AUSSI https://www.ojim.fr/vote-syndical-a-lafp-gauche-et-extreme-gauche-dominent/

Francesco Bar­goli­no

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