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Le sondage de l’IFOP sur l’islam en France divise les médias arabes

8 décembre 2025

Temps de lecture : 5 minutes
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Le sondage de l’IFOP sur l’islam en France divise les médias arabes

Temps de lecture : 5 minutes

Le sondage de l’IFOP sur l’islam en France divise les médias arabes

Les résul­tats du sondage pub­lié le 18 novem­bre dernier par l’I­FOP sur le rap­port à l’is­lam et à l’is­lamisme des musul­mans de France n’en finis­sent pas de sus­citer des réac­tions, en France, mais aus­si dans le monde arabe, où la ques­tion de l’islamisme est posée avec encore plus d’acuité.

L’étude a été com­mandée par une revue peu con­nue, Écran de Veille, sorte d’observatoire des mou­ve­ments islamistes, dirigée par un jour­nal­iste algérien. Elle pointe une « réis­lami­sa­tion » crois­sante de la pop­u­la­tion musul­mane française, par­ti­c­ulière­ment chez les jeunes, avec 38% des musul­mans approu­vant tout ou par­tie des posi­tions islamistes, et 44% préférant les règles religieuses aux lois répub­li­caines. Des chiffres qui vien­nent con­forter ceux qui, dans l’Hexagone, ne cessent d’alerter sur l’étendue de l’idéologie islamiste au sein de la com­mu­nauté maghrébine.

Islamisme ou islamophobie ?

Vu du monde arabe, ce sondage creuse davan­tage le schisme exis­tant entre deux courants de pen­sée : l’un met en doute l’authenticité des chiffres révélée par l’institut français et crie à l’islamophobie ; l’autre, engagé con­tre l’islamisme poli­tique, rap­pelle « le péril » des Frères musulmans.

C’est ce que traduisent les médias arabes dans leurs com­men­taires sur cette polémique.

L’incontournable chaîne panarabe Al-Jazeera, tou­jours à l’affut du moin­dre fait en rela­tion avec l’islamisme dans le monde, met en relief les voix qui con­tes­tent les chiffres pub­liés par l’IFOP. Ce titre pub­lié en Une de son site se passe de tout commentaire :

« Un sondage révélant la mon­tée de l’extrémisme islamique en France large­ment critiqué ».

L’article met en cause « la méthodolo­gie » et « le cadrage poli­tique de l’étude », qu’il inscrit dans le cadre d’une « islam­o­pho­bie insti­tu­tion­nelle » et de « surenchère sécu­ri­taire depuis les atten­tats de 2015 ».

Une con­tri­bu­tion dif­fusée sur le même site cor­ro­bore cette analyse. Avec un titre pom­peux : « Dans la fab­rique de l’islamophobie en France », l’auteur décrit le sondage comme « un mail­lon d’une chaîne insti­tu­tion­nelle et médi­a­tique plus large ».

Les Émirats arabes pointés du doigt

Tou­jours dans le camp pro-qatari (donc pro-Frères musul­mans), le site Arabi21 accuse nom­mé­ment les Émi­rats arabes unis d’avoir financé le sondage de l’IFOP pour ren­voy­er une image ternie des musul­mans de France. Pour ce média basé à Istan­bul, l’étude « sert d’instrument de la poli­tique anti‑islamiste d’Abu Dhabi, visant à délégitimer les musul­mans d’Europe et à crim­i­nalis­er toute expres­sion de religiosité ».

Sur la même lancée, le site panarabe Ultra­sawt reprend longue­ment une déc­la­ra­tion du recteur de la mosquée de Paris – d’origine algéri­enne – dans laque­lle celui-ci fustigeait le sondage en ques­tion. Ce média dénonce une enquête « entre­tenant l’amalgame entre la piété et l’extrémisme ».

Même tem­po chez le quo­ti­di­en lon­donien Al-Quds Al-Ara­bi :

« Le Con­seil français du culte musul­man dénonce l’ex­ploita­tion des sondages con­tre les musulmans. »

Les attaques les plus vir­u­lentes éma­nent de la presse écrite algéri­enne. Plusieurs quo­ti­di­ens pointant du doigt les Émi­rats arabes unis – enne­mi déclaré du pou­voir en place. El-Khabar, le plus gros tirage en langue arabe, affiche en titre : « Les Émi­rats accusés de nuire à la répu­ta­tion des musul­mans de France ».

Ce qui est reproché, en fait, au régime émi­rati, ici, c’est d’avoir, non seule­ment financé un sondage, par l’intermédiaire d’un média basé à Paris, mais aus­si de pro­mou­voir en par­al­lèle « un réc­it alarmiste » sur les musul­mans de France, accu­sant ces acteurs d’alimenter les forces islam­o­phobes en Europe.

« La France face à un grave défi »

Du côté des médias réputés anti-islamistes, on ne fait plus dans la den­telle. « Un sondage révèle la mon­tée des idées des Frères musul­mans par­mi les musul­mans de France », titre Sky News Ara­bia.

Autre média émi­rati engagé, Al-Aïn (qui pub­lie aus­si une ver­sion française) par­le de « sta­tis­tiques choquantes », pour décrire les résul­tats du sondage. « Les Frères musul­mans ont pro­fondé­ment noy­auté les milieux de la jeunesse musul­mane en France », s’alarme ce média dans un édi­to­r­i­al. L’auteur explique cette sit­u­a­tion par « la hausse du niveau d’alerte sécu­ri­taire en France et en Europe ».

Abon­dant dans le même sens, le site libanais Lebanon Debate estime que la France fait face à un grave défi :

« L’idéologie des “Frères” con­solide son influ­ence au sein de la com­mu­nauté musulmane ».

Qui est derrière Écran de Veille ?

D’aucuns ont soupçon­né la revue qui a com­mandé le sondage à l’Ifop, à savoir Écran de Veille, d’être inspirée par le régime émi­rati, qui, comme on le sait, traque l’Internationale des Frères musul­mans et qui aurait donc intérêt à ce que les États européens, dont la France, fassent de même. Mais sans preuves.

Mag­a­zine men­su­el spé­cial­isé dans l’analyse des mou­ve­ments islamistes, Écran de Veille est dirigé par un jour­nal­iste algérien instal­lé en France, Atmane Taza­ghart. Avant de lancer sa revue, celui-ci avait longtemps tra­vail­lé comme cor­re­spon­dant de nom­breux titres de la presse arabe, dont notam­ment Al-Majal­la et Al-Akhbar, avant d’être recruté comme rédac­teur en chef du jour­nal de télévi­sion de France 24 en arabe. Il en a été viré en 2016, en rai­son d’un entre­tien qu’il avait accordé, trois ans plus tôt, à un média du Moyen-Ori­ent, et dans lequel il accu­sait « les sion­istes » de financer les guer­res ayant suivi le print­emps arabe.

Mus­sa A.

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