« Cordon sanitaire » : le terme s’employait pour décrire l’ostracisme des partis politiques vis-à-vis du Front national puis du Rassemblement national. Il est largement en déshérence en France où le RN est devenu incontournable à droite. Mais la Belgique francophone souffre encore d’une censure qui avoue son nom et même le revendique.
Le cordon sanitaire, une histoire belge
Il faut remonter au 24 novembre 1991, jour des élections en Belgique. Le Vlaams Blok flamand (devenu le Vlaams Belang) obtient 12 sièges, le Front national belge (disparu depuis) un siège. Tremblement de terre, non en Flandre mais en Wallonie.
Roger Stéphane, administrateur général de la RTBF (francophone), et Pierre Delrock, le directeur de l’information, mettent en place un « cordon sanitaire médiatique », qui consiste à ne plus accorder de temps d’antenne en direct à des représentants de ce qu’ils considèrent comme l’extrême droite. La rédaction continuera à parler d’eux. Mais tous leurs propos seront « contextualisés », et « recadrés » si nécessaire. Autrement dit, tout mouvement conservateur sera victime d’une censure préalable, de la vodka soviétique dans le waterzooi, l’URSS à la mode wallonne.
Un journaliste belge (source Ina) témoigne :
« Nous avons eu la modestie de penser que nous ne parviendrions pas à contrecarrer des personnalités d’extrême droite en les interviewant, dit Jean-Pierre Jacqmin. Certains journalistes français ont voulu le croire, mais c’est impossible : à la télévision, le registre de la raison perd toujours contre le registre de l’émotion. ».
Le cordon tient toujours en 2025
Un lecteur belge (que nous remercions) nous a envoyé une vidéo sur Instagram d’Arnaud Ruyssen, journaliste sur la RTBF.
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Si en Flandre, le cordon a sauté depuis longtemps, la RTBF l’applique toujours et il a même été question d’élargir son action. Récemment, il a été discuté sur la chaîne LN24 s’il fallait ou non appliquer le cordon sanitaire au Mouvement Réformateur (cartel électoral regroupant d’une part les libéraux et d’autre part les conservateurs catholiques) et à son président Georges-Louis Bouchez. Autrement dit, tout ce qui est à droite du Parti socialiste belge francophone est censuré a priori.
Staline chez Tintin
Ils sont fous ces Wallons ! Pas tous, bien entendu, et surtout pas les victimes de cette censure. La Belgique francophone médiatique, c’est Orwell à Liège, Charleroi et Namur. Ne parlons pas de Bruxelles, devenue une ville plus musulmane que wallonne en terre flamande.
Pour compléter le sujet, voici une brochure très récente (juin 2025) issue de l’Institut Émile Vandervelde, le think tank officiel du Parti socialiste francophone.
Le PS belge a également organisé un séminaire à Liège, constatant que « ces dernières années, le cordon sanitaire s’est affaibli, sous l’effet… d’une diffusion croissante des idées conservatrices-identitaires ».
Peut-être le début d’un commencement de retour à une forme de démocratie pour nos amis wallons qui vivent au quotidien dans un pays déjà décrit dans 1984.
Claude Lenormand


















