Elle pourrait apporter un « plus » aux journalistes : l’intelligence artificielle susciterait chez les trois quart des journalistes un certain appétit, qu’une enquête CFDT- Journalistes a révélé.
C’est une enquête menée auprès de 183 journalistes par la CFDT-Journalistes et datée de mars 2025 qui le confirme : pour les trois quarts des journalistes, l’intelligence artificielle pourrait constituer un « plus » pour leur travail, « sous certaines conditions précisément encadrées ». L’usage de l’IA parmi les journalistes demeure pour l’heure très contrastée : 25,57 % d’entre eux soulignent ne jamais l’avoir utilisée, contre 13,24 % qui admettent l’utiliser régulièrement. Entre les deux, 18,26 % l’utilisent « très peu » tandis que 23,74 % l’utilisent « parfois ».
Des adeptes dans la presse spécialisée et à la télévision publique
Les champions de l’usage de l’IA sont les journalistes de l’audiovisuel : à la télévision publique, 31 % l’utilisent contre 24 % dans la télévision privée. De même, les journalistes de la radio publique (24 %) utilisent davantage l’IA que leurs collègues de la radio privée (20 %). Du côté de la presse écrite, ce sont les auteurs dans la presse spécialisée qui utilisent le plus l’IA, à 28,7 %, suivis de la presse magazine (27 %), de la presse quotidienne nationale (23 %) et de la presse quotidienne régionale (15,6 %).
La majorité des contenus IA utilisés concernent les textes ; le recours de ce dispositif pour la photographie et la vidéo demeure marginal. Alors que les médias dominants ont rapidement sortis les griffes contre l’IA, le rouleau compresseur technologique semble aujourd’hui s’imposer à eux.
Pour autant, peu de journalistes interrogés déclarent se sentir à l’aise avec l’outil : un peu moins de 12 % se sent à l’aise avec l’outil, contre 33,52 % qui ne se sentent pas du tout à l’aise. 40 % des interrogés demanderaient d’ailleurs à accéder à une formation sur le sujet, afin de « ne pas se sentir dépassés ».
La valeur ajouté de l’IA largement reconnue
Pour la majorité des journalistes interrogés, l’intelligence artificielle peut apporter un « plus aux salariés, aux journaux, aux émissions ». Les professionnels du secteur estiment néanmoins à 75,86 % qu’elle son usage doit être conditionné à un encadrement précis, à l’inverse de 7,47 % des journalistes qui pensent pouvoir y recourir dans réserve. En revanche, 16,7 % des interrogés estiment qu’elle ne peut clairement pas être un atout. C’est désormais une poignée plutôt négligeable de journalistes qui semble désormais s’opposer de manière « farouche à son déploiement dans les rédactions ».
Les rédactions ne semblent dans la majorité pas avoir déployé de plan stratégique quant à son usage : 41,4 % des réponses indiquaient que la réflexion autour de ce sujet était « encore en cours » contre 21,5 % ayant fait l’objet d’une charte. Certaines rédactions (15,59 %) n’en parlent pas du tout quand environ 20 % l’utilisent, selon l’enquête, à la « vas‑y comme je te pousse ». La grande majorité des dirigeants du secteur n’encouragent d’ailleurs pas encore l’utilisation de l’IA (43,42 %), à l’inverse d’une petite portion (19,08 %) qui poussent « beaucoup » son recours, c’est le cas notamment de CMA CGM de Rodolphe Saadé qui a signé un accord avec Mistral AI, pour 100 millions d’euros.
Rodolphe Chalamel