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Groupe EBRA : coup de froid sur les emplois et regroupements en continu

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14 septembre 2018

Temps de lecture : 4 minutes
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Groupe EBRA : coup de froid sur les emplois et regroupements en continu

Temps de lecture : 4 minutes

Le groupe EBRA, propriété du Crédit Mutuel, est le premier groupe de presse régionale en France, avec des titres comme Le Dauphiné libéré, Le Progrès, Les Dernières Nouvelles d’Alsace, L’Est républicain, Le Journal de la Haute Marne, L’Alsace, Le Républicain lorrain, Le Bien Public, Le Journal de la Haute-Saône, Vosges Matin. Les fusions diverses et les plans de départs volontaires y sont monnaie courante, et cela continue à l’été 2018, alors que l’influence acquise par la banque à travers le groupe de presse lui coûte de plus en plus cher, avec 37 millions d’euros de pertes en 2017, seulement 4.4 petits millions de moins qu’en 2016.

Selon les syn­di­cats cepen­dant, « le pôle presse présente un intérêt stratégique pour le CM11 (Crédit Mutuel hors fédéra­tions de Bre­tagne, Sud-Ouest – qui à deux con­stituent Arkéa en cours de séces­sion,)car ses titres ont des bases de don­nées qui peu­vent con­stituer un atout impor­tant pour pré­par­er l’ère du big data ». D’où l’intérêt de garder des titres défici­taires, ren­dus dépen­dants en out­re par 60 mil­lions d’euros de prêts et avances con­sen­tis par le Crédit Mutuel au pôle presse.

Près de 130 postes tech­niques ont déjà été sup­primés en 2017–2018 essen­tielle­ment en Moselle et Alsace après 55 mil­lions d’euros de pertes en 2016. Un plan de départs volon­taires nou­veau sera déposé fin sep­tem­bre, suite aux avis du comité d’entreprise extra­or­di­naire le 20 sep­tem­bre 2018.

Est Républicain et Vosges Matin : le thermomètre enfiévré du groupe EBRA

Régulière­ment pub­liés par les syn­di­cats, les comptes de l’entité Est Médias à fin mai 2018 lais­sent appa­raître une éro­sion con­tin­ue de la pub­lic­ité (sauf nationale sur L’Est Répub­li­cain) et de la dif­fu­sion. Néan­moins le résul­tat d’exploitation de L’Est Répub­li­cain est négatif (-4.3 mil­lions d’€) tan­dis que celui de Vos­ges Matin est légère­ment posi­tif du fait de la diminu­tion du coût de la refac­tura­tion de l’impression.

Sur 2017, le chiffre d’affaires glob­al, pub et dif­fu­sion, baisse encore de 3.9% à L’Est Répub­li­cain et 3% à Vos­ges Matin, tan­dis que la dif­fu­sion baisse de 5.4% pour le sec­ond titre et 3.8% pour le pre­mier, con­tre ‑2.8% sur l’ensemble du groupe EBRA. « Le pas­sage au tabloïd n’a fait qu’accélérer l’érosion au lieu de la con­tenir », relève la CGT, qui con­state aus­si que les recettes pub­lic­i­taires ont dimin­ué de 1.5 mil­lions d’euros pour les deux titres en 2017.

Économies mon beau souci

Tous azimuts, les économies con­tin­u­ent : ‑20% pour la con­som­ma­tion de papi­er, ‑30% pour les cor­re­spon­dants et pigistes en trois ans. En revanche, le dou­ble­ment du coût de l’informatique, sous-traitée à Euro-Infor­ma­tion Tele­com (…dont le Crédit Mutuel est action­naire à 95%), la pro­vi­sion pour restruc­tura­tion de 4.1 mil­lions d’€ à L’Est Répub­li­cain et la dépré­ci­a­tion de Vos­ges Matin à 3.6 mil­lions plombent les chiffres.

Au 31 juil­let, le déficit de L’Est Répub­li­cain s’aggrave (-5.7 mil­lions d’€) tan­dis que Vos­ges Matin est béné­fi­ci­aire de 121.000 €. Tan­dis que la pub­lic­ité nationale aug­mente forte­ment, la pub­lic­ité régionale com­mer­ciale ou non s’érode en con­tinu. Le résul­tat d’exploitation de L’Est Répub­li­cain béné­fi­cie de la prospec­tion en Franche-Comté et de la pub­lic­ité, en aug­men­tant de 9% sur un an. Cepen­dant, engagé dans un plan de dig­i­tal­i­sa­tion ren­for­cée (dig­i­tal first), le groupe peine à rem­plac­er les jour­nal­istes papi­er en cours de for­ma­tion par des CDD – seuls cinq ont été recrutés.

« Depuis qu’il est aux com­man­des de nos entre­pris­es de presse, le Crédit Mutuel porte l’entière respon­s­abil­ité de la sit­u­a­tion économique dans laque­lle se trou­vent nos jour­naux », assène la CGT Est-Médias dans un con­stat qui va bien au-delà de la sit­u­a­tion de l’Est Répub­li­cain et de Vos­ges Matin. « En n’ayant aucune vision stratégique digne de ce nom, en n’investissant pas dans les out­ils de pro­duc­tion et dans la for­ma­tion des salariés, en sac­ri­fi­ant les con­di­tions de tra­vail et la qual­ité des pro­duits, en priv­ilé­giant la réduc­tion des coûts au développe­ment de l’activité ».

Économies tous azimuts en Alsace aussi

En Alsace, out­re la sup­pres­sion de 73 postes avec le trans­fert de l’impression du jour­nal L’Alsace à Stras­bourg, une fusion de celui-ci à marche for­cée, mais à pas lents, est en cours avec les DNA. Lors du CSE extra­or­di­naire de juin dernier, des change­ments impor­tants ont été présen­tés aux syn­di­cats : ain­si la page 24 Heures passe aux DNA tan­dis que le jour­nal perd 4% de sa sur­face – et un des trois cahiers le lundi.

Ce qui per­met automa­tique­ment de baiss­er la con­som­ma­tion de papi­er… et d’augmenter insi­dieuse­ment les tar­ifs de la pub­lic­ité. Des petites économies qui en font de grandes, mais peu­vent aus­si avoir le don de décourager annon­ceurs et lecteurs.