Errare humanum est, perseverare diabolicum (Sénèque), l’erreur est humaine, persévérer est diabolique.
En ce tout début du mois d’avril, quelle meilleure illustration du proverbe que celle du journaliste Jean-Michel Décugis, alias mister fake news, qui se repent de ses erreurs passées pour rejoindre l’Observatoire du journalisme. Un entretien surprenant avec Claude Chollet.
Claude Chollet : Je dois dire que votre appel téléphonique ce matin m’a un peu surpris, nous n’avions pas caché les infox qui jalonnent régulièrement votre carrière ?
Jean-Michel Décugis : Justement, justement, ce sont vos articles qui m’ont permis ce retour sur moi-même, un retour indispensable, douloureux, mais qui sonne comme une rédemption personnelle.
CC : Pouvez-vous être plus explicite ?
JMC : Dans le milieu je suis surnommé « MFN », alias « mister fake news », un surnom bien justifié mais parfois un peu dur à porter.
CC : Comment avez-vous survécu dans le milieu malgré cette réputation ?
JMC : Ce n’est pas malgré cette réputation, c’est même cette réputation qui me permet de retrouver des rédactions. Si Le Parisien m’a engagé avec mes nombreuses précédentes infox, c’est parce qu’ils savent que faute de matière j’invente et que je suis capable de mettre la vérité cul par-dessus tête pour aller dans le sens de la bien-pensance et du politiquement acceptable.
CC : Expliquez-vous.
JMC : Je prends un exemple, j’ai totalement inventé un témoignage dans Le Point lors d’une enquête sur les banlieues de l’immigration. Le Parisien le sait mais c’est pour cela même qu’ils m’ont permis d’enquêter sur le meurtre de Thomas à Crepol. Pour montrer que le vrai raciste c’est la victime et que les meurtriers sont d’une certaine façon les victimes.
Dans le milieu je suis surnommé « MFN », alias « mister fake news », un surnom bien justifié mais parfois un peu dur à porter.
CC : Cette déclaration ne va-t-elle pas nuire à la diffusion d’Une nuit en France, votre livre récent sur cette affaire ?
JMC : Pensez-vous ! Je passe partout à la radio, à la télévision, tous les médias de grand chemin me soutiendront et tous en connaissance de cause.
CC : Mais pourquoi rejoindre justement maintenant l’Observatoire du journalisme comme reporter ?
JMC : Les insomnies. Je ne dors plus, je cherche constamment quelque chose à inventer, je n’arrive plus à cacher le réel, c’est la panne sèche. Et aussi quelque chose qui commence à ressembler à du remords, je m’en rends compte maintenant. Je veux dormir la conscience tranquille et contribuer à votre travail salutaire. Ce sera mon Purgatoire et il est bienvenu. Bien entendu, comme reporter au sein de votre Observatoire du journalisme, je prends un virage à 180 degrés. Le réel, toujours le réel, tout le réel, rien que le réel. Parole de scout.
CC : Jean-Michel, ces paroles me vont droit au cœur et vous êtes adoubé. Vous me permettrez toutefois de vous imposer une période d’essai de trois mois du premier avril à fin juin où tous vos articles seront relus et vérifiés. Maintenant, au travail !
Voir aussi : Jean-Michel Décugis, portrait