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ENTRETIEN EXCLUSIF. « Un gouffre à argent public ! » : la charge au vitriol de Sarah Knafo contre l’audiovisuel public

25 août 2025

Temps de lecture : 7 minutes
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ENTRETIEN EXCLUSIF. « Un gouffre à argent public ! » : la charge au vitriol de Sarah Knafo contre l’audiovisuel public

Temps de lecture : 7 minutes

ENTRETIEN EXCLUSIF. « Un gouffre à argent public ! » : la charge au vitriol de Sarah Knafo contre l’audiovisuel public

C’était le 21 mai 2025. Ce jour-là, Sarah Knafo (Reconquête) dénonce au micro de Jean-Jacques Bourdin « l’abonnement forcé » payé par les ménages français à France Télévisions.

Une jolie enveloppe men­su­elle de « 83 euros » par ménage, et ce chaque année. Une petite bombe médi­a­tique. Sur les réseaux soci­aux, les inter­nautes sont furieux. Du côté de la presse, on tente coûte que coûte de débunker les dires de la députée européenne. L’affaire sera prise au sérieux même par les poli­tiques, l’ancienne min­istre Olivia Gré­goire se fen­dant d’un tweet pour étein­dre l’incendie.

Parce que la députée n’en est pas à sa pre­mière esto­cade con­tre l’audiovisuel pub­lic. Voilà des années qu’elle milite en effet pour la pri­vati­sa­tion de l’audiovisuel public.

Pour l’Observatoire du jour­nal­isme, Sarah Knafo revient en détail sur les raisons qui jus­ti­fient, selon elle, le besoin impérieux d’en finir rapi­de­ment avec l’audiovisuel public.

Vous avez récem­ment affir­mé au micro de Sud Radio que les Français paient 83 euros/mois chaque année à France TV. L’ancienne min­istre Olivia Gré­goire vous a répon­du, affir­mant que cela était faux puisque la rede­vance a été sup­primée. Com­ment êtes-vous arrivée à ce chiffre-là et que lui répondez-vous ?

Nous avons des min­istres qui ne savent pas compter. La loi de finances 2024 indique une dota­tion publique de 2,57 mil­liards d’euros pour France Télévi­sions. Selon l’INSEE, il y a 31 mil­lions de ménages en France. 2,57 mil­liards d’euros divisés par 31 mil­lions de ménages font 83 euros, en moyenne, par ménage. Si vous comptez la total­ité de l’audiovisuel pub­lic, et pas seule­ment France Télévi­sions, c’est 4 mil­liards d’euros, soit 130 euros par an et par ménage. C’est plus cher qu’un abon­nement à Net­flix, qui lui est volon­taire et résiliable.

Donc je réponds à madame Gré­goire que l’audiovisuel pub­lic reste à ce jour, en l’absence de tout bon sens, un ser­vice pub­lic et qu’à ce titre il est tou­jours financé par l’argent des Français. Elle croit sans doute que les admin­is­tra­tions sont financées par de l’argent mag­ique qui pousse dans les arbres ? Ce qui était hier financé par la rede­vance est aujourd’hui financé par tous nos impôts. La seule dif­férence, c’est que, désor­mais, même ceux qui n’ont pas de télévi­sion payent pour France Télévi­sions. Beau progrès !

Vous déclarez être pour la pri­vati­sa­tion de l’au­dio­vi­suel pub­lic. Mais s’il n’y a plus que des chaînes de télévi­sion privées, n’y a‑t-il pas un risque juste­ment de n’avoir qu’une offre ori­en­tée poli­tique­ment ? Quelle serait, selon vous, la TV idéale ?

Parce que vous trou­vez que France Télévi­sions n’est pas poli­tique­ment ori­en­tée ? Le para­doxe, c’est que, pré­cisé­ment, les chaînes du ser­vice pub­lic sont les plus ori­en­tées de toutes. France 2 et France 5 sont beau­coup plus mar­quées poli­tique­ment que ses con­cur­rentes directes TF1, Canal+ ou M6 par exemple.

France Télévi­sions a démon­tré que le ser­vice pub­lic n’est pas un gage de neu­tral­ité, ni de plu­ral­isme. Dès lors, ce ser­vice pub­lic n’a plus lieu d’être. Que fait France Télévi­sions que ne font pas les chaînes privées ? Qu’est-ce qui man­quera au paysage audio­vi­suel français si, demain, France Télévi­sions devient un groupe privé ? À mon avis, rien.

Je pense que ce n’est plus à l’État de s’occuper des pro­grammes de télévi­sion. La télévi­sion idéale ? Je suis pour la lib­erté, il faut beau­coup plus de lib­erté dans l’audiovisuel, notam­ment assou­plir les règles sur les temps de parole pour que les chaînes puis­sent inviter qui elles veulent.

Cela ne me dérange pas qu’il y ait des chaînes très à gauche, d’autres très à droite ou de toute ten­dance d’ailleurs. Tant qu’elles trou­vent leur pub­lic, leurs revenus et qu’elles respectent la loi, l’É­tat ne doit rien avoir à redire.

Ne trou­vez-vous pas cela nor­mal que les Français par­ticipent finan­cière­ment au finance­ment de leur audio­vi­suel public ?

Absol­u­ment pas ! En fait, je ne trou­ve même pas nor­mal qu’il existe encore un ser­vice pub­lic de l’audiovisuel. De sur­croît, il est tout à fait anor­mal qu’il ait besoin de 4 mil­liards d’euros d’argent pub­lic par an pour fonc­tion­ner, alors que ses con­cur­rents font des béné­fices avec des grilles de pro­grammes très sim­i­laires. Vous trou­vez des jeux, du diver­tisse­ment, du sport, de l’information aux mêmes horaires sur TF1 et sur France 2 par exem­ple. Mais l’un est rentable, l’autre est un gouf­fre à argent pub­lic. C’est indéfendable.

Sur les réseaux soci­aux et dans cer­tains médias de droite, nom­breux sont ceux qui se plaig­nent de ne pas vous voir, vous ou Eric Zem­mour, fréquem­ment invités sur le ser­vice pub­lic. Avez-vous égale­ment ce sen­ti­ment ? Si oui, com­ment l’expliquez-vous ?

En effet, l’étude des temps de parole sur le ser­vice pub­lic mon­tre une très nette sur­représen­ta­tion des respon­s­ables poli­tiques de gauche par rap­port à leur poids élec­toral et une nette sous-représen­ta­tion de la droite. Sans doute sim­ple­ment parce que les salles de rédac­tion sont de gauche.

Si une émis­sion se met­tait à nous inviter plus régulière­ment, peut-être aurait-elle une grève de jour­nal­istes sur les bras qui deman­deraient sa démis­sion ? Par ailleurs, le peu de fois où nous sommes invités, c’est tou­jours en ter­rain hos­tile. J’en sais quelque chose ! En réal­ité, cela ne me gêne pas du tout de répon­dre à des inter­views mus­clées : je pour­rais sans prob­lème aller me con­fron­ter à des jour­nal­istes d’extrême gauche. Ce n’est un prob­lème que parce que ces émis­sions sont financées par les impôts des Français.

Que pensez-vous de la recon­duc­tion de Del­phine Ernotte ? Ain­si que du pro­jet de hold­ing de Rachi­da Dati ?

Je pense que cette recon­duc­tion est un scan­dale. Madame Ernotte a con­tin­uelle­ment fait grimper la fac­ture de l’audiovisuel pub­lic depuis 10 ans. Elle a mis en place une poli­tique ouverte­ment dis­crim­i­na­toire con­tre les hommes blancs hétéro­sex­uels de plus de 50 ans. C’est elle qui le dit en ces ter­mes. Elle a mar­qué un virage woke, qu’elle assume fière­ment alors que les Français rejet­tent mas­sive­ment cette idéolo­gie. L’arrivée d’une min­istre de la Cul­ture, soi-dis­ant de droite, aurait dû per­me­t­tre un change­ment de ligne. Finale­ment, nous sommes restés sur la ligne de Rima Abdul Malak. C’est très décevant.

Je pense que le pro­jet de hold­ing de Rachi­da Dati n’a aucun intérêt. La seule dif­férence, c’est qu’il y aura un grand patron pour tout l’audiovisuel pub­lic en plus de celui de France Télévi­sions, de Radio France et de France Médias Monde. Madame Ernotte est déjà payée 400 000 euros par an, je n’ose imag­in­er le salaire de ce futur grand patron, payé avec nos impôts évidem­ment. Sans par­ler de son équipe, de ses locaux, etc.

Comme tou­jours avec les pro­jets de regroupe­ment de struc­tures publiques, on rajoute une couche sans rien sup­primer. On nous explique que c’est pour faire des économies, et à la fin cela coûte tou­jours plus cher.

Vous reprochez le biais idéologique de laudio­vi­suel pub­lic. Pensez-vous qu’il a fon­da­men­tale­ment un impact sur l’opin­ion des Français ?

Je pense que, par le passé, il a eu un impact énorme. Pas for­cé­ment dans les émis­sions poli­tiques d’ailleurs – car dans ce genre d’émissions, le sens cri­tique des Français est aux aguets –, je pense plutôt au traite­ment de l’actualité, aux mots employés pour décrire ou occul­ter le réel.

Avec le développe­ment des chaînes de la TNT et l’émergence de médias alter­nat­ifs, je pense que le pou­voir de l’audiovisuel pub­lic a con­sid­érable­ment diminué.

La preuve : le ser­vice pub­lic nous explique à longueur d’émissions que l’immigration est une chance pour la France et que le grand rem­place­ment n’existe pas. Pour­tant nous sommes une large majorité à rejeter l’immigration et à red­outer le grand remplacement.

Pensez-vous réelle­ment que la pri­vati­sa­tion de laudio­vi­suel pub­lic est une priorité ?

Oui, dans la mesure où le redresse­ment des comptes publics est une pri­or­ité, une urgence vitale même. Aucun effort de redresse­ment sérieux ne peut faire l’impasse sur un gise­ment de 4 mil­liards d’euros d’économies qui ne pénalis­era aucun Français ni la com­péti­tiv­ité des entre­pris­es. Si l’on ne fait pas cette économie-là, laque­lle ferons-nous ?

Pro­pos recueil­lis par Lorelei Bancharel

Red­if­fu­sion esti­vale. Pre­mière dif­fu­sion le 12 juil­let 2025. Chers lecteurs, notre rédac­tion prend une pause esti­vale. Du dimanche 27 juil­let au dimanche 31 août, nous vous pro­posons une sélec­tion des arti­cles et por­traits les plus mar­quants du pre­mier semestre.

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