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Delphine Ernotte au cœur du scandale de l’Eurovision Junior avec Christian Estrosi

4 juillet 2025

Temps de lecture : 3 minutes
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Delphine Ernotte au cœur du scandale de l’Eurovision Junior avec Christian Estrosi

Temps de lecture : 3 minutes

La prési­dente de France Télévi­sions, Del­phine Ernotte, a été placée en garde à vue le 30 juin 2025 à Mar­seille, dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de détourne­ment de fonds publics et de prise illé­gale d’intérêts liés à l’Eurovision Junior et au Nice Cli­mate Summit.

Delphine sous les projecteurs

Del­phine Ernotte aime les pro­jecteurs, elle a été servie ! Après son pas­sage remar­qué fin juin sur le plateau de Quo­ti­di­en, celle qui est patronne de France Télévi­sions depuis 2015, s’est retrou­vée dans l’actualité judi­ci­aire le 30 juin 2025, lorsqu’elle a été briève­ment placée en garde à vue à Mar­seille. Cette mesure s’inscrit dans une enquête de la juri­dic­tion inter­ré­gionale spé­cial­isée (JIRS) de la cité phocéenne, por­tant sur l’organisation de deux événe­ments majeurs à Nice en 2023 : le con­cours Euro­vi­sion Junior, retrans­mis par France Télévi­sions, et le Nice Cli­mate Sum­mit, coor­gan­isé par le média économique La Tribune.

Un bien étrange mélange des genres

Ces inves­ti­ga­tions, ouvertes pour des soupçons de « détourne­ment de fonds publics », « prise illé­gale d’intérêts » et « faux en écri­t­ure publique », visent notam­ment à éclair­cir les liens entre les sub­ven­tions accordées par la ville de Nice et les choix d’animation con­fiés à Lau­ra Tenoud­ji-Estrosi, jour­nal­iste mais surtout épouse du maire Chris­t­ian Estrosi.

L’enquête s’intéresse par­ti­c­ulière­ment au rôle de Del­phine Ernotte dans la déci­sion de con­fi­er à Lau­ra Tenoud­ji, chroniqueuse à Télé­matin sur France 2, la co-ani­ma­tion de la céré­monie d’ouverture de l’Eurovision Junior, événe­ment pour lequel la ville de Nice a ver­sé une sub­ven­tion de 605 000 euros. Les enquê­teurs cherchent à déter­min­er si cette sélec­tion rel­e­vait d’une déci­sion interne à France Télévi­sions ou si elle découlait d’un accord implicite avec la munic­i­pal­ité, dirigée par Chris­t­ian Estrosi. Ce dernier, égale­ment placé en garde à vue avec son épouse, a vu sa mesure lev­ée sans pour­suites immé­di­ates, tout comme Del­phine Ernotte, qui est ressor­tie libre et sans charges retenues, selon son entourage.

Tirez sur le fil des financements…

France Télévi­sions, sous la direc­tion d’Ernotte, a réa­gi par un com­mu­niqué con­fir­mant la con­vo­ca­tion de sa prési­dente et de plusieurs salariés du groupe. Le groupe pub­lic a assuré sa pleine col­lab­o­ra­tion avec la jus­tice, tout en pré­cisant qu’il réserverait ses expli­ca­tions aux autorités judi­ci­aires. Cette affaire, qui touche égale­ment d’autres événe­ments comme les Fêtes de la musique 2018 et 2019 à Nice, met en lumière les liens com­plex­es et par­fois inces­tueux entre le ser­vice pub­lic audio­vi­suel et cer­taines col­lec­tiv­ités locales. Les inves­ti­ga­tions, élar­gies après des sig­nale­ments d’élus écol­o­gistes niçois et d’un fonc­tion­naire anonyme, soulèvent des ques­tions sur la trans­parence des finance­ments publics et les éventuels con­flits d’intérêts.

Del­phine Ernotte qui fait face à un mou­ve­ment de grève con­tre la réforme de l’audiovisuel pub­lic se retrou­ve ain­si dans une posi­tion déli­cate. Si aucune charge n’a été retenue con­tre elle à ce stade, l’affaire pour­rait ternir son image, alors que son man­dat a déjà été mar­qué par des con­tro­ver­s­es sur sa ges­tion humaine et les ori­en­ta­tions édi­to­ri­ales du groupe. Les avo­cats des mis en cause, dont celui d’Ernotte, dénon­cent une instru­men­tal­i­sa­tion poli­tique, soulig­nant le rôle des élus d’opposition à l’approche des échéances élec­torales de 2026. Le par­quet de Mar­seille, qui dis­pose d’un délai de deux mois pour décider des suites à don­ner, main­tient pour l’heure une dis­cré­tion sur l’avancement de l’enquête.

Alors que l’enquête suit son cours, la prési­dente du groupe pub­lic fraîche­ment recon­duite à la tête de France Télévi­sions pour un troisième man­dat devra démon­tr­er que ses déci­sions étaient guidées par l’intérêt général, loin des soupçons de favoritisme.

Voir aus­si : Del­phine Ernotte, portrait

Rodolphe Cha­la­mel

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