La présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, a été placée en garde à vue le 30 juin 2025 à Marseille, dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de détournement de fonds publics et de prise illégale d’intérêts liés à l’Eurovision Junior et au Nice Climate Summit.
Delphine sous les projecteurs
Delphine Ernotte aime les projecteurs, elle a été servie ! Après son passage remarqué fin juin sur le plateau de Quotidien, celle qui est patronne de France Télévisions depuis 2015, s’est retrouvée dans l’actualité judiciaire le 30 juin 2025, lorsqu’elle a été brièvement placée en garde à vue à Marseille. Cette mesure s’inscrit dans une enquête de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de la cité phocéenne, portant sur l’organisation de deux événements majeurs à Nice en 2023 : le concours Eurovision Junior, retransmis par France Télévisions, et le Nice Climate Summit, coorganisé par le média économique La Tribune.
Un bien étrange mélange des genres
Ces investigations, ouvertes pour des soupçons de « détournement de fonds publics », « prise illégale d’intérêts » et « faux en écriture publique », visent notamment à éclaircir les liens entre les subventions accordées par la ville de Nice et les choix d’animation confiés à Laura Tenoudji-Estrosi, journaliste mais surtout épouse du maire Christian Estrosi.
L’enquête s’intéresse particulièrement au rôle de Delphine Ernotte dans la décision de confier à Laura Tenoudji, chroniqueuse à Télématin sur France 2, la co-animation de la cérémonie d’ouverture de l’Eurovision Junior, événement pour lequel la ville de Nice a versé une subvention de 605 000 euros. Les enquêteurs cherchent à déterminer si cette sélection relevait d’une décision interne à France Télévisions ou si elle découlait d’un accord implicite avec la municipalité, dirigée par Christian Estrosi. Ce dernier, également placé en garde à vue avec son épouse, a vu sa mesure levée sans poursuites immédiates, tout comme Delphine Ernotte, qui est ressortie libre et sans charges retenues, selon son entourage.
Tirez sur le fil des financements…
France Télévisions, sous la direction d’Ernotte, a réagi par un communiqué confirmant la convocation de sa présidente et de plusieurs salariés du groupe. Le groupe public a assuré sa pleine collaboration avec la justice, tout en précisant qu’il réserverait ses explications aux autorités judiciaires. Cette affaire, qui touche également d’autres événements comme les Fêtes de la musique 2018 et 2019 à Nice, met en lumière les liens complexes et parfois incestueux entre le service public audiovisuel et certaines collectivités locales. Les investigations, élargies après des signalements d’élus écologistes niçois et d’un fonctionnaire anonyme, soulèvent des questions sur la transparence des financements publics et les éventuels conflits d’intérêts.
Delphine Ernotte qui fait face à un mouvement de grève contre la réforme de l’audiovisuel public se retrouve ainsi dans une position délicate. Si aucune charge n’a été retenue contre elle à ce stade, l’affaire pourrait ternir son image, alors que son mandat a déjà été marqué par des controverses sur sa gestion humaine et les orientations éditoriales du groupe. Les avocats des mis en cause, dont celui d’Ernotte, dénoncent une instrumentalisation politique, soulignant le rôle des élus d’opposition à l’approche des échéances électorales de 2026. Le parquet de Marseille, qui dispose d’un délai de deux mois pour décider des suites à donner, maintient pour l’heure une discrétion sur l’avancement de l’enquête.
Alors que l’enquête suit son cours, la présidente du groupe public fraîchement reconduite à la tête de France Télévisions pour un troisième mandat devra démontrer que ses décisions étaient guidées par l’intérêt général, loin des soupçons de favoritisme.
Voir aussi : Delphine Ernotte, portrait
Rodolphe Chalamel