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Réactions en chaîne, le service public audiovisuel sous pression

4 octobre 2025

Temps de lecture : 6 minutes
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Réactions en chaîne, le service public audiovisuel sous pression

Temps de lecture : 6 minutes

Réactions en chaîne, le service public audiovisuel sous pression

Une majorité de Français soupçon­naient bien un cer­tain par­ti pris de l’au­dio­vi­suel pub­lic. Mais c’est une chose que de sup­pos­er une incli­nai­son à gauche, c’en est une autre que d’en avoir con­fir­ma­tion en enten­dant les choses exprimées sans ambiguïté pos­si­ble. Et c’est pourquoi la vidéo dif­fusée par L’In­cor­rect entraîne des réac­tions en chaîne.

Les regards se tournent vers l’ARCOM

Ironie de la sit­u­a­tion, il se trou­ve que Rachi­da Dati, ciblée dans la vidéo par Thomas Legrand et Patrick Cohen dans ses ambi­tions pour la mairie de Paris, et qui par ailleurs avait déjà eu maille à par­tir avec Patrick Cohen sur le plateau de France 5, se trou­ve aus­si être la min­istre de tutelle de l’au­dio­vi­suel public.

Or Rachi­da Dati récla­mait depuis des mois « une exem­plar­ité absolue » du ser­vice pub­lic et pous­sait l’AR­COM à impos­er ses règles. Et elle a réa­gi vive­ment à la dif­fu­sion de la vidéo, à la fois comme per­son­nal­ité poli­tique ciblée et comme min­istre de tutelle.

Par ailleurs, la pres­sion monte aus­si au Sénat, où un groupe de par­lemen­taires LR a écrit une let­tre ouverte à Mar­tin Ajdari, prési­dent de l’AR­COM, lui deman­dant « une réponse forte, appuyée sur des mesures con­crètes » afin de « restau­r­er la con­fi­ance des Français ».

L’ARCOM a donc audi­tion­né à huis clos les prési­dentes de France TV et de Radio France. À la suite de ces audi­tions, l’Au­torité a évac­ué le cas des 2 jour­nal­istes en esti­mant que l’ap­pré­ci­a­tion de leur déon­tolo­gie pro­fes­sion­nelle rel­e­vait des employeurs.

En revanche, elle a annon­cé le lance­ment d’un tra­vail des­tiné « à objec­tiv­er la portée con­crète de l’ex­i­gence d’impartialité s’appliquant spé­ci­fique­ment au ser­vice pub­lic de l’audiovisuel ». De plus, une étude sera lancée sur les attentes du pub­lic en la matière. Enfin, les dis­posi­tifs et out­ils exis­tants et visant à assur­er l’indépen­dance et l’im­par­tial­ité des chaînes et antennes du ser­vice pub­lic seront passés en revue et le cas échéant complétés.

Lorsque la sit­u­a­tion se tend, il est logique que l’au­torité de régu­la­tion soit sol­lic­itée pour arbi­trage. Mais, si l’AR­COM s’est cette fois décidé à se pencher sur la ques­tion de l’im­par­tial­ité du ser­vice pub­lic, c’est bien con­traint et for­cé par les événe­ments, et après avoir déjà esquivé le sujet. Peu d’espoir de ce côté-là.

Voir aus­si : Prési­dent “woke”, guerre con­tre Bol­loré… Cinq choses à savoir sur l’ARCOM

L’OJIM en lanceur d’alertes

Rap­pelons que l’O­JIM et 3 autres asso­ci­a­tions avaient saisi l’AR­COM en 2024 pour obtenir une juste représen­ta­tion des courants d’opin­ions dans un cer­tain nom­bre de télévi­sions et radios, notam­ment du ser­vice public :

Mais cette requête avait été rejetée par l’AR­COM, puis par le Con­seil d’État :

Bien enten­du, l’O­JIM ne man­quera pas de suiv­re le résul­tat des travaux que l’AR­COM vient de lancer, même si mal­heureuse­ment les précé­dents en la matière augurent mal d’une volon­té et capac­ité à aboutir.

Voir aus­si : L’ARCOM pro­tège les men­songes sur Char­lie Kirk… Qui pro­tège l’OJIM ?

Commission d’enquête parlementaire

Il en va de même à l’Assem­blée nationale où le groupe UDR d’Éric Ciot­ti a demandé la créa­tion d’une com­mis­sion d’en­quête sur la neu­tral­ité de l’au­dio­vi­suel public.

Cette com­mis­sion d’en­quête devrait s’in­téress­er à cer­taines nom­i­na­tions, par exem­ple celle de Stéphane Sit­bon-Gomez comme directeur des antennes et pro­grammes de France TV, alors qu’il avait précédem­ment occupé les fonc­tions de directeur de cab­i­net de Cécile Duflot et de directeur de cam­pagne d’E­va Joly.

Il est aus­si prévu que la com­mis­sion audi­tionne plusieurs fig­ures de l’au­dio­vi­suel pub­lic, les noms de Mar­tin Ajdari, Del­phine Ernotte, Patrick Cohen, Léa Salamé, Car­o­line Roux, Élise Lucet, Adèle Van Reeth sont cités, ce qui devrait don­ner une cer­taine réso­nance à ses travaux.

Les emmerdes volent en escadrille (Jacques Chirac)

Un souci n’ar­rivant jamais seul, la Cour des comptes a pub­lié le 23 sep­tem­bre son rap­port de con­trôle sur France TV.

Paul Amar, et d’autres avec lui, ont estimé que ce rap­port était prêt dès le mois de mai, mais que sa pub­li­ca­tion avait été retardée afin de ne pas gên­er la recon­duc­tion de D. Ernotte à la tête de France TV. Mais quoi qu’il en soit, cette pub­li­ca­tion tombe mal pour l’au­dio­vi­suel pub­lic, l’ir­re­spon­s­abil­ité finan­cière venant s’a­jouter à la par­tial­ité politique.

Ce n’est pas la pre­mière fois que la Cour des comptes épin­gle une mau­vaise ges­tion de l’au­dio­vi­suel pub­lic. Le dernier rap­port sur Radio France de jan­vi­er 2025 rel­e­vait déjà une ges­tion des ressources humaines prob­lé­ma­tique. Et ce nou­veau rap­port sur France TV évoque notam­ment « une sit­u­a­tion finan­cière préoc­cu­pante » et « une réno­va­tion du cadre social qui est indis­pens­able à la per­for­mance de l’entreprise ».

Voir aus­si : Des rémunéra­tions « éton­nantes », des mil­lions d’euros de frais… Le rap­port cinglant qui acca­ble France Télévisions

Cer­taines per­son­nal­ités poli­tiques se sont empressées de deman­der la pri­vati­sa­tion, arguant que l’au­dio­vi­suel n’est pas un domaine où la présence d’un ser­vice pub­lic se jus­ti­fie. D’autres deman­dent que soient mieux définies les oblig­a­tions de ser­vice pub­lic, qui doivent être la con­trepar­tie des avan­tages dont béné­fi­cie led­it ser­vice public.

Affaire Legrand-Cohen, un symptôme ?

Cette affaire lais­sera durable­ment des traces ; car la vidéo dif­fusée con­tient au moins trois sujets marquants.

Le pre­mier sujet est la con­nivence entre jour­nal­istes et respon­s­ables poli­tiques. Cette con­nivence ressem­ble à une com­plic­ité qui est totale­ment naturelle et intéri­or­isée, où T. Legrand met le ser­vice pub­lic au ser­vice de la stratégie élec­torale social­iste ; tout d’abord en assur­ant ses inter­locu­teurs que France Inter pour­ra ral­li­er l’élec­torat cen­triste à une can­di­da­ture Glucks­mann ; et ensuite en pro­posant spon­tané­ment ses ser­vices et ceux de P. Cohen, sur un mode com­plice, afin de neu­tralis­er R. Dati et de franchir ain­si l’ob­sta­cle de l’élec­tion munic­i­pale parisienne.

Le deux­ième sujet qui inter­pelle, c’est la grande con­fi­ance, pour ne pas dire le sen­ti­ment de toute-puis­sance, qui habite le jour­nal­iste. Celui-ci n’a aucun doute sur la puis­sance de l’outil médi­a­tique dont il dis­pose. Oui, France Inter a une forte audi­ence sur le cen­tre gauche et le cen­tre droit. Oui, il va enfon­cer Rachi­da Dati ; oui, il pour­rait ral­li­er une par­tie du marais cen­triste à Raphaël Glucks­mann. Sans doute a‑t-il de bonnes raisons de croire à l’im­pact des médias sur les événe­ments, et la vidéo mon­tre une per­son­ne qui n’a aucun doute sur son influence.

Au-delà du par­ti pris de gauche, le troisième sujet d’é­ton­nement est de voir un Thomas Legrand qui n’est pas seule­ment obser­va­teur, mais qui se voudrait aus­si acteur et stratège de la poli­tique. Il recom­pose le paysage, élar­git le champ poli­tique « de Ruf­fin à Can­fin », recen­tre Glucks­man, et se fait fort de faire avaler le tout aux audi­teurs de France Inter… Ce numéro de stratégie sur tapis vert peut faire sourire.

Mais il mon­tre en fait un jour­nal­iste trop vite aspiré par la cui­sine poli­tique et qui ne garde pas – et depuis longtemps – la dis­tance néces­saire à l’ex­er­ci­ce de son méti­er. Com­ment dans ces con­di­tions peut-il ren­dre compte des événe­ments avec le recul indis­pens­able ? Thomas Legrand sera absous par le médi­a­teur de Radio France, qui s’en éton­nera ? Mais il est bel et bien carbonisé.

Voir aus­si : Thomas Legrand, portrait

Francesco Bar­goli­no

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