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Iryna Zarutska, le meurtre raciste anti-blanc dont on ne parle pas assez

19 septembre 2025

Temps de lecture : 5 minutes
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Iryna Zarutska, le meurtre raciste anti-blanc dont on ne parle pas assez

Temps de lecture : 5 minutes

Iryna Zarutska, le meurtre raciste anti-blanc dont on ne parle pas assez

Nuançons d’emblée ce titre. Le meurtre d’Iryna Zarut­ska a été cou­vert par la presse française. En revanche, le mobile et surtout le pro­fil de son tueur l’ont moins été. Comme à chaque fois, du reste, qu’un non-Blanc tue un Blanc.

C’est un individu, un assaillant, un homme. Que dis-je, un homme ? C’est un sans-abri

Les ficelles de cer­tains médias com­men­cent à être con­nues. Lorsque le pro­fil d’un meur­tri­er ne leur con­vient pas, ils ne l’évoquent pas. Ain­si pour Le Parisien, Iry­na Zarut­ska a été « tuée dans un tramway », « poignardée ». Il faut arriv­er à la dernière phrase de l’article pour appren­dre que « Don­ald Trump a réclamé la peine cap­i­tale pour l’auteur pré­sumé des faits, Decar­los Brown, un homme afro-améri­cain de 34 ans con­damné à de mul­ti­ples repris­es par le passé. » Le Figaro par­le d’un « SDF », d’un « homme », d’un « sans-abri au lourd passé crim­inel décrit comme souf­frant de trou­bles psy­chi­a­triques », d’un « assail­lant ». Paris Match ou TF1 évi­tent eux aus­si la fameuse infor­ma­tion. L’omerta en est par­fois grotesque, comme dans l’article de 20 Min­utes, qui explique dans son chapô qu’« une nou­velle affaire remet les ten­sions raciales au cœur du débat poli­tique améri­cain, alors que Don­ald Trump demande la peine de mort pour celui qui a tué une réfugiée ukraini­enne ». À ce stade, si vous n’avez pas appris par un autre biais que le meur­tri­er est afro-améri­cain, vous ne com­prenez pas pourquoi l’affaire réveille des ten­sions raciales. Même le Jour­nal du Dimanche, qu’on peut dif­fi­cile­ment accuser d’être acquis à la bien-pen­sance, priv­ilégie la notion de sans-abri. Autrement dit, l’interdiction de don­ner l’ethnie d’un tueur lorsqu’il n’est pas blanc est pleine­ment inté­grée par les médias, au point d’être par­fois inconsciente.

D’accord, il est afro-américain. Mais saviez-vous qu’il était déséquilibré ?

RTL men­tionne égale­ment « un homme », mais pré­cise dans un deux­ième temps qu’il est afro-améri­cain. En revanche, l’article décrit aus­sitôt ses « trou­bles men­taux ». Il insiste ensuite sur l’argument bien con­nu du déséquili­bré, en expli­quant que « L’auteur pré­sumé du crime est Decar­los Brown Jr., 34 ans, déjà con­damné plusieurs fois et atteint de trou­bles psy­chiques depuis plusieurs années ». L’article men­tion­nera ensuite l’assassin comme « le trente­naire » ou « le récidi­viste », un « sans-abri ». Il racon­tera com­bi­en il avait changé en sor­tant d’une peine de cinq ans de prison pour devenir vio­lent. BFM TV suiv­ra très exacte­ment le même canevas.

Un crime raciste ? Où ça ?

Au vu des dif­fi­cultés qu’ont les médias à admet­tre que le tueur d’Iryna Zarut­ska est afro-améri­cain, il n’est guère éton­nant qu’ils ne men­tion­nent pas son mobile. « Got that white girl », a grom­melé le meur­tri­er en tra­ver­sant la rame, avec son couteau et son sweat plein de sang. Le mobile raciste ne sera cepen­dant pas repris, et la phrase même pas évo­quée dans la plu­part des arti­cles. Pour Le Parisien, Iry­na Zarut­ska a « été tuée sans rai­son par un déséquili­bré au lourd passé judi­ci­aire » dans une « vio­lente et prob­a­ble­ment aléa­toire attaque au couteau ». Paris Match évoque une attaque « sans rai­son appar­ente ». Aucun média ne pré­cis­era non plus qu’à quelques mètres d’Iryna se trou­vaient trois ou qua­tre per­son­nes, toutes noires, et qu’aucune ne s’est lev­ée pour aider la vic­time, alors même que le meur­tri­er était immé­di­ate­ment par­ti. Iry­na a vécu ses derniers instants seule, prostrée sur un siège de métro, au milieu d’une indif­férence coupable. On ne dira pas crim­inelle, car il est pos­si­ble qu’aucune assis­tance n’aurait pu la sauver.

La récupération, toujours la récupération

L’autre anti­enne des médias, c’est de dénon­cer la récupéra­tion, et Le Parisien s’y emploie : « L’affaire Iry­na Zarut­ska qui enflamme l’Amérique depuis plusieurs jours prend un tour­nant com­plète­ment poli­tique depuis sa récupéra­tion par le locataire de la Mai­son-Blanche. » Il ira jusqu’à décrire le crime comme un « effet d’aubaine ». Au Figaro, on pointe la défi­ance des médias. Il faut rap­pel­er ici la vague médi­a­tique inter­na­tionale provo­quée par la mort de Georges Floyd, délin­quant mul­ti­ré­cidi­viste décédé d’une over­dose lors d’une inter­pel­la­tion poli­cière. À l’époque, la cul­pa­bil­ité du polici­er ayant procédé à l’interpellation – avec des méth­odes assez vio­lentes au demeu­rant – ne fai­sait de doute pour per­son­ne. Après la mort d’Iryna Zarut­ska, cer­tains se sont donc plaints du silence des médias, l’attribuant au fait que, cette fois, un Noir avait tué une Blanche, et non l’inverse. Le Figaro note « un flot de cri­tiques con­tre les médias ». On apprend dans l’article qu’après avoir été accusés de ne pas cou­vrir le meurtre, les médias nationaux améri­cains l’ont finale­ment fait le 8 sep­tem­bre – les vidéos de l’assassinat ont été pub­liées le 5 – en dénonçant la récupéra­tion. Si on par­le, on vous accusera. Pile, je gagne, face, tu perds. Au reste, les images de vidéo­sur­veil­lance ne devaient pas être dif­fusées, offi­cielle­ment par respect pour la famille.

You are the media now

Plus les citoyens, qu’ils soient Améri­cains, Bri­tan­niques ou Français, s’insurgent con­tre la réal­ité défor­mée que leur livrent les médias, plus ces derniers les accusent de récupéra­tion. La méth­ode ne sera pas éter­nelle. Sur les réseaux soci­aux, des comptes de plus en plus nom­breux et influ­ents dénon­cent cette omer­ta, forçant les médias à se saisir des affaires. Or, pour dénon­cer la récupéra­tion, il faut bien dire ce qui s’est passé. Et le meurtre d’une jeune réfugiée ukraini­enne par un Afro-Améri­cain mul­ti­ré­cidi­viste, cela peut cho­quer tout le monde, même si l’on dénonce la récupéra­tion de l’extrême droite juste après.

Adélaïde Motte

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