Omniprésent dans les médias français depuis son élection, Donald Trump a fait l’objet d’une hostilité quasi-générale. Mais il semble que cette situation soit en train d’évoluer. Pendant ce temps, la presse de gauche reste généralement figée dans son immobilisme et n’aide pas ses lecteurs à décrypter le monde tel qu’il va.
Présence médiatique maximale, mais uniquement à charge
Depuis sa prise de fonction le 20 janvier dernier, c’est peu dire que le nouveau président américain est très présent dans les médias français. La plateforme Tagaday, qui mesure la présence médiatique, dénombre que le président américain est deux fois plus cité qu’Emmanuel Macron ; du jamais vu, dans la mesure où la première place de ce classement était systématiquement occupée par le président français en exercice.
Mais si les médias ont parlé abondamment du nouveau président américain, c’est avec une hostilité permanente et parfois caricaturale, D. Trump étant rendu responsable des désordres mondiaux dès les premiers jours de son mandat.
En plus de ce parti pris qui fausse la perception des évènements, les médias n’ont que trop rarement adopté la bonne grille de lecture. Il faut considérer que ce qui, dans l’action de Trump, peut bousculer et entrainer certaines remises en cause, pour les pays européens notamment, peut aussi être simplement positif pour l’Amérique. L’orientation avait pourtant été annoncée de manière on ne peut plus claire dans le slogan « America first ». Parfois, il suffit de lire au premier degré.
À plusieurs reprises, l’OJIM s’était fait l’écho de cette lecture biaisée de l’actualité américaine par les médias français :
- « Il sème le chaos, il parle comme Hitler »… Comment Donald Trump fait trembler les médias français
- LCI, franche cacophonie autour de Trump
- Les médias de grand chemin et la chasse au Trump (juste après son élection)
Prémices d’un changement de ton
Sept mois après la prise de fonction semblent un délai raisonnable pour tenter d’y voir plus clair. Et là, surprise, plusieurs médias vantent les premiers succès de l’administration Trump.
Dans son numéro du 24 août, le JDNews consacre sa une et un dossier à : « Trump : pourquoi ça marche ! ». Sont notamment développés dans ce dossier :
- les mesures fiscales permettant une amélioration du pouvoir d’achat des classes moyennes ;
- les coupes franches et les réductions d’effectifs dans le budget de l’État fédéral ;
- la protection de l’industrie locale par l’augmentation des tarifs douaniers, et la volonté de rééquilibrer les échanges et de mettre fin à « la concurrence déloyale » ;
- la lutte contre l’immigration clandestine qui enregistre des résultats spectaculaires avec des entrées illégales divisées par deux, des expulsions accélérées et un solde migratoire qui devrait être négatif cette année ;
- la bataille culturelle contre toutes les formes de wokisme dans la culture et l’enseignement, qui par effet d’entrainement se développe maintenant au sein du secteur privé ;
- dernier point, et non des moindres, la scène internationale où les États-Unis imposent leur tempo diplomatique et se font respecter.
De façon encore marginale, d’autres médias, Boulevard Voltaire par exemple, soulignent les succès dans la lutte contre l’immigration illégale, la lutte résolue contre la culture woke, la manière dont D. Trump s’est imposé aux dirigeants européens. Boulevard Voltaire relève aussi que le nouveau président suit une ligne politique claire et fait simplement ce qu’il s’était engagé à faire.
Le Figaro sait aussi parfois reconnaître les réussites, même si c’est avec certaines réserves. Par exemple, dans un article intitulé « Europe, Moyen-Orient, Afrique… D. Trump se voit en pacificateur en chef du monde », le journal estime que « la diplomatie trumpienne, menée de façon personnelle, a permis au président américain de remporter une série de succès diplomatiques, mais porte en elle-même ses propres limites ».
La presse de gauche toujours à l’arrêt
Dans le même temps, la presse de gauche reste immobile et figée dans ses postures morales habituelles.
Dans un article plein de parti pris paru dans Le Nouvel Obs, « Trump, l’homme-sandwich des dictateurs », Marie-Cécile Naves passe en revue six conflits dans lesquels Trump est intervenu ; il y est accusé pêle-mêle d’une vision court-termiste, de ne pas avoir réglé les conflits sur le fond, d’avoir voulu favoriser des entreprises américaines, de nourrir une stratégie de propagande, d’avoir privilégié la forme au fond, d’avoir escamoté certaines questions difficiles… N’en jetez plus ! L’auteure préfèrerait-elle que les hostilités reprennent ?
Pour Médiapart, l’actualité internationale sur tous les continents se lit à l’aune d’une grille de lecture anti-Trump. Par exemple, voici les titres de trois articles récents :
- « Face à Trump, une Europe sans boussole » ; comme si l’Union européenne avait attendu le grand méchant Trump pour montrer une certaine absence de cohésion.
- « Gaza ; Trump se met au service de Netanyahou » ; comme si les États-Unis étaient dans tous les cas les simples obligés d’Israël (les relations sont plus complexes) et que l’armée américaine préparait l’occupation de Gaza.
- « En Chine, Xi Jinping met en scène un front anti-Trump avec Poutine et Modi » ; comme si le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai qui réunit depuis 2001 la Chine, l’Inde, la Russie et 8 autres États asiatiques n’avait pas eu d’autres préoccupations que de « mettre en scène un front anti-Trump ».
Cette obsession à introduire Trump dans tous les sujets démontrerait plutôt, en creux, la place retrouvée de l’Amérique sur la scène internationale.
Enfin, Libération focalise sur les démêlés du président avec certains hauts responsables de l’administration. Voici par exemple le titre de quelques articles, dont le contenu est à l’avenant : « Chasse aux sorcières : D. Trump vire la directrice de la principale agence de santé américaine », et « Limogeage, démissions, pressions : aux États-Unis, la santé publique plus que jamais sous la botte des antivax ». Il faut préciser que Susan Monarez, à la tête de l’agence de prévention des maladies, s’opposait aux directives de son ministre de tutelle.
Ou encore, toujours dans Libération : « Donald Trump annonce limoger une gouverneure de la Banque centrale américaine, elle refuse de quitter son poste ».
Ces épisodes sont plutôt le signe d’une détermination et d’une capacité à agir retrouvée du politique face à l’administration, ce qui devrait, au moins à ce titre, être salué par la presse de gauche.
À la fin, qui croire ?
Alors qui faut-il croire ? ceux qui continuent à dénoncer un personnage autoritaire, brutal, vaniteux, qui n’a de cesse d’imposer ses règles ? ou ceux qui, en s’appuyant sur les faits, constatent les premiers résultats tangibles d’une politique menée tambour battant ? Les deux points de vue ont certainement une assez large part de vérité.
Reste à savoir ce qu’il faut attendre d’un chef d’État ? avoir une personnalité et un comportement irréprochable ou obtenir des résultats en phase avec ses engagements…
Francesco Montero


















