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Rebelle, politiquement engagée… Cinq choses à savoir sur Anna Wintour, la papesse de la mode

7 septembre 2025

Temps de lecture : 8 minutes
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Rebelle, politiquement engagée… Cinq choses à savoir sur Anna Wintour, la papesse de la mode

Temps de lecture : 8 minutes

Rebelle, politiquement engagée… Cinq choses à savoir sur Anna Wintour, la papesse de la mode

Si le monde de la mode avait une reine, elle le serait incontestablement.

Anna Win­tour, 75 ans, vient de quit­ter la direc­tion de Vogue US, qu’elle occu­pait depuis 1988, soit près de 40 ans. Cette femme à l’allure mys­térieuse et impas­si­ble excite depuis de nom­breuses années la curiosité des tabloïds. Mais qui se cache véri­ta­ble­ment der­rière ce car­ré impec­ca­ble et ces lunettes noires ?  5 choses vous fer­ont mieux con­naître cette actrice iconique de la presse féminine.

Anna Wintour, ou la discipline à l’anglaise

L’une des car­ac­téris­tiques pre­mières que l’on con­naît à Anna Win­tour, c’est bien sa rigueur et son sérieux, jusque dans les moin­dres détails. À com­mencer par sa coupe de cheveux, recon­naiss­able entre mille au pre­mier rang des défilés, qui n’a pas changé depuis ses 14 ans. La reine de la mode s’est imposée au fil du temps par son exi­gence inci­sive, que l’on peut remar­quer si l’on con­naît son emploi du temps. Lev­ée à 5 heures du matin, Anna Win­tour ne perd pas une sec­onde de sa journée en futil­ité : pas d’alcool ni de smart­phone, on ne la voit pas plus longtemps d’une ving­taine de min­utes en soirée mondaine. Et pour cause, elle se couche chaque soir à 22h15 pré­cis­es. L’exigence de cette vie réglée comme du papi­er à musique, elle l’impose aus­si à son entourage, et notam­ment ses assis­tants, qui sont quo­ti­di­en­nement à ses côtés pour obéir à ses moin­dres deman­des. Et si cela vous fait penser au per­son­nage d’un film célèbre, ce n’est pas anodin.

En effet, en 2006 sort au ciné­ma Le Dia­ble s’habille en Pra­da. Inspiré du roman éponyme, il racon­te la vie d’Andrea Sachs, assis­tante de Miran­da Priest­ly, rédac­trice en chef du mag­a­zine Run­way. Les deman­des capricieuses de cette dernière mènent la vie dure à la jeune femme, mon­trant ce monde ter­ri­ble­ment cru­el qu’est celui de la mode. Et cette his­toire est écrite par… l’ex-assistante d’Anna Win­tour, Lau­ren Weis­berg. Bien qu’elle ait tou­jours nié s’être inspirée de son anci­enne patronne pour créer le per­son­nage de Miran­da, on peut imag­in­er qu’elle tire de sa pro­pre expéri­ence quelques sou­venirs et anec­dotes du roman. « J’apprécie tou­jours une œuvre de fic­tion. Je n’ai pas encore décidé si je vais le lire ou non », avait déclaré Anna Win­tour au New York Times, inter­rogée au moment de la sor­tie du livre. Aujourd’hui, un sec­ond volet du film est en pré­pa­ra­tion, et nul doute que les regards se tourneront encore vers elle. 

Rebelle dans l’âme

On la surnomme « Nuclear Win­tour » (de « nuclear win­ter » ou « l’hiver nucléaire ») à cause de sa froideur légendaire, mais elle n’en demeure pas moins une rebelle, si l’on en croit son par­cours. Élève dans une école bri­tan­nique stricte, Anna Win­tour porte un uni­forme qui ne lui plaît vis­i­ble­ment pas, puisqu’elle décide de rac­cour­cir ses jupes elle-même pour les ren­dre plus à son goût. Une façon de faire qui se con­firme lorsqu’elle refuse d’aller à l’université pour tra­vailler directe­ment dans la mode, ou qu’elle quitte son Angleterre natale pour décou­vrir New York en 1975.

À son arrivée aux États-Unis, son car­ac­tère inno­vant et vision­naire se retrou­ve chez Harper’s Bazaar, alors qu’elle occupe le poste de rédac­trice adjointe de la mode : après avoir sug­géré des change­ments de for­mat pour les pho­togra­phies, la jeune femme se voit licen­ciée neuf mois seule­ment après son arrivée dans le mag­a­zine. Dès ses débuts, Anna Win­tour com­prend ain­si que l’univers de la presse de mode est impi­toy­able, et qu’il lui fau­dra un men­tal d’acier pour réus­sir à attein­dre son objec­tif : devenir rédac­trice en chef du mag­a­zine Vogue.

Cette même époque aurait été, pour Anna Win­tour, celle d’une idylle avec Bob Mar­ley, le temps d’une semaine dans une des­ti­na­tion restée secrète. Une aven­ture fan­tasque, que l’intéressée a réfutée dans une inter­view sur le plateau de James Cor­den en 2017, déclarant avec humour : « Je suis con­tente que vous me posiez cette ques­tion car c’est une fausse rumeur. Je n’ai jamais vrai­ment ren­con­tré Bob Mar­ley. Je suis vrai­ment désolée de vous décevoir. »

Une passion : le tennis

Quand elle n’est pas en front row d’un défilé de mode, la grande prêtresse de la mode n’en demeure pas moins une adepte des gradins, cette fois pour un tout autre spec­ta­cle : le ten­nis. En effet, Anna Win­tour est une pas­sion­née de ce sport, qu’elle pra­tique quo­ti­di­en­nement : chaque matin, il fait par­tie de sa rou­tine pour bien com­mencer sa journée. On peut égale­ment l’apercevoir dans le pub­lic de tournois inter­na­tionaux, aux côtés de son fils, ou d’autres stars du show­biz. Elle ne manque qua­si­ment jamais l’US Open, et vient quelques fois à Roland Gar­ros à Paris, ou bien Wim­ble­don, dans la ban­lieue de Londres.

Elle s’est aus­si liée d’amitié avec cer­tains joueurs, comme Roger Fed­er­er : lorsqu’il prend sa retraite en sep­tem­bre 2022, elle rend hom­mage au joueur suisse dans son édi­to men­su­el pour Vogue, et revient sur sa bril­lante car­rière internationale :

« Je veux lever une raque­tte pour Roger, dans le respect, l’e­spoir et la grat­i­tude ».

Une activ­ité physique qui lui per­met ain­si de s’aérer l’esprit, dans un quo­ti­di­en sur­chargé où le moin­dre de ses gestes est analysé, sus­ci­tant par­fois de nom­breuses critiques.

Un engagement politique progressiste

Celle que The Guardian appelait « la maire non offi­cielle de New York » n’a pas hésité à man­i­fester ses con­vic­tions poli­tiques, résol­u­ment pro­gres­sistes. En 2000, elle sou­tient la can­di­da­ture d’Al Gore, can­di­dat démoc­rate. En 2012, c’est Barack Oba­ma qui béné­fi­cie de son aide, lorsqu’elle organ­ise une cam­pagne de lev­ée de fonds pour financer sa réélec­tion. Elle aurait même été pressen­tie par ce dernier pour occu­per une place d’ambassadeur des États-Unis à Paris ou à Lon­dres, sans résul­tat. En 2016, on la retrou­ve aux côtés d’Hillary Clin­ton en tant que con­seil­lère en image, selon Busi­ness of Fash­ion. Elle mon­tre même son sou­tien à la can­di­date sur le compte Insta­gram de sa fille Bee, en por­tant un tee-shirt de soutien.

L’une de ses préférences en matière de mode fait cepen­dant débat d’un point de vue poli­tique. Anna Win­tour s’est en effet pronon­cée en faveur du port de la four­rure, qu’elle con­tin­ue de mon­tr­er dans les pages de Vogue, et de porter elle-même. Cette posi­tion à con­tre-courant lui a valu un raton-laveur dans son assi­ette, lancé par un mil­i­tant du mou­ve­ment PETA (Peo­ple for the Eth­i­cal Treat­ment of Ani­mals) alors qu’elle déje­u­nait au Four Sea­sons de Man­hat­tan. À la suite de cet inci­dent, elle s’est entourée de deux solides gardes du corps, qui pour­raient préserv­er son coû­teux repas en cas de récidive des animalistes.

Directrice de rédaction et femme d’affaires

Anna Win­tour est enfin et surtout une femme d’affaires, qui a con­stru­it sa for­tune d’année en année, jusqu’à attein­dre des som­mets à l’heure actuelle. Selon le site améri­cain Celebri­ty Net Worth, sa « valeur nette » serait de 50 mil­lions de dol­lars, avec un salaire max­i­mal de 4 mil­lions de dol­lars par an, lorsqu’elle était rédac­trice en chef. Si cette somme peut paraître totale­ment démesurée, elle est aus­si à met­tre en per­spec­tive avec l’évolution expo­nen­tielle de Vogue US depuis que la reine de la mode est à la tête du jour­nal. Tiré à 1,3 mil­lion d’exemplaires, le jour­nal améri­cain est une vit­rine de choix pour les mar­ques, ce qui lui per­met notam­ment d’être rentable grâce aux pub­lic­ités : selon les chiffres de nos con­frères du Figaro, une pub­lic­ité couleur d’une page couterait env­i­ron 90 000 dol­lars. Au total, 300 mil­lions de dol­lars de recettes seraient générés par an, unique­ment grâce aux publicités.

La sou­veraine du style est égale­ment direc­trice du con­tenu de Condé Nast à l’échelle inter­na­tionale, fonc­tion qu’elle con­serve après son départ de Vogue US. Ce groupe améri­cain d’édition de mag­a­zines, fondé en 1909, détient par­mi les plus gros titres de la presse des États-Unis : The New York­er, Van­i­ty Fair, Glam­our… et Vogue, le fief d’Anna Win­tour. « Je ne chang­erai pas de bureau, et ne déplac­erai pas une seule de mes poter­ies signées Clarice Cliff, mais vais con­sacr­er toute mon atten­tion ces prochaines années à la direc­tion inter­na­tionale », a‑t-elle déclaré à ses employés le jour de sa démis­sion, selon le New York Times. Les activ­ités de cette dernière ne cessent donc pas à son départ de Vogue US, mais con­tin­ueront bien dans une autre dimen­sion, axée sur l’international.

Anna Win­tour trou­ve égale­ment le temps de suiv­re des nou­veaux créa­teurs et de les soutenir finan­cière­ment, par le biais du Vogue Fash­ion Fund, qui aide les jeunes créa­teurs à trou­ver leur place dans le monde si fer­mé de la mode. C’est enfin la respon­s­able de l’organisation de l’évènement annuel incon­tourn­able dans le monde de la mode, le MET Gala, qui récolte des fonds pour le Cos­tume Insti­tute du Met­ro­pol­i­tan Muse­um of Art de New York. L’édition 2025 de cette soirée a notam­ment bat­tu tous les records, en lev­ant 31 mil­lions de dol­lars.

Le départ d’Anna Win­tour de la tête de Vogue US n’est donc pas la fin d’une car­rière bien rem­plie, fruit de déci­sions par­fois à con­tre-courant et sou­vent nova­tri­ces. Elle ne quitte pas la scène ; elle change sim­ple­ment de rôle. Plus inter­na­tionale, plus influ­ente, plus libre aus­si. Après qua­tre décen­nies à façon­ner le style mon­di­al, elle reste une force incon­tourn­able. Ni le pou­voir, ni l’élé­gance, ni la pré­ci­sion n’ont dit leur dernier mot.

Gersende Bar­rera

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