L’ARCOM vient de confier à un énarque, ancien vice-président du Conseil d’État et proche d’Emmanuel Macron – Bruno Lasserre – la mission d’évaluer l’impartialité de l’audiovisuel public. Mais le haut-fonctionnaire a déjà eu maille à partir avec la justice française.
Un parfait petit haut-fonctionnaire
Bruno Lasserre est né le 4 janvier 1954 à Talence (Gironde). L’homme possède le parcours du parfait petit haut fonctionnaire : ancien élève de l’ENA de la promotion Pierre Mendès France, titulaire d’un diplôme de sciences politiques de l’Institut d’études politiques de Bordeaux (1974) et d’une licence de droit de l’université de Bordeaux (1975).
Ce dernier a exercé des postes très divers au sein du Conseil d’État de 1978 à 2008 entrecoupé par un poste au ministère des postes et télécommunications de 1989 à 1997 et au Conseil de la concurrence qu’il a présidé douze ans. Bruno Lasserre est nommé vice-président du Conseil d’État le 16 mai 2018 jusqu’au 4 janvier 2022, date à laquelle il quitte cette fonction.
Il est l’auteur de plusieurs rapports commandés par le Premier ministre : « L’État et les technologies de l’information : vers une administration à accès pluriel » (La Documentation française, 2000) et « Pour une meilleure qualité de la réglementation » (La Documentation française, 2004). Il a également publié un ouvrage consacré à « La transparence administrative » (PUF, 1986, en coll. avec M. Bernard Stirn et Mme Noëlle Lenoir).
Fasciné par Emmanuel Macron
Selon un article du Monde, Bruno Lasserre entretient une véritable « fascination » pour Emmanuel Macron depuis leur rencontre dans le cadre de la « commission pour la libération de la croissance française », aussi surnommée « commission Attali ».
D’après ce même article, la loi Macron de 2015 qui a libéralisé le transport longue distance en autocar est en réalité totalement inspirée des recommandations formulées par le septuagénaire à l’issue d’une enquête sectorielle sur « le transport longue distance régulier par autocar ». Un « respect mutuel s’est instauré entre les deux hommes », à tel point qu’en juin 2017, Bruno Lasserre est sollicité pour devenir ministre de la Justice.
Relaxé pour complicité de harcèlement moral
Cependant, le haut fonctionnaire au profil sans tâche a eu quelques ennuis avec la justice. En effet, Bruno Lasserre a été poursuivi pour complicité de harcèlement moral après le suicide d’un salarié en mars 2014 alors qu’il était à la tête de l’Autorité de la concurrence puis relaxé en 2024.
À 46 ans, la victime Alain Mouzon s’était donné la mort le 24 mars 2014 après avoir dénoncé l’épuisement professionnel dont il avait été victime, comme ses collègues du service juridique de l’Autorité de la concurrence.
Aux côtés de Bruno Lasserre jugé pour harcèlement moral, Fabien Zivy, ancien directeur du service juridique de l’Autorité de la concurrence a été condamné à dix-huit mois de prison avec sursis ainsi qu’à une interdiction d’exercer pendant cinq ans toute fonction d’encadrement.
Son avocate, Maître Sophie Sarre, s’est insurgée que Bruno Lasserre n’ait pas été jugé comme coauteur du harcèlement alors que des éléments à charge ont été présentés contre lui durant le procès. « Responsable mais pas coupable » dirait un journaliste malicieux.‘
Voir aussi : Martin Ajdari, portrait
Jean-Charles Soulier


















