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Comment la presse a lâché Emmanuel Macron

15 octobre 2025

Temps de lecture : 6 minutes
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Comment la presse a lâché Emmanuel Macron

Temps de lecture : 6 minutes

Comment la presse a lâché Emmanuel Macron

Ils retournent leur veste… toujours du bon côté.

Les heb­do­madaires et les quo­ti­di­ens de France ont bril­lé en 2017 par leur bien­veil­lance, voire par leur pro­mo­tion sans ambages d’Emmanuel Macron. « Mozart de la finance », « sur­doué », « dyna­mi­teur », « la bombe », « la fusée Macron »… Le fon­da­teur d’En Marche, qui a rem­porté la prési­den­tielle 2017 à grand ren­fort de presse, a béné­fi­cié cette année-là de surnoms plus dithyra­m­biques les uns que les autres. Depuis le temps a passé : après des scan­dales à répéti­tion, une dis­so­lu­tion sur­prise en juin 2024 et des Pre­miers min­istres qui saut­ent les uns après les autres, l’état de grâce du prési­dent est révolu et les médias l’ont bien compris.

2017, L’Express découvre un nouveau Jupiter.

En 2017, L’Express – heb­do­madaire con­nu pour son posi­tion­nement au cen­tre – était de ces jour­naux qui fai­saient la part belle au prési­dent de la République. Guil­laume Dubois, directeur de l’hebdomadaire, dis­ait même d’Emmanuel Macron qu’il était celui « en qui plusieurs généra­tions pla­cent un bel espoir… ». « La France est jeune, la France y croit, la France est de retour », affir­mait-il dans son édito.

De même, Christophe Bar­bi­er, ex-rédac­teur en chef, chan­tait les éloges du jeune Jupiter :

« Quelque chose est né en ce début de mai [2017], plus inédit et plus rad­i­cal encore que le cham­barde­ment de 1981. Il ne faut pas regarder ce que cette révo­lu­tion a détru­it, ruines encore fumantes des par­tis tra­di­tion­nels et des ambi­tions d’antan, mais ce dont elle pose les pre­mières pier­res : des fon­da­tions qui s’appellent espérance et, peut-être, un édi­fice qui se nomme nou­velle France. »

Huit ans plus tard, et après de mul­ti­ples crises (Gilets jaunes, crise covid, vente d’Alstom, affaire McK­in­sey, réforme des retraites…), le point de rup­ture a été atteint en juin 2024 lors de la dis­so­lu­tion de l’Assemblée nationale.

2025, L’Express : Jupiter pire président de la Vᵉ

Depuis, la presse française crie haro sur le prési­dent et L’Express n’est pas en reste. Le 7 octo­bre 2025, le jour­nal a pub­lié un édi­to­r­i­al d’Alain Minc, sou­tien de la pre­mière heure. Il y déclare :

« Emmanuel Macron est le pire prési­dent de la Vᵉ ».

Un juge­ment sans appel pour cet homme qui trou­vait pour­tant Emmanuel Macron « excep­tion­nelle­ment char­mant et intel­li­gent » il y a quelques années.

2024, Le Point : Emmanuel Macron doit rester

Le Point, autre jour­nal de cen­tre-droit qui soute­nait active­ment le prési­dent, a lui aus­si décidé de tourn­er la page. C’est pour­tant ce même jour­nal qui con­sacrait sa une du 29 jan­vi­er 2020 au mari de Brigitte Macron en titrant :

« Qui ferait mieux que lui ? ».

Son man­dat était déjà pour­tant mis à mal par plusieurs scan­dales, dont l’affaire Benal­la. L’ex-chargé de mis­sion auprès du chef de cab­i­net du prési­dent de la République a en effet été con­damné à trois ans de prison dont un an ferme.

Mais qu’à cela ne tienne, le jour­nal a con­tin­ué à soutenir le prési­dent jusqu’en 2024, comme dans l’éditorial de Christophe Ono-dit-Biot, directeur adjoint de la rédac­tion. Dans son papi­er, Christophe Ono-dit-Biot exam­ine avec ironie les spécu­la­tions sur une pos­si­ble démis­sion d’Em­manuel Macron avant la fin de son man­dat. Il y com­pare notam­ment la sit­u­a­tion d’Emmanuel Macron avec des empereurs romains auto­crates qui ont dû finir par abdiquer.

Mais le jour­nal­iste laisse enten­dre que « Macron ne réus­sira pas à empêch­er les dégag­istes de vouloir la jouer… quoi qu’il en coûte ». « S’il ne peut plus pré­ten­dre à une prési­dence jupitéri­enne, il entend tout de même rester trente mois encore aux com­man­des de l’État. »

Christophe Ono-dit-Biot clôt son arti­cle en déclarant :

« Heureux, c’est tout le mal qu’on souhaite au locataire de l’Élysée s’il décidait de ne pas atten­dre trente mois. »

2025, Le Midi Libre : Macron seul face à son chaos

Le Point – comme son pen­dant L’Express – va faire un virage à 180 degrés quelques mois plus tard avec la une, datée du 8 octo­bre 2025, au titre très explicite : « M. le Prési­dent, sortez la tête haute ! ». Et d’ajouter :

« Pourquoi une prési­den­tielle anticipée en 2026 pour­rait met­tre fin à la crise ».

L’auteur, Nico­las Baverez, reprend d’ailleurs mot pour mot le souhait exprimé par Édouard Philippe, ancien Pre­mier min­istre macro­niste et prési­dent du par­ti Hori­zons, d’une prési­den­tielle anticipée, après l’adop­tion d’un bud­get pour 2026.

De même, dans la presse quo­ti­di­enne régionale, le Midi Libre, qui qual­i­fi­ait Emmanuel Macron de « sur­doué face à son des­tin » le 9 mai 2017, titre le 7 octo­bre 2025 : « Macron seul face à son chaos ». Dès le lende­main, le quo­ti­di­en en rajoute une louche, s’interrogeant :

« Macron de plus en plus isolé doit-il partir ? ».

La presse et le vote barrage : les meilleurs alliés du président

Il n’y a pas que la presse du cen­tre et du cen­tre-droit qui retourne sa veste : il y a aus­si celle de gauche, Libéra­tion en est l’exemple par­fait. Le jour­nal fondé par Jean-Paul Sartre et Serge July avait pub­lié une une désor­mais célèbre, la veille de l’élec­tion prési­den­tielle de 2017 :

« Faites ce que vous voulez mais votez Macron ».

Le jour­nal s’est ensuite jus­ti­fié sur Check­news, affir­mant avoir « essayé (dans la lim­ite de l’in­flu­ence du jour­nal) de con­tribuer à faire élire Macron » :

« Libéra­tion a fait un choix très clair lors du deux­ième tour de la prési­den­tielle : NON à Marine Le Pen. »

Le jour­nal explique d’ailleurs que ce vote bar­rage n’est pas une reven­di­ca­tion isolée mais celle de toute la gauche. Libéra­tion fera d’ailleurs de même en 2022 en partageant dans son jour­nal des appels au « bar­rage républicain ».

Le ton n’est plus du tout le même en 2025. Le 7 octo­bre 2025, le quo­ti­di­en de gauche mon­trait cette fois le trio Emmanuel Macron, Bruno Retail­leau et Sébastien Lecor­nu, vis­ages fer­més, dépités, en les qual­i­fi­ant « d’incapables ». Un retourne­ment extrême­ment tardif pour tous ces jour­naux qui ont à longueur de ligne défendu les poli­tiques menées par le camp présidentiel.

Plus haut le som­met, plus dure sera la chute. Cette maxime traduit le traite­ment médi­a­tique du prési­dent jupitérien devenu per­sona non gra­ta en quelques jours. Les médias cherchent vraisem­blable­ment à se refaire une vir­ginité après avoir porté à bout de bras Emmanuel Macron.

Reste à savoir qui sera la prochaine per­son­nal­ité poli­tique qui béné­ficiera de la clé­mence de ces mêmes médias qui n’hésitent pas à impos­er leurs vues aux Français… en atten­dant de la lâch­er le moment venu. Léch­er, lâch­er, lyncher…

Jean-Charles Souli­er

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