Nous avons (voir infra) déjà évoqué le projet orwellien de la ministre ex-UMP Aurore Bergé de financer via l’ARCOM des associations de délation, quasi toutes orientées à gauche ou à l’extrême gauche. Nous y revenons avec une revue de presse.
Voir aussi : Aurore Bergé va financer les délateurs numériques de la gauche
Presse écrite : une couverture qui va de la simple présentation des faits à la critique
La presse écrite a largement couvert l’annonce d’Aurore Bergé afférente à la lutte contre la haine en ligne et la création d’une coalition de 12 associations. La composition de cette coalition est la suivante : le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), la Fédération des centres LGBTI+, Flag !, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), M’endors pas, le Mouvement du Nid, Osez le féminisme, le Planning familial, Respect Zone, SOS Homophobie, SOS Racisme et ADDAM (Association de défense contre les discriminations et les actes antimusulmans). Dans ce cadre, ces associations auront pour mission de signaler les contenus haineux à l’ARCOM ; elles bénéficieront pour ce faire d’un soutien financier supplémentaire de l’État.
Les articles, publiés entre le 9 et le 15 juillet 2025, reflètent des perspectives variées, allant du factuel au soutien à l’initiative, et quelques critiques acerbes sur ses implications.
Des médias comme Le Figaro, Ouest-France, TF1 Info, Actu Orange, 20 Minutes, Stratégies, CB News„ adoptent un ton neutre, factuel et informatif. Ils rapportent que la coalition, composée d’associations qui luttent contre l’antisémitisme, le racisme, la haine antimusulmane, l’homophobie et les discriminations sexistes, bénéficiera de fonds pour recruter du personnel dédié au signalement de contenus haineux (ex. : injures, appels à la violence) à l’ARCOM, qui traitera ces signalements en priorité. Ouest-France s’inquiète spécifiquement dans son article de l’abondance des contenus haineux en ligne. Leurs journalistes, à l’instar de ceux du Figaro, mentionnent une réunion prévue en septembre 2025 avec l’ARCOM, pour relancer l’Observatoire de la haine en ligne, soulignant une volonté de structurer cette lutte. Le Crif, sur son site Internet, met en avant son rôle dans la coalition en la personne de son président Yonathan Arfi. Il met ainsi l’accent sur la lutte contre l’antisémitisme en ligne. En revanche, Contexte insiste sur l’aspect financier, et note que les subventions encourageront les associations à devenir des « signaleurs de confiance ».
Partialité des associations choisies
D’autres publications adoptent un ton plus critique et polémique, voire alarmiste, en pointant les risques du dispositif pour la liberté d’expression. Frontières Media, Valeurs Actuelles et le Courrier des Stratèges s’interrogent sur la partialité des associations choisies, souvent qualifiées de militantes ou politisées (notamment féministes ou de gauche). Le Courrier des Stratèges parle de « censure déléguée », suggérant que l’État confie à ces associations un pouvoir excessif sur la modération des contenus. La chronique de Mathieu Bock-Côté dans Le Figaro (12 juillet 2025) est particulièrement virulente ; le journaliste y dénonce une « police numérique » et qualifie les associations de « délateurs numériques » potentiels, susceptibles de menacer la liberté d’expression, sous couvert de lutte contre la haine. En outre, Valeurs actuelles a relayé une lettre ouverte rédigée par 9 députés RN et UDR dans laquelle ces derniers alertent quant à la mainmise de quelques associations sur la liberté d’expression, précisant que la lutte contre la haine en ligne devrait être du ressort de l’Assemblée nationale (« encadrer par une loi claire et mise en œuvre par les pouvoirs publics compétents ») et non d’associations privées qui ont leur propre agenda. De même, Atlantico met en garde contre les risques d’une dérive liberticide, susceptible de conduire à une censure d’opinions conservatrices. Enfin, dans une autre chronique au ton sarcastique parue dans le Figaro le 15 juillet 2025, Gilles William Goldnadel s’interroge lui aussi sur la pertinence à surfinancer des associations (« subventionner des subventionnés »), eu égard à l’état « catastrophique » de nos finances publiques. Il ajoute également que SOS Racisme ne combat ni le racisme antiblanc ni l’antisémitisme d’extrême gauche et que le choix du Planning familial, qui considère qu’un homme peut être enceint, est particulièrement incongru.
Émissions de télévision et de radio : une présentation institutionnelle
Les émissions télévisées se concentrent sur l’annonce officielle et adoptent un ton institutionnel, sans aborder les controverses. Lors de son passage dans l’émission matinale de France 2, « Les 4 Vérités » (9 juillet 2025), Aurore Bergé présente la coalition comme une réponse concrète à la prolifération des contenus haineux (antisémitisme, homophobie, sexisme). Elle insiste sur le rôle des associations comme « relais de confiance » auprès de l’ARCOM et sur le soutien financier pour renforcer leur capacité d’action. L’émission donne la parole à la ministre sans débat contradictoire, mettant l’accent sur l’urgence à réguler les réseaux sociaux. Dans l’émission « La Matinale » de TF1 (9 juillet 2025), les journalistes annoncent l’initiative d’Aurore Bergé et appellent à davantage de régulation des réseaux sociaux. L’interview de la ministre sur franceinfo date de plus d’un mois (8h30, 3 juin 2025) ; elle y évoque la lutte contre la haine en ligne, mais sans mentionner la coalition.
Malgré nombre de critiques émanant de la droite, Aurore Bergé semble déterminée à mener à bien son projet liberticide de coalition d’associations. Le partenariat entre ces nouveaux garde-fous et l’ARCOM devrait permettre de réduire les manifestations de la « haine en ligne ». Toutefois, encore faut-il que les réseaux sociaux acceptent de modifier leurs conditions d’utilisation et leurs règles de modération. De surcroît, la notion de haine en ligne ne fait pas l’objet d’une définition précise et l’on peut craindre que la simple expression d’une opinion non conforme à la doxa puisse être considérée comme haineuse. À moins que ce ne soit l’objectif de la ministre, éliminer toute parole hostile aux intérêts matériels et moraux du monde libéral libertaire qu’elle représente.
Rémi Soler


















