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Tour de France numérique : quand Emmanuel Macron tente de mettre la PQR dans sa poche

28 novembre 2025

Temps de lecture : 4 minutes
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Tour de France numérique : quand Emmanuel Macron tente de mettre la PQR dans sa poche

Temps de lecture : 4 minutes

Tour de France numérique : quand Emmanuel Macron tente de mettre la PQR dans sa poche

Sous cou­vert d’alerter sur les « dan­gers du numérique », Emmanuel Macron a lancé un tour de France de débats coor­gan­isés par la presse quo­ti­di­enne régionale. Une opéra­tion de recon­quête sym­bol­ique, où les jour­naux locaux finan­cent la logis­tique tan­dis que l’Élysée tient le micro, en pleine chute de popularité.

La PQR met en scène avec complaisance

Der­rière la mise en scène d’un prési­dent « à l’écoute » des Français sur « la démoc­ra­tie à l’épreuve des réseaux soci­aux et des algo­rithmes », l’Élysée a choisi un canal bien pré­cis : la presse quo­ti­di­enne régionale (PQR). De Toulouse avec La Dépêche du Midi à Arras avec La Voix du Nord, en pas­sant bien­tôt par Cler­mont-Fer­rand (La Mon­tagne) ou Épinal (groupe EBRA), ce sont les titres locaux qui ser­vent de cadre, de pro­duc­teur et de cau­tion à cette tournée très politique.

Une croisade très encadrée

Selon les révéla­tions de Nathalie Segaunes dans Le Monde, tout com­mence par un déje­uner à l’Élysée, le 29 octo­bre, avec une quin­zaine de patrons de la PQR, con­vo­qués pour par­ler des réseaux soci­aux et de la démoc­ra­tie. Là, Emmanuel Macron explique qu’il veut engager un « tour de France » et déclare aux édi­teurs : « J’ai besoin de vous. » La presse nationale, elle, n’est tout sim­ple­ment pas invitée.

La suite est con­nue : débats au for­mat « face aux lecteurs », dis­posi­tif lourd à mon­ter et assumé finan­cière­ment par les jour­naux, mobil­i­sa­tion de cen­taines de lecteurs, pro­duc­tion vidéo pour dif­fuser la parole prési­den­tielle… Le tout à un rythme ser­ré, calé sur l’agenda de l’Élysée. À Toulouse, La Dépêche n’a que quelques jours pour tout organ­is­er, avant une séquence sur la stratégie spatiale.

Autrement dit, la péd­a­gogie sur le numérique s’accompagne d’une mise en scène où le chef de l’État reste le cen­tre de grav­ité, tan­dis que les rédac­tions locales endossent les frais et la logis­tique d’une cam­pagne de com­mu­ni­ca­tion qui ne dit pas son nom.

La PQR, relais de proximité ou variable d’appoint ?

L’argument avancé par Emmanuel Macron est clair : la PQR serait le « pre­mier rem­part » con­tre les « fake news », grâce à son ancrage ter­ri­to­r­i­al. L’initiative élyséenne, avec son cadrage thé­ma­tique très ser­ré, laisse peu de doute sur l’intérêt politi­cien de la manœuvre.

Les débats ne débouchent d’ailleurs sur aucune mesure con­crète. Le prési­dent recy­cle ses thèmes : « majorité numérique » à 15 ans, promesse de « très lour­des amendes » pour les plate­formes, éventuel label pour dis­tinguer les « bons » réseaux soci­aux et sites d’information, donc ceux jugés dignes de confiance ».

Pen­dant ce temps, plusieurs analy­ses rap­pel­lent que la France applique encore mal les out­ils déjà disponibles dans le droit européen du numérique.

Réguler le numérique… et recadrer le paysage médiatique

Le con­texte poli­tique donne à cette tournée une autre col­oration. Un récent sondage Ipsos/BVA pour Le Monde indique que 58 % des Français souhait­ent la démis­sion du prési­dent, signe d’une usure pro­fonde de la parole macroni­enne. Se présen­ter en rem­part con­tre le « chaos » des réseaux soci­aux per­met alors de se replac­er au cen­tre du jeu démoc­ra­tique, en opposant la respectabil­ité des jour­naux régionaux au « Far West » des plateformes.

Reste une ques­tion, que la PQR ne peut esquiver : en accep­tant de porter seule la logis­tique et le coût d’un dis­posi­tif pen­sé par l’Élysée, tout en don­nant au chef de l’État un accès priv­ilégié à ses lecteurs, ne risque-t-elle pas de per­dre un peu de l’aura dont elle dis­pose encore presque partout en France ?
Déjà frag­ilisée ici et là pour des prox­im­ités idéologiques, la PQR pour­rait s’affaiblir un peu plus avec ce bais­er de la mort présidentiel.

Antonin Firminy

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