Dans la soirée du 28 octobre 2025, Jordan Bardella est monté seul sur la scène du théâtre Marigny, à deux pas de l’Elysée, pour présenter son nouvel essai intitulé : « Ce que veulent les Français ». Il a remercié Marine Le Pen et Éric Ciotti pour leur présence à cette soirée organisée par les éditions Fayard.
La presse écrite a largement couvert la soirée de lancement du nouveau livre de Jordan Bardella organisée par les éditions Fayard. Les médias de droite ont été plutôt élogieux sur le nouvel ouvrage du président du RN « au plus près des Français », tandis que les médias de gauche tirent à boulets rouges sur celui qui représente, selon eux, une « arnaque sociale ».
Une enquête sur les coulisses de la soirée
Quotidien d’enquête spécialisé dans le politique et l’économie, La Lettre, à rebours des autres médias, révèle les coulisses et la stratégie derrière cet évènement. Ainsi, dans leur article publié le 30 octobre, La Lettre dévoile le « stratagème » qu’a utilisé la maison d’édition – détenue par Vincent Bolloré – pour organiser cette soirée dans le prestigieux théâtre Marigny, propriété du financier Marc Ladreit de Lacharrière.
L’équipe de communication de Lagardère a précisé lors de la demande de location que l’événement était « une soirée Hachette pour les nouveautés de l’automne pour les libraires » sans mentionner le nom de Jordan Bardella, le propriétaire du théâtre étant opposé au RN.
L’AFP reste neutre
L’AFP envoie une dépêche factuelle à 20 h 43 qui rapporte le sujet : Jordan Bardella qui présente son nouvel ouvrage intitulé « Ce que veulent les Français », œuvre nourrie par différents témoignages de Français triés sur le volet ; les protagonistes : les cadres du RN, une centaine de militants et une dizaine de journalistes ; le cadre : la grande salle du théâtre Marigny et ses 1 000 places ; le contexte : les ventes de son premier opus à 230 000 exemplaires et ses prochaines dédicaces dans des territoires favorables au RN.
L’AFP rappelle également que cette campagne de promotion est une façon pour le président du RN de se préparer à l’exercice du pouvoir. La dépêche est reprise telle quelle par France 24, Les Échos, Sud Ouest, 20 Minutes, L’Opinion, Challenges, Orange Actu et la Gazette France.
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Des médias de droite plutôt élogieux
Le Figaro fait d’abord un article factuel sur le déroulement de la soirée et publie également un billet intitulé « La bonne semaine de Jordan Bardella », où Guillaume Tabard analyse les très bons sondages d’intention de votes du président du RN ainsi que la nette progression des idées du parti, comme en témoigne d’ailleurs l’adoption de leur texte à l’Assemblée nationale sur la dénonciation des accords de 1968 avec l’Algérie. L’article se conclut sur le destin de plus en plus présidentiable du trentenaire.
Valeurs Actuelles et Boulevard Voltaire parlent plutôt de la soirée de manière élogieuse. Valeurs Actuelles explique ainsi que Jordan Bardella dresse le portrait d’une France laborieuse, oubliée par Bruxelles et l’État, pour justifier un programme « prêt à gouverner » : moins d’Europe, plus de protectionnisme, retour de l’autorité avec 5 personnes différentes : François, agriculteur ; Bernard, pêcheur ; Olivier, boulanger ; Élisa, prof ; et Luisa, la propre mère du président du RN.
Boulevard Voltaire titre : « Avec son nouveau livre, Jordan Bardella au chevet des Français », le journaliste insiste sur le peaufinage et la façon dont le président du RN tâte le terrain pour préparer sa candidature potentielle à la présidentielle.
Les journaux de gauche l’étrillent
En revanche, les médias de gauche sont beaucoup plus critiques sur cette soirée. Tous soulignent le paradoxe de la France profonde lancée dans le théâtre le plus bling-bling des Champs-Élysées (juste en face du palais de l’Élysée).
Le Monde explique que le représentant du parti aux « obsessions xénophobes et antieuropéennes » fait mine de donner la parole aux Français et suggère que ce dernier compte remplacer Marine Le Pen à la présidence après sa condamnation.
Libération de son côté épingle deux inexactitudes : une historique et une littéraire dans la nouvelle œuvre de Jordan Bardella et lance une pique aux journalistes du groupe Bolloré qui auraient eu droit – contrairement à leurs confrères – aux petits fours lors de la soirée au théâtre Marigny.
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Télérama déplore le fait que la maison d’édition Fayard, propriété du groupe Hachette détenu par Vincent Bolloré, soit devenue le « porte-avions des idées réactionnaires de ce pays » car une des collections publie les livres de Philippe de Villiers, d’Éric Zemmour, de Gilles-William Goldnadel et de Sonia Mabrouk. Le journaliste appelle par conséquent à la résistance contre « l’extrême droite » et envisage le recours à de nouvelles lois pour davantage protéger les auteurs et les éditeurs de l’influence de la galaxie Bolloré.
Enfin L’Humanité, sans surprise très hostile à Jordan Bardella, axe davantage son article sur le livre en lui-même : « Ce que veulent les Français », en qualifiant l’ouvrage de « détournement de la colère sociale » qui se sert des témoignages de Français « déformés » pour correspondre aux idées du président du RN. Le journaliste ajoute que Jordan Bardella souhaite opérer une « OPA sur le monde du travail ». Ce que confirment tous les sondages : la classe ouvrière vote RN et pas communiste.
Jean-Charles Soulier


















