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Quand la CFDT-Journalistes (re)part en croisade contre « l’extrême droite »

15 décembre 2025

Temps de lecture : 4 minutes
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Quand la CFDT-Journalistes (re)part en croisade contre « l’extrême droite »

Temps de lecture : 4 minutes

Quand la CFDT-Journalistes (re)part en croisade contre « l’extrême droite »

Il fut un temps, loin­tain, où le syn­di­cal­isme était un out­il de défense des tra­vailleurs, œuvrant à l’amélioration des con­di­tions de tra­vail et de rémunéra­tion de ceux-ci. Il eut ses heures de gloire, mena de nom­breux com­bats justes et courageux pour obtenir d’incontestables avancées sociales.

Mais ça, c’était avant. Avant que les syn­di­cats, de plus en plus impuis­sants face aux forces du marché, ne se trans­for­ment en de sim­ples officines idéologiques.

Contre les « discours de haine » (sic)

De telles officines, n’ayant d’autre objec­tif que de main­tenir leurs rentes finan­cières tout en menant une lutte poli­tique à sens unique con­tre tout ce qui peut être assim­ilé, à leurs yeux, de près ou de loin, à « l’extrême droite », un adver­saire fan­tas­mé beau­coup moins dan­gereux que l’oligarchie finan­cière mon­di­al­iste. Nou­velle démon­stra­tion de cette dérive sec­taire : la pub­li­ca­tion par la CFDT-Jour­nal­istes d’une ver­sion « com­plétée et aug­men­tée » d’une brochure inti­t­ulée « Face à l’extrême droite, plus que jamais jour­nal­istes », ini­tiale­ment parue en 2019, qui n’est rien d’autre qu’un manuel de lutte con­tre ce que le syn­di­cat appelle « les dis­cours de haine », c’est-à-dire tout pro­pos n’allant pas dans le sens de la doxa libérale-lib­er­taire et gauchiste.

Finies la neutralité et l’objectivité, place au « journalisme de résistance » !

Sur le site du syn­di­cat, la brochure – oppor­tuné­ment remise en avant à l’approche des échéances élec­torales munic­i­pales et prési­den­tielles – est présen­tée comme une « démarche pos­i­tive », per­me­t­tant de « réaf­firmer l’u­til­ité sociale du méti­er de jour­nal­iste », car « face aux straté­gies de com­mu­ni­ca­tion poli­tique, le jour­nal­isme de qual­ité est un repère indis­pens­able pour la démoc­ra­tie ». Tout cela est bel et bon et on en prof­ite pour appren­dre au pas­sage que, pour nos sour­cilleux et vig­i­lants syn­di­cal­istes CFDT, il n’y a donc que « l’extrême droite » qui met en place des « straté­gies de com­mu­ni­ca­tion politique ».

Une trahison de la déontologie du journalisme

En réal­ité, il s’agit bien évidem­ment d’une instru­men­tal­i­sa­tion du syn­di­cal­isme au ser­vice de l’idéologie dite « pro­gres­siste ». Sous cou­vert « d’éthique » et de « déon­tolo­gie », on invite au con­traire les jour­nal­istes à trahir celles-ci en dis­crim­i­nant préven­tive­ment les opin­ions d’une large part de la pop­u­la­tion. En se posi­tion­nant ain­si explicite­ment et rad­i­cale­ment con­tre une par­tie du spec­tre poli­tique, la CFDT-Jour­nal­istes aban­donne toute pré­ten­tion à l’ob­jec­tiv­ité. Une fois de plus, la gauche syn­di­cale, sous cou­vert de moral­ité et de lutte con­tre la « haine », cherche à impos­er son hégé­monie idéologique et cul­turelle. Par ailleurs, en encour­ageant les jour­nal­istes à « com­bat­tre » plutôt qu’à informer, à « décon­stru­ire » un dis­cours plutôt qu’à le rap­porter ou le décrire, la CFDT con­tribue à polaris­er encore davan­tage un débat pub­lic déjà large­ment hystérisé.

Util­isant une phraséolo­gie aus­si pom­peuse que drama­ti­sante, la brochure s’ouvre sur une cita­tion de Robert Bad­in­ter dénonçant le « fas­cisme ram­pant et ordi­naire qui cor­rompt les âmes et les cœurs » et pousse l’hypocrisie jusqu’au ridicule en affir­mant appel­er à lut­ter « non con­tre cer­taines for­ma­tions poli­tiques, mais pour un jour­nal­isme exigeant et respon­s­able, qui ne se laisse pas bern­er par une stratégie de nor­mal­i­sa­tion ». Une « stratégie de nor­mal­i­sa­tion », on ne donne pas de noms mais suiv­ez notre regard !

Une partialité qui nuit à l’image des syndicats et des journalistes

Cette dérive est d’autant plus regret­table et inquié­tante que la CFDT est un syn­di­cat his­torique­ment con­sid­éré comme mod­éré et qui sem­ble céder aujourd’hui à la pres­sion de mil­i­tants rad­i­caux de gauche. On notera en effet que cette brochure est totale­ment assumée et validée par Marylise Léon, la secré­taire générale du syn­di­cat, qui n’hésite pas à écrire cette phrase totale­ment sur­réal­iste : « Mer­ci à la CFDT-Jour­nal­istes de mon­tr­er que la lutte con­tre les idées d’extrême droite n’est pas par­ti­sane. »

Com­bat­tre des idées poli­tiques avec lesquelles on est en désac­cord n’est donc nulle­ment une action mil­i­tante ou par­ti­sane. Voilà qui est une véri­ta­ble révéla­tion. Avec la CFDT, on entre claire­ment dans une dimen­sion par­al­lèle où même le vocab­u­laire est totale­ment vidé de son sens au prof­it d’un chara­bia d’élucubrations pseudo-morales.

Voilà qui ne va pas amélior­er, aux yeux du grand pub­lic, l’image d’un syn­di­cal­isme français déjà mori­bond et numérique­ment exsangue. Pas plus que cela ne risque d’entamer la défi­ance crois­sante du pub­lic envers une grande par­tie des médias, jugés tou­jours plus par­ti­aux et décon­nec­tés des réal­ités vécues par de larges pans de la population.

Xavier Eman

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