Il fut un temps, lointain, où le syndicalisme était un outil de défense des travailleurs, œuvrant à l’amélioration des conditions de travail et de rémunération de ceux-ci. Il eut ses heures de gloire, mena de nombreux combats justes et courageux pour obtenir d’incontestables avancées sociales.
Mais ça, c’était avant. Avant que les syndicats, de plus en plus impuissants face aux forces du marché, ne se transforment en de simples officines idéologiques.
Contre les « discours de haine » (sic)
De telles officines, n’ayant d’autre objectif que de maintenir leurs rentes financières tout en menant une lutte politique à sens unique contre tout ce qui peut être assimilé, à leurs yeux, de près ou de loin, à « l’extrême droite », un adversaire fantasmé beaucoup moins dangereux que l’oligarchie financière mondialiste. Nouvelle démonstration de cette dérive sectaire : la publication par la CFDT-Journalistes d’une version « complétée et augmentée » d’une brochure intitulée « Face à l’extrême droite, plus que jamais journalistes », initialement parue en 2019, qui n’est rien d’autre qu’un manuel de lutte contre ce que le syndicat appelle « les discours de haine », c’est-à-dire tout propos n’allant pas dans le sens de la doxa libérale-libertaire et gauchiste.
Finies la neutralité et l’objectivité, place au « journalisme de résistance » !
Sur le site du syndicat, la brochure – opportunément remise en avant à l’approche des échéances électorales municipales et présidentielles – est présentée comme une « démarche positive », permettant de « réaffirmer l’utilité sociale du métier de journaliste », car « face aux stratégies de communication politique, le journalisme de qualité est un repère indispensable pour la démocratie ». Tout cela est bel et bon et on en profite pour apprendre au passage que, pour nos sourcilleux et vigilants syndicalistes CFDT, il n’y a donc que « l’extrême droite » qui met en place des « stratégies de communication politique ».
Une trahison de la déontologie du journalisme
En réalité, il s’agit bien évidemment d’une instrumentalisation du syndicalisme au service de l’idéologie dite « progressiste ». Sous couvert « d’éthique » et de « déontologie », on invite au contraire les journalistes à trahir celles-ci en discriminant préventivement les opinions d’une large part de la population. En se positionnant ainsi explicitement et radicalement contre une partie du spectre politique, la CFDT-Journalistes abandonne toute prétention à l’objectivité. Une fois de plus, la gauche syndicale, sous couvert de moralité et de lutte contre la « haine », cherche à imposer son hégémonie idéologique et culturelle. Par ailleurs, en encourageant les journalistes à « combattre » plutôt qu’à informer, à « déconstruire » un discours plutôt qu’à le rapporter ou le décrire, la CFDT contribue à polariser encore davantage un débat public déjà largement hystérisé.
Utilisant une phraséologie aussi pompeuse que dramatisante, la brochure s’ouvre sur une citation de Robert Badinter dénonçant le « fascisme rampant et ordinaire qui corrompt les âmes et les cœurs » et pousse l’hypocrisie jusqu’au ridicule en affirmant appeler à lutter « non contre certaines formations politiques, mais pour un journalisme exigeant et responsable, qui ne se laisse pas berner par une stratégie de normalisation ». Une « stratégie de normalisation », on ne donne pas de noms mais suivez notre regard !
Une partialité qui nuit à l’image des syndicats et des journalistes
Cette dérive est d’autant plus regrettable et inquiétante que la CFDT est un syndicat historiquement considéré comme modéré et qui semble céder aujourd’hui à la pression de militants radicaux de gauche. On notera en effet que cette brochure est totalement assumée et validée par Marylise Léon, la secrétaire générale du syndicat, qui n’hésite pas à écrire cette phrase totalement surréaliste : « Merci à la CFDT-Journalistes de montrer que la lutte contre les idées d’extrême droite n’est pas partisane. »
Combattre des idées politiques avec lesquelles on est en désaccord n’est donc nullement une action militante ou partisane. Voilà qui est une véritable révélation. Avec la CFDT, on entre clairement dans une dimension parallèle où même le vocabulaire est totalement vidé de son sens au profit d’un charabia d’élucubrations pseudo-morales.
Voilà qui ne va pas améliorer, aux yeux du grand public, l’image d’un syndicalisme français déjà moribond et numériquement exsangue. Pas plus que cela ne risque d’entamer la défiance croissante du public envers une grande partie des médias, jugés toujours plus partiaux et déconnectés des réalités vécues par de larges pans de la population.
Xavier Eman


















