« Journalo. Je me promène du côté des minorités et des palais de justice ».
C’est ainsi que Paul Conge se présente sur le site d’extrême gauche StreetPress. Journaliste police-justice chez BFMTV depuis mai 2025, il est actif sur LinkedIn, Bluesky et Twitter, où il republie ses articles et ses reportages, et promeut ses deux ouvrages : Les Grand-remplacés. Enquête sur une fracture française (2020) et Les tueurs d’extrême droite. Enquête sur une menace française (2025). Dans ce dernier livre, il se définit comme un journaliste spécialisé dans le suivi des affaires criminelles et des mouvances d’extrême droite. Il a couvert des sujets politico-judiciaires pour l’hebdomadaire Marianne et semble passionné voire obnubilé par l’extrême droite.
D’après son compte LinkedIn, le journaliste parle couramment l’anglais, le néerlandais et le flamand. Il semble préférer les enquêtes de longue haleine et le décorticage minutieux de l’activité des groupes d’extrême droite aux clashs sur les plateaux, ce qui ne l’empêche pas d’être invité sur Arte et d’officier désormais sur BFMTV.
Formation
Paul Conge commence ses études supérieures par une prépa scientifique, au lycée Henri Poincaré de Nancy, en 2010–2011. En septembre 2011, il intègre Sciences Po Toulouse où il effectue d’abord une licence en tronc commun (sciences politiques, sociologie, histoire, économie, droit, langues), suivie d’un master spécialisé en Journalisme (2016). Durant l’année 2014, il étudiera la criminologie, les études de genre, les idéologies politiques et le journalisme au sein de l’Universiti Sains Malaysia située à George Town en Malaisie. Plus récemment, en 2023–2024, auditeur à l’Institut des hautes études du ministère de l’Intérieur (IHEMI), il est diplômé de la 35ᵉ session nationale « Sécurité et justice ».
Parcours professionnel
En 2012, Paul Conge effectue un premier stage de 2 mois au Républicain Lorrain, puis en 2013 deux stages, dont l’un à Rue89, tout en réalisant des piges pour StreetPress pendant 1 an et 9 mois. Suivent deux nouveaux stages en 2014, l’un à L’AFP et l’autre à L’Humanité, un autre stage de 3 mois à Marianne en 2015, puis deux derniers stages, l’un à l’OBS (3 mois) et l’autre à L’Express (4 mois) en 2016. Ensuite, il travaille pendant 11 mois pour le journal L’Étudiant et effectue des piges pour Le Temps, Libération, RMC et Slate. C’est en 2018 que le journaliste commence à se spécialiser dans ce qui deviendra son domaine de prédilection, « police et justice », au sein d’un média indépendant, « Explicite ». L’ex-stagiaire devient reporter chargé de la justice à l’Express, fonction qu’il occupera de février 2019 à octobre 2019. De septembre 2019 à février 2020, Paul Conge prépare un livre qu’il publiera en septembre 2020, Les Grand-Remplacés. Enquête sur une fracture française. À partir de février 2020, le journaliste revient à Marianne en tant que reporter chargé des enquêtes et de la rubrique police/justice (affaires criminelles, ultradroite…). Il y restera pendant 5 ans jusqu’en avril 2025, pour rejoindre alors le service police-justice de BFMTV. Il a publié en juin dernier un second livre dont le titre est on ne peut plus explicite : Les tueurs d’extrême droite, Enquête sur une menace française. On comprend que la lutte contre l’extrême ou l’ultradroite est le cheval de bataille de Paul Conge, une quasi-obsession. Ainsi, dès 2020, il déclarait dans une interview accordée au média Radio J le 8 septembre : « Je me passionnais pour la thématique de l’extrême droite depuis quelques années déjà ; depuis 2013, je suivais leurs manifestations, tous leurs petits groupuscules qui pouvaient exister ».
Publications
- Les Grands Remplacés. Enquête sur une fracture française, Arkhé éditions, 2020, 256 pages. L’ouvrage a été réédité chez le même éditeur en avril 2022, immédiatement avant les élections présidentielles, avec un Z en première de couverture et un nouveau sous-titre : Les Grands remplacés : bienvenue au Zemmouristan.
Interviewé par Laurence Kahn sur Radio J le 8 septembre 2020, cette dernière lui demande, à propos de ce premier ouvrage : « Qui sont ces grands-remplacés que vous avez rencontrés et interviewés dans votre livre ? » ; et Paul Conge de répondre : « On rencontre aussi bien des gamers antisémites que des éditorialistes royalistes, que des masculinistes, qu’une confrérie raciste qui part s’exiler en Europe de l’Est pour fuir le supposé grand-remplacement en France […] des fils spirituels de Renaud Camus et Alain Soral ». Un fourre-tout assez vaste donc, où le journaliste met au même niveau les nostalgiques de la royauté et les antisémites.
- Les tueurs d’extrême droite. Enquête sur une menace française, Éditions du Rocher, juin 2025, 224 pages.
Dans cet ouvrage, Paul Conge enquête sur trois affaires criminelles survenues en 2022 et impliquant des membres de l’extrême droite ou ultradroite, terminologie privilégiée par les services de renseignement. Dans la première affaire traitée, trois Kurdes ont été exécutés froidement par un suprémaciste blanc, William Malet. La seconde affaire criminelle concerne le meurtre par balles d’un jeune homme d’origine hispano-marocaine, par Martial Lenoir, un cinquantenaire mi-nostalgique d’Hitler, mi-conspirationniste. Le troisième récit a trait au meurtre d’un rugbyman argentin par un ancien du GUD et ex-agent des forces spéciales, Loïk Le Priol. Les trois meurtres sont très précisément documentés et les psychologies des tueurs ainsi que leurs histoires personnelles et leurs motivations soigneusement étudiées. Cependant, dès les premières phrases du livre, on peut noter que Paul Conge amplifie assez artificiellement la menace émanant de l’ultradroite. En effet, l’auteur mentionne (page 7) la terrible tuerie de masse perpétrée le 22 juillet 2011 par un néonazi norvégien, Anders Behring Breivik, qui a assassiné 77 personnes, dont 69 jeunes militants membres du Parti travailliste norvégien, et déclare à propos de cette tragédie : « Breivik ouvrait sans le savoir une séquence de terrorisme d’extrême droite qui allait frapper l’Occident. » On s’attendrait donc naturellement, en lisant cette phrase, à découvrir des centaines de meurtres et d’attaques d’extrême droite sur l’Europe ; néanmoins, l’auteur est seulement capable d’en citer 3 pour la France, même si selon lui, nombre d’attentats programmés ont été déjoués (19 entre 2017 et 2025). Contrairement au discours alarmiste de l’auteur, il s’avère que les attentats les plus nombreux et les plus meurtriers en France ne sont pas ceux commis par des tueurs d’ultradroite, mais ceux réalisés par des terroristes djihadistes ; nous avons en mémoire les assassinats perpétrés en 2012 par Mohammed Merah (7 morts), les attentats contre Charlie Hebdo (12 morts et 11 blessés) et le Bataclan (90 morts et 400 blessés) en 2015, l’attentat au camion-bélier à Nice (86 morts et 468 blessés) ou plus récemment la décapitation de Samuel Paty. En outre, Paul Conge, souvent assez prudent et mesuré dans ses interviews, oublie parfois sa rigueur dans ses écrits, par exemple lorsqu’il parle de Jean-Marie Le Pen, qu’il présente ainsi : « militant extrémiste qui fondait 3 ans plus tôt le FN en compagnie de quelques anciens de la Waffen SS ». Une description très réductrice et particulièrement orientée de l’ancien leader du Front national, quoique l’on pense du personnage.
Personnalité et vie publique
Paul Conge est un journaliste discret et peu expansif ; lors des interviews qui lui sont consacrées, il apparaît calme et posé, peu porté aux éclats et ne cherchant pas à briller. Dans la mesure où sa notoriété publique est encore modeste, malgré une carrière déjà bien installée, on ne trouve aucune déclaration de confrères ou de personnalités publiques le concernant. Sur son compte X (@paulcng, 8500 abonnés environ), une photo de lui un peu ancienne en médaillon et l’arrière-plan bucolique d’un troupeau de vaches dans la brume ; il affiche en profil son emploi actuel à BFMTV ainsi que son appartenance à l’Association confraternelle des journalistes de la presse judiciaire (@PresseJu) qui regroupe plus de 200 journalistes. Son dernier livre figure en tweet épinglé ; ses publications se limitent à la diffusion de ses articles de presse, sans expression d’opinions personnelles ni interaction d’aucune sorte dans les polémiques ou les débats en cours sur le réseau social. Autant dire que l’on ne sait de Paul Conge que ce qui relève strictement de la sphère professionnelle.
Au fil des posts, on trouve exclusivement des articles afférents à des affaires criminelles dans lesquelles des personnes issues de l’immigration sont des victimes ; jamais aucune affaire dans laquelle ces personnes sont en position d’agresseur. À la lecture du compte X de Paul Conge, petit monde clos et autocentré, la criminalité en France est uniquement et toujours le fait de l’extrême droite.
Il a dit
Selon Paul Conge, l’ultradroite en France compte « 3300 personnes dont 1400 fichées S », Arte, 5 juin 2025.
Le journaliste décrit une ultradroite férocement antisémite : « Ils adoreraient tuer des juifs », et mentionne « des mouvements suprématistes anglo-saxons et accélérationnistes (c’est-à-dire qui souhaitent accélérer le cours de l’histoire et donc la guerre civilisationnelle et raciale inévitable) », interview du 28 décembre 2021, au micro d’Eva Soto sur Radio J.
Paul Conge fait par ailleurs très souvent le lien entre ultradroite et djihadisme : « Il y avait une très bonne formule de David Thompson dans son bouquin Les Revenants qui disait que les terroristes djihadistes français en tout cas étaient des égos froissés à qui on promettait de devenir des héros de l’islam sunnite. On pourrait dire que le terrorisme d’ultradroite propose à des égos froissés de devenir des héros de la race blanche » ; il ajoute : « On peut trouver des similitudes d’ordre sociologique entre les terroristes d’ultradroite et des terroristes de Daesh ». Où en l’extrême droite radicale ? Débat sur la chaîne YouTube Au Poste, 16 septembre 2024.
« Papacito est un authentique rabatteur d’extrême droite », blog Le Comptoir, 1ᵉʳ juillet 2021.
Ils ont dit
Commentaires de presse pour Les Grand-remplacés :
- « Avec Les Grand-remplacés, le journaliste Paul Conge signe un document édifiant sur le renouveau des mouvements d’extrême droite française. Racistes, antisémites, dégoûtés par les homosexuels et la « fiottisation » de l’Occident, les « grands remplacés » empruntent les codes de la pop culture pour se mettre en scène en ligne. Et certains quittent la France pour l’Europe de l’Est dans le but de recréer une société exclusivement blanche », Usbek et Rica, 4 septembre 2020.
- « Tel un entomologiste, Paul Conge fait, dans un livre, l’état des lieux de la fachosphère de plus en plus étendue et d’une certaine jeunesse en proie aux thèses d’extrême droite où l’immigration est la raison, selon eux, de tous les maux. En ces temps d’élections, ça donne froid dans le dos », Dis-leur, 12 mars 2020.
- « Paul Conge a infiltré des groupes d’extrême droite et montre comment cette nouvelle génération mène « une guerre d’influence et culturelle » dans bien d’autres sphères inattendues comme le tuning, le coaching en séduction ou en développement personnel », France 2 (cité par l’éditeur).
Commentaires de presse pour Les tueurs d’extrême droite :
- « Paul Conge signe « Les tueurs d’extrême droite – enquête sur une menace française » aux éditions du Rocher. Au lendemain du verdict de Martial Lanoir, c’est l’occasion de parler de cet ouvrage, qui revient sur trois meurtres, à connotation raciste, passés sous les radars du monde médiatique et politique », Projet Arcadie, 23 juin 2025.












