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Le prêtre pédocriminel pro-migrants dont les médias ne parlent pas

10 novembre 2025

Temps de lecture : 5 minutes
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Le prêtre pédocriminel pro-migrants dont les médias ne parlent pas

Temps de lecture : 5 minutes

Le prêtre pédocriminel pro-migrants dont les médias ne parlent pas

En général, lorsqu’un prêtre se rend coupable d’abus sur des mineurs, les médias se font un devoir de prévenir leurs habitués. Pour­tant, une affaire actuelle de ce genre reste qua­si­ment sous les radars. Et pour cause : pour une fois, les médias devaient bien l’aimer, ce prêtre.

Le père Antoine Exelmans, pro-migrants convaincu

Le père Antoine Exel­mans fait par­tie du diocèse de Rennes et a fait de mul­ti­ples allers-retours entre la Bre­tagne et l’Afrique. Ordon­né en 1993, il est aumônier des étu­di­ants dans le diocèse de Ban­gas­sou, en Cen­trafrique, entre 2000 et 2004. Il revient dans ce pays entre 2009 et 2012, après un pas­sage à Mau­repas, en Bre­tagne. En 2012, lorsqu’il revient de Cen­trafrique, il a l’occasion de déclar­er auprès de Ouest-France qu’il est « mar­qué par les iné­gal­ités et la pau­vreté en Afrique ».

Le média pré­cise égale­ment qu’il « a des idées sans a pri­ori ». En 2015, il s’investit plus encore dans la crise migra­toire et fonde Tabitha, une asso­ci­a­tion qui accueille des réfugiés et œuvre à leur régu­lar­i­sa­tion. En 2016, il s’envole pour le Maroc pour étudi­er les prob­lé­ma­tiques migra­toires, l’islam, l’arabe et la théolo­gie. Entre 2021 et 2024, il est à Casablan­ca, tou­jours au Maroc, où il est vicaire général pour le diocèse de Rabat. Très engagé en faveur des migrants, il tient une place de choix à la ren­con­tre MED 2024, à Mar­seille, en avril 2024. Selon lui, tous les sémi­nar­istes devraient pass­er un an dans une struc­ture d’accueil de migrants.

La coqueluche des médias

Avec un tel pal­marès, on com­pren­dra sans peine que le père Exel­mans ait eu son rond de servi­ette dans plusieurs médias régionaux ou spé­cial­isés. InfoMi­grants lui accor­dait en 2020 un por­trait à l’occasion de sa déco­ra­tion du prix d’Aix-la-Chapelle pour la paix. L’article évo­quait « un héros de l’om­bre au ser­vice des migrants », « un prêtre qui con­sacre sa vie à aider des migrants et réfugiés au Maroc ». Les arti­cles à son sujet sur Ouest-France sont légion, ce qui peut aus­si s’expliquer par son rôle dans les paroiss­es bre­tonnes. Un papi­er en 2016, lorsqu’il s’apprête à rejoin­dre Rabat, où l’on trou­ve la cita­tion suiv­ante : « Les migrants et le dia­logue avec l’is­lam con­stituent sans doute les plus grands défis actuels pour nos sociétés, afin de bâtir ensem­ble une mon­di­al­i­sa­tion de la fra­ter­nité. » Une inter­view en 2019, où le père Exel­mans a tout loisir d’expliquer ses engage­ments en faveur des migrants et d’un « chris­tian­isme authen­tique, proche des plus pau­vres », un papi­er à l’occasion de la remise du prix Aachen, en 2020, où l’on apprend que « son œuvre [en faveur des prob­lé­ma­tiques migra­toires] vient d’être récom­pen­sée (sic) au plus haut niveau », et que « ce sont ses actions en faveur des migrants irréguliers et per­son­nes en tran­sit au Maroc qui sont saluées ». D’autres ont per­mis au père Exel­mans de rap­pel­er ses chevaux de bataille.

La chute du héros et l’assourdissant silence

Le 24 mai 2024, quelques semaines après les ren­con­tres MED 2024 où il a posé avec le car­di­nal français Jean-Marc Ave­line, Casablan­ca reçoit une plainte con­tre le père Antoine Exel­mans pour abus sur mineurs. Le prêtre ren­tre en France en juin et l’archevêché évoque un « burn-out pro­fes­sion­nel ». Pour la paroisse de Casablan­ca, il est en vacances. Début juil­let, le diocèse pub­lie un com­mu­niqué de presse évo­quant des alertes « lais­sant enten­dre qu’il pour­rait y avoir des abus sur des per­son­nes frag­iles ». L’enquête est lancée dans le plus grand silence médi­a­tique. En jan­vi­er 2025, le diocèse aver­tit la paroisse de Mau­repas, où le père Exel­mans a offi­cié, pour deman­der des témoignages. En novem­bre 2025, la presse maro­caine pub­lie sa pro­pre enquête, et c’est alors que la presse française se réveille. Ou plutôt, qu’un seul média, Riposte catholique, informe ses lecteurs. Tous les autres sont aux abon­nés absents, mal­gré l’existence de six vic­times toutes mineures pen­dant les faits. La dernière évoque des rela­tions sex­uelles subies pen­dant des mois.

Le silence rompu, la parole reste discrète

C’est seule­ment après plusieurs jours que d’autres médias plus con­nus repren­dront l’information, sans néces­saire­ment s’étendre sur les con­vic­tions du père Exel­mans. On peut sup­pos­er que s’il avait été de sen­si­bil­ité tra­di­tion­al­iste ou habitué à don­ner des con­férences dans des milieux proches de la droite, cela aurait été men­tion­né. Libéra­tion présente sobre­ment le père Exel­mans comme « un prêtre français » qui « tra­vail­lait » dans « la paroisse de Notre-Dame-de-Lour­des de Casablan­ca, qui gère le ser­vice d’hébergement d’urgence des per­son­nes migrantes ». Le prêtre le dirigeait et avait mis fin à la plu­part des proces­sus d’accueil, de sorte que tout, et surtout tous, pas­saient par lui. On apprend dans l’article qu’il a été « envoyé au diocèse de Rabat en 2016, “à l’encontre de migrants et réfugiés mineurs” durant au moins qua­tre ans ». France 3 se con­cen­tr­era égale­ment sur les mis­sions du père Exel­mans qui, au reste, par­lent d’elles-mêmes, en men­tion­nant notam­ment la créa­tion de Tabitha Solidarité.

Cette récupération de la gauche qui viendra peut-être

Face à cette his­toire sor­dide qui ne dresse pas un por­trait bien élo­gieux de ce qu’on pour­rait appel­er vul­gaire­ment un « catho de gauche », il est pos­si­ble que les médias trou­vent un con­tre­feu. Il serait sim­ple : accuser tous les prêtres de s’attaquer à des migrants mineurs, frag­iles, et inven­ter un réseau de prêtres français venant chercher de la chair fraîche à des mil­liers de kilo­mètres de la jus­tice française, avec à la clé une extra­di­tion facile per­mise par une hiérar­chie ecclési­as­tique au mieux aveu­gle, au pire com­plice. On a déjà vu pareil retournement.

Adélaïde Motte 

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