Les élections syndicales de 2025 entreront dans l’histoire de France 3. Après une suprématie de deux décennies, la CGT est mise en minorité par une coalition FO-CGC. Une situation entérinée par le comité social et économique du siège le 9 décembre 2025.
Abus de la CGT dénoncés en mai 2025
Pour en comprendre les raisons, il faut remonter à mai 2025. Le 17 de ce mois, un rapport officiel pointe du doigt les abus de la CGT dans sa gestion des ressources humaines du CASCIE ORTF (Comité des activités sociales et culturelles interentreprises), l’organisme qui gère les tarifs préférentiels dont peuvent bénéficier les salariés de l’audiovisuel public, notamment pour leurs vacances. Il a sous son influence, au-delà de France Télévisions, les salariés de Radio France, INA, et autres. Ce rapport met en lumière une ambiance de travail délétère dans laquelle se mélangent népotisme, harcèlement, comportements déplacés ou encore clientélisme dont serait responsable la CGT. Deux employés ayant dénoncé cette situation ont été mis à la porte du CASCIE et ont porté l’affaire devant les prud’hommes.
50 000 € de frais de transport pour le trésorier CGT
Comme pour enfoncer davantage la CGT, l’été 2025 a été une succession de bévues. Dès le début de l’été, Radio France a annoncé qu’elle quitterait le CASCIE à partir de 2027 pour des raisons financières. Or, le 23 septembre 2025, la Cour des comptes a pointé du doigt l’ancien trésorier de ce CASCIE qui s’est attribué 50 000€ de défraiement de transports. Le siège a exigé le retour de cette somme. Comble de malchance, le trésorier s’avérait être adhérent de la CGT. En juillet, la secrétaire de la CGT a été condamnée pour harcèlement et discrimination. Ajoutons que le 17 septembre 2025, les prud’hommes ont donné raison aux deux salariés licenciés et condamné le CASCIE pour harcèlement. Vieilles de seulement quelques semaines au moment du vote, ces affaires ont sans aucun doute pesé dans la balance.
La coalition FO/CGC l’emporte
Depuis la présidence de Marc Tessier entre 1999 et 2005, la CGT a toujours dominé au sein de l’audiovisuel public, étant parfois qualifiée de « cogérant ». Cette fois, c’est une coalition qui a mis en échec le mastodonte. FO se félicite de son score : 27,46% contre 23% à la CGT et 20% à la CGC. Un score en perpétuelle augmentation pour FO : en 2009, le syndicat n’atteignait que 7%, et en 2018 18,65%.
À l’issue de la réunion du 9 décembre 2025 qui a acté cette victoire et le nouvel organigramme du CSE (Comité social et économique), le secrétaire en sera Christophe Bens de FO tandis que la trésorière sera Hélène Grafiteaux de la CGC. Une déclaration commune a été lue et, dans celle-ci, les nouveaux élus s’alarment de certains propos tenus devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale. Dans l’attente des conclusions, les élus exigent le gel des restructurations envisagées, la suspension des négociations sur l’évolution de l’accord collectif de 2013 et le gel de l’organigramme.
L’audiovisuel public fait face à une profonde crise de confiance. Cette fois, elle ne vient pas de certains « détracteurs » mais de ses propres troupes. Alors qu’il y a quelques semaines, Delphine Ernotte a suscité la polémique devant les parlementaires, la défaite de la CGT est un autre signal que les choses bougent et que les projecteurs pointent de plus en plus France Télévisions et certaines de ses dérives. Le début de la fin pour l’ère Ernotte ?
Corentin Catel

















