Dans le week-end du 17 au 18 mai, les adhérents aux Républicains ont voté pour leur chef.
Un scrutin qui s’est conclu par un plébiscite en faveur de Bruno Retailleau, élu chef du parti avec plus de 74% des voix. Une issue qui plaît à une bonne partie des médias, qui y voient un recentrage des Républicains, qui avaient tendance à pencher un peu trop à droite depuis quelques temps.
Les médias applaudissent une victoire écrasante
Avec 25,7% des voix, Laurent Wauquiez est « le grand battu du week-end » selon Le Monde, « piteusement défait » selon Paris Match. Bruno Retailleau, lui peut se féliciter, avec 74,3% des voix, d’une « large victoire » selon Public Sénat, qui note également un « accueil triomphal » reçu par Bruno Retailleau du groupe des Républicains au Sénat.
Sa victoire ne fait aucun doute, et les médias s’appuient sur cette certitude, qui a peut-être l’intérêt de valider un membre du gouvernement plutôt qu’un membre de l’opposition.
Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. Les Échos répètent ainsi que « Bruno Retailleau remporte une large victoire », « s’est largement imposé », que « la droite s’est choisi un chef — sans contestation possible », que « les militants du parti se sont largement portés vers la candidature de Bruno Retailleau ». Pour ce titre, le grand péché de Laurent Wauquiez est peut-être d’avoir « [fait] de l’œil au parti d’Éric Zemmour » alors que Bruno Retailleau « assumait une participation gouvernementale ».
Après l’élection, l’union ? Les médias n’y croient pas
Chez Les Républicains, trois adhérents sur quatre sont tombés d’accord pour élire Bruno Retailleau à leur tête, ce qui augure plutôt bien de l’avenir du parti. Cependant, cet avenir dépend aussi, et peut-être surtout, de ses ténors. Et là, le combat des chefs pourrait survivre à l’élection.
Certains médias observent les dissensions actuelles et passées. Le Monde note les réactions des élus des Républicains en précisant qu’il faut « surtout, ne pas souffler sur les braises encore chaudes de la campagne ».
De son côté, Paris Match en trouve qui expriment « un plaisir coupable : celui de voir Laurent Wauquiez mordre la poussière. Un député croisé le soir de la victoire du ministre de l’Intérieur ricanait franchement, l’œil gourmand et la langue acérée : “Ce n’est plus une défaite, c’est une correction.” » Le Parisien, quant à lui, explique que Bruno Retailleau se met immédiatement au travail pour donner au parti une nouvelle direction, « un exercice souvent délicat dans une famille politique prompte à se déchirer pour des postes. » Les Républicains sont moins à droite qu’on ne le craignait, mais ils ne sont pas encore assez soudés pour être dangereux.
Avec Bruno Retailleau, la droite républicaine renaît
Bruno Retailleau, qui n’a pourtant pas toujours l’heur de plaire aux médias, est donc, pour un temps que l’on devine bref, anobli. Le Monde explique qu’il veut « profiter de l’élan de sa victoire » et « remettre en ordre de marche le parti ». Pour cela, le nouveau chef des Républicains « donne l’exemple ». Il est cependant bon gagnant et « veut éviter d’humilier son rival ». En fait, on comprend ces louanges à la lumière des Échos, qui rappellent que Les Républicains ont bien failli sombrer. Éric Ciotti qui s’allie au Rassemblement National, Valérie Pécresse qui échoue lamentablement à l’élection présidentielle, au point de contracter des dettes importantes…
Le parti a failli mourir. Et c’était bien là le problème. Les Républicains, c’est le dernier parti de droite qui réunit deux critères importants : être assez gros pour être crédible tout en étant « dans l’arc républicain ». Jusqu’à l’élection de Bruno Retailleau, les électeurs de droite n’avaient plus guère que le Rassemblement national pour espérer gouverner, avec Reconquête! sur le côté, qui jouait la petite bête qui monte, qui monte. L’élection de Bruno Retailleau redonne de l’espoir aux électeurs du parti… et aux médias de centre-droit.
Bruno Retailleau, trait d’union entre LR et Macron ?
Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur d’Emmanuel Macron, est par ailleurs décidé à rester en poste tout en assumant la présidence du parti Les Républicains. Pourrait-il alors être un catalyseur de l’alliance entre Les Républicains et Renaissance ? C’est possible, et c’est en tout cas ce qu’appelait de ses vœux Valérie Hayer, eurodéputé européen Renew, sur le plateau de Public Sénat. La chose est en tout cas plus probable qu’avec Laurent Wauquiez, qui affichait plutôt ses points d’accord avec Sarah Knafo, député européen Reconquête!.
Bruno Retailleau pourrait donc, à en croire certains médias, rendre LR plus agréable à la gent médiatique que le parti ne l’est déjà. Le Monde explique qu’il « a déjà annoncé vouloir nommer l’ex-premier ministre Michel Barnier comme président du conseil national de LR. Éric Ciotti, élu président du parti en décembre 2022, avait, lui, mis cinq semaines pour constituer son équipe dirigeante, ou plutôt une armée mexicaine version rive droite de la Seine. » Entre Éric Ciotti, aujourd’hui allié du Rassemblement National, Laurent Wauquiez, qui pourrait demain être celui de Reconquête!, et Bruno Retailleau, membre du gouvernement Macron, les médias ont choisi.
Laurent Wauquiez a perdu, il doit se taire
Avec moins de 26% des voix, il faut reconnaître que la défaite de Laurent Wauquiez est assez cuisante. Les médias le disent et le répètent, et estiment notamment qu’il n’a plus qu’un droit, celui de se taire. Bien que Laurent Wauquiez reste le président des Républicains à l’Assemblée nationale, et un ténor connu et apprécié des Républicains, Les Échos affirment que « la victoire sans appel de son rival lui laisse peu d’espace politique ». Donc peu de droit à la parole, pour des prises de position qui ne plaisaient guère aux médias dominants.
Adélaïde Hecquet
Photo : Bruno Retailleau en février 2025. Jonathan Chen / UK Home Office. Licence : CC BY 2.0