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Présidence des LR : Bruno Retailleau, nouveau héros de certains médias ?

24 mai 2025

Temps de lecture : 5 minutes
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Présidence des LR : Bruno Retailleau, nouveau héros de certains médias ?

Temps de lecture : 5 minutes

Dans le week-end du 17 au 18 mai, les adhérents aux Républicains ont voté pour leur chef.

Un scrutin qui s’est con­clu par un plébiscite en faveur de Bruno Retail­leau, élu chef du par­ti avec plus de 74% des voix. Une issue qui plaît à une bonne par­tie des médias, qui y voient un recen­trage des Répub­li­cains, qui avaient ten­dance à pencher un peu trop à droite depuis quelques temps.

Les médias applaudissent une victoire écrasante

Avec 25,7% des voix, Lau­rent Wauquiez est « le grand bat­tu du week-end » selon Le Monde, « piteuse­ment défait » selon Paris Match. Bruno Retail­leau, lui peut se féliciter, avec 74,3% des voix, d’une « large vic­toire » selon Pub­lic Sénat, qui note égale­ment un « accueil tri­om­phal » reçu par Bruno Retail­leau du groupe des Répub­li­cains au Sénat.

Sa vic­toire ne fait aucun doute, et les médias s’appuient sur cette cer­ti­tude, qui a peut-être l’intérêt de valid­er un mem­bre du gou­verne­ment plutôt qu’un mem­bre de l’opposition.

Au roy­aume des aveu­gles, les borgnes sont rois. Les Échos répè­tent ain­si que « Bruno Retail­leau rem­porte une large vic­toire », « s’est large­ment imposé », que « la droite s’est choisi un chef — sans con­tes­ta­tion pos­si­ble », que « les mil­i­tants du par­ti se sont large­ment portés vers la can­di­da­ture de Bruno Retail­leau ». Pour ce titre, le grand péché de Lau­rent Wauquiez est peut-être d’avoir « [fait] de l’œil au par­ti d’Éric Zem­mour » alors que Bruno Retail­leau « assumait une par­tic­i­pa­tion gouvernementale ».

Après l’élection, l’union ? Les médias n’y croient pas

Chez Les Répub­li­cains, trois adhérents sur qua­tre sont tombés d’accord pour élire Bruno Retail­leau à leur tête, ce qui augure plutôt bien de l’avenir du par­ti. Cepen­dant, cet avenir dépend aus­si, et peut-être surtout, de ses ténors. Et là, le com­bat des chefs pour­rait sur­vivre à l’élection.

Cer­tains médias obser­vent les dis­sen­sions actuelles et passées. Le Monde note les réac­tions des élus des Répub­li­cains en pré­cisant qu’il faut « surtout, ne pas souf­fler sur les brais­es encore chaudes de la campagne ».

De son côté, Paris Match en trou­ve qui expri­ment « un plaisir coupable : celui de voir Lau­rent Wauquiez mor­dre la pous­sière. Un député croisé le soir de la vic­toire du min­istre de l’Intérieur ricanait franche­ment, l’œil gour­mand et la langue acérée : “Ce n’est plus une défaite, c’est une cor­rec­tion.” » Le Parisien, quant à lui, explique que Bruno Retail­leau se met immé­di­ate­ment au tra­vail pour don­ner au par­ti une nou­velle direc­tion, « un exer­ci­ce sou­vent déli­cat dans une famille poli­tique prompte à se déchir­er pour des postes. » Les Répub­li­cains sont moins à droite qu’on ne le craig­nait, mais ils ne sont pas encore assez soudés pour être dangereux.

Avec Bruno Retailleau, la droite républicaine renaît

Bruno Retail­leau, qui n’a pour­tant pas tou­jours l’heur de plaire aux médias, est donc, pour un temps que l’on devine bref, anobli. Le Monde explique qu’il veut « prof­iter de l’élan de sa vic­toire » et « remet­tre en ordre de marche le par­ti ». Pour cela, le nou­veau chef des Répub­li­cains « donne l’exemple ». Il est cepen­dant bon gag­nant et « veut éviter d’humilier son rival ». En fait, on com­prend ces louanges à la lumière des Échos, qui rap­pel­lent que Les Répub­li­cains ont bien fail­li som­br­er. Éric Ciot­ti qui s’allie au Rassem­ble­ment Nation­al, Valérie Pécresse qui échoue lam­en­ta­ble­ment à l’élection prési­den­tielle, au point de con­tracter des dettes importantes…

Le par­ti a fail­li mourir. Et c’était bien là le prob­lème. Les Répub­li­cains, c’est le dernier par­ti de droite qui réu­nit deux critères impor­tants : être assez gros pour être crédi­ble tout en étant « dans l’arc répub­li­cain ». Jusqu’à l’élection de Bruno Retail­leau, les électeurs de droite n’avaient plus guère que le Rassem­ble­ment nation­al pour espér­er gou­vern­er, avec Recon­quête! sur le côté, qui jouait la petite bête qui monte, qui monte. L’élection de Bruno Retail­leau redonne de l’espoir aux électeurs du par­ti… et aux médias de centre-droit.

Bruno Retailleau, trait d’union entre LR et Macron ?

Bruno Retail­leau, min­istre de l’Intérieur d’Emmanuel Macron, est par ailleurs décidé à rester en poste tout en assumant la prési­dence du par­ti Les Répub­li­cains. Pour­rait-il alors être un catal­y­seur de l’alliance entre Les Répub­li­cains et Renais­sance ? C’est pos­si­ble, et c’est en tout cas ce qu’appelait de ses vœux Valérie Hay­er, eurodéputé européen Renew, sur le plateau de Pub­lic Sénat. La chose est en tout cas plus prob­a­ble qu’avec Lau­rent Wauquiez, qui affichait plutôt ses points d’accord avec Sarah Knafo, député européen Reconquête!.

Bruno Retail­leau pour­rait donc, à en croire cer­tains médias, ren­dre LR plus agréable à la gent médi­a­tique que le par­ti ne l’est déjà. Le Monde explique qu’il « a déjà annon­cé vouloir nom­mer l’ex-premier min­istre Michel Barnier comme prési­dent du con­seil nation­al de LR. Éric Ciot­ti, élu prési­dent du par­ti en décem­bre 2022, avait, lui, mis cinq semaines pour con­stituer son équipe dirigeante, ou plutôt une armée mex­i­caine ver­sion rive droite de la Seine. » Entre Éric Ciot­ti, aujourd’hui allié du Rassem­ble­ment Nation­al, Lau­rent Wauquiez, qui pour­rait demain être celui de Recon­quête!, et Bruno Retail­leau, mem­bre du gou­verne­ment Macron, les médias ont choisi.

Laurent Wauquiez a perdu, il doit se taire

Avec moins de 26% des voix, il faut recon­naître que la défaite de Lau­rent Wauquiez est assez cuisante. Les médias le dis­ent et le répè­tent, et esti­ment notam­ment qu’il n’a plus qu’un droit, celui de se taire. Bien que Lau­rent Wauquiez reste le prési­dent des Répub­li­cains à l’Assemblée nationale, et un ténor con­nu et appré­cié des Répub­li­cains, Les Échos affir­ment que « la vic­toire sans appel de son rival lui laisse peu d’e­space poli­tique ». Donc peu de droit à la parole, pour des pris­es de posi­tion qui ne plai­saient guère aux médias dominants.

Adélaïde Hec­quet

Pho­to : Bruno Retail­leau en févri­er 2025. Jonathan Chen / UK Home Office. Licence : CC BY 2.0

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