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Fleur Pellerin maintient sa volonté de réserver les subventions à la presse d’information

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4 juin 2015

Temps de lecture : 4 minutes
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Fleur Pellerin maintient sa volonté de réserver les subventions à la presse d’information

Temps de lecture : 4 minutes

Le 2 juin dernier, la ministre de la Culture Feur Pellerin a participé à la seconde conférence des Editeurs de Presse. La première édition, organisée par son prédécesseur Aurélie Filippetti le 22 avril 2014 était centrée sur l’actionnariat et la distribution des médias. Le thème, cette fois, concernait les aides d’État à la presse et la réforme prévue de l’aide d’État à l’acheminement postal.

Instau­rée par le décret du 13 avril 2012, mod­i­fié par celui du 23 juin 2014, cette con­férence annuelle doit se tenir une fois l’an pour débat­tre des ori­en­ta­tions stratégiques du secteur de la presse, notam­ment con­cer­nant les aides (directes et indi­rectes : 820 mil­lions par an). Le décret pré­cise qu’un état annuel des aides directes et indi­rectes à la presse, ven­tilées par béné­fi­ci­aire, sera com­mu­niqué aux édi­teurs de presse qui doivent en accepter la publication.

Lors de cette édi­tion, Fleur Pel­lerin a présen­té les évo­lu­tions du dis­posi­tif d’aide à la presse, qui doit aboutir à soutenir exclu­sive­ment la presse d’in­for­ma­tion poli­tique et générale, ain­si que la presse du savoir et des con­nais­sances, à l’exclusion de la presse récréative.

Cette déci­sion a été prise en par­tie… à cause du FN. Lorsque fin 2014, Clos­er « révèle » l’ho­mo­sex­u­al­ité de Flo­ri­an Philip­pot, deux com­mu­ni­cants, Thomas Guénolé et Kate­ri­na Ryzhako­va, con­trat­taque­nt et lan­cent une péti­tion con­tre le “demi-mil­lion de sub­ven­tions publiques” dont béné­fi­cie le mag­a­zine. Ayant ral­lié près de 16 000 sig­na­tures, ils écrivent à Fleur Pel­lerin dont le chef de cab­i­net leur répond : “la min­istre (..) m’a chargé de vous informer que son souhait est de faire en sorte que les sub­ven­tions publiques ail­lent exclu­sive­ment à la presse d’in­for­ma­tion publique et générale”. Les deux com­mu­ni­cants ren­dent le cour­ri­er public.

Si l’on regarde la ven­ti­la­tion des aides à la presse en 2013, l’on con­state que Télé 7 Jours reçoit 6 947 010 euros, 9e béné­fi­ci­aire par l’im­por­tance des aides ver­sées. Télé Star reçoit de la même façon 5 001 215 euros ; le mag­a­zine Femme Actuelle 2 876 855 euros (dont 39 097 euros d’aides à la dis­tri­b­u­tion) ; le mag­a­zine Elle 2 615 160 euros ; Gala 579 566 €, Le Jour­nal de Mick­ey 541 323 euros ; Clos­er 533 221 euros ; Grazia 518 181 € ; VSD 454 588 € ; Voici 404 308, et Pub­lic 353 331 €. L’in­ven­taire est loin d’être exhaus­tif. Cepen­dant, ce sont des sommes que les mag­a­zines ne perçoivent pas directe­ment — elles sont ver­sées à la Poste.

Ce sujet sera pré­cisé­ment abor­dé à l’occasion des accords que l’État souhaite pass­er avec la presse et la Poste cette année. L’é­nar­que Emmanuel Gian­nesi, ancien directeur de cab­i­net adjoint auprès de l’ex-secrétaire d’État chargée de l’Enseignement supérieur et de la rechercher Geneviève Fioara­so de 2012 à 2014 et con­seiller référendaire à la Cour des Comptes, doit s’ac­quit­ter d’une mis­sion pour pro­pos­er plusieurs scé­nar­ios. Une autre mis­sion doit être con­fiée à l’AR­CEP (autorité de régu­la­tion des com­mu­ni­ca­tions élec­tron­iques et des postes) sur le coût du trans­port postal de la presse.

Alors que les ventes de la presse papi­er s’éro­dent — tant au numéro qu’à l’abon­nement — et que le nom­bre de lecteurs sur le web et sur smart­phones aug­mente, le sujet devient par­ti­c­ulière­ment actuel. Cepen­dant, la ques­tion de l’at­tri­bu­tion des sub­ven­tions n’est pas sans causer quelques crispations.

En effet, le syn­di­cat des édi­teurs de la presse mag­a­zine (SEPM) a récem­ment rap­pelé dans un com­mu­niqué aigrelet que “les aides publiques à la presse (174 mil­lions d’€ pour l’ex­er­ci­ce budgé­taire 2015) sont ciblées sur la presse d’in­for­ma­tion poli­tique et générale (IPG), à 99% aujour­d’hui et 100% à par­tir du 1er jan­vi­er 2016″. Soit entre les lignes : Mme le min­istre ne con­naît pas son dossier. Le SEPM pour­suit : “l’ensem­ble des titres non IPG, soit 80% de la presse mag­a­zine française, ne reçoit aucune aide publique”. Les aides indiquées dans le doc­u­ment annuel ren­du pub­lic con­cer­nent la ven­ti­la­tion, pour chaque titre, d’une dota­tion glob­ale d’a­chem­ine­ment de 130 mil­lions d’eu­ros con­sen­tie par l’É­tat à la Poste… ce qui n’empêche pas les édi­teurs de sup­port­er des coûts d’a­chem­ine­ment par­mi les plus élevés d’Eu­rope : “Clos­er acquitte un tarif d’a­chem­ine­ment aux abon­nés de 0,539 €. Il paierait pour le même ser­vice 0,319 € en Bel­gique, 0,372 € en Alle­magne, 0,531€ en Suède, 0,493€ aux Pays-Bas, 0,193€ en Ital­ie, 0,414 € en Suisse”.

Crédit pho­to : adders via Flickr (cc)