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Mort de Colin Powell, auteur de la fake news du siècle en 2003

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20 octobre 2021

Temps de lecture : 3 minutes
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Mort de Colin Powell, auteur de la fake news du siècle en 2003

Temps de lecture : 3 minutes

Ce sont les anglo-saxons qui ont inventé le terme de fake news, alias “infox” en français, expressions qui ont remplacé nos bons vieux bobards. Bobardier d’élite, Colin Powell demeure le détenteur envié jusqu’à ce jour de la plus belle fausse nouvelle du XXIème siècle ou de la plus épouvantable, au choix.

5 février 2003

Retour en arrière de 18 ans. Sad­dam Hus­sein est encore au pou­voir, les États-Unis sous la prési­dence du répub­li­cain néo-con­ser­va­teur de George W. Bush veu­lent envahir l’Irak qu’ils accusent de pré­par­er une guerre mon­di­ale ou tout du moins d’en avoir les moyens. Le dic­ta­teur sun­nite dis­poserait d’armes de destruc­tion mas­sives sus­cep­ti­bles de touch­er « le monde libre », dont les États-Unis. Ces armes biologiques, virus, anthrax peu­vent touch­er leurs cibles grâce à de nom­breux mis­siles inter­con­ti­nen­taux. Tous ces pré­parat­ifs guer­ri­ers ont été menés dans le plus grand secret mais la CIA veille : les usines qui fab­riquent les armes neu­ro­tox­iques sont repérées, oncle Sam peut agir pour défendre la démoc­ra­tie et la liberté.

Col­in Pow­ell, alors à la tête de la diplo­matie du gou­verne­ment Bush, monte à la tri­bune des Nations-Unies, d’un air grave. Il s’appuie sur la réso­lu­tion 1444 du 8 novem­bre de l’année 2002 qui accu­sait l’Irak de détenir des armes de destruc­tion mas­sive et lui don­nait un délai pour les désarmer au tra­vers d’inspections inter­na­tionales. Pow­ell présente des cartes : usines de mis­siles, cen­tres de fab­ri­ca­tion de virus sous cou­vert de phar­ma­cie indus­trielle. Il bran­dit une fiole con­tenant de l’anthrax, un agent biologique vir­u­lent, le monde est en danger.

Le mensonge du siècle et ses conséquences

Le mois suiv­ant les améri­cains envahissent l’Irak, l’armée iraki­enne est défaite rapi­de­ment, Sad­dam Hus­sein sera fait pris­on­nier et exé­cuté en 2006, on compte plusieurs cen­taines de mil­liers de morts directs ou indi­rects de l’invasion, les déplacés sont des mil­lions, 18 ans plus tard le pays n’est tou­jours pas stabilisé.

De mis­siles nulle trace, d’agents neu­ro­tox­iques nulle trace. Tout était inven­té. Pow­ell avait pour­tant affir­mé « Cha­cune des déc­la­ra­tions que je fais aujourd’hui s’appuie sur des sources, des sources solides ».

Il a déclaré ensuite qu’il avait été trompé par la CIA en même temps que George W. Bush. On peut les croire mais on peut aus­si penser qu’ils ont men­ti volon­taire­ment pour jus­ti­fi­er l’invasion.

Si cette inva­sion fût un suc­cès mil­i­taire, on pour­rait penser qu’elle fût un échec poli­tique. Tout dépend des objec­tifs de l’invasion. Si les objec­tifs étaient par exem­ple la destruc­tion d’un des rares régimes laïcs de la région pou­vant con­stituer une men­ace pour Israël, ou bien d’utiliser mas­sive­ment l’arsenal de guerre améri­cain pour le rem­plac­er au béné­fice de l’État pro­fond mil­i­taro-indus­triel ou encore d’affaiblir un état pétroli­er indocile, on peut con­sid­ér­er que l’opération fût plutôt un suc­cès. Un suc­cès bâti sur le men­songe, la manip­u­la­tion de l’opinion mon­di­ale et la com­plic­ité des médias de grand chemin.