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Macron ou l’ultime mascarade

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21 juillet 2017

Temps de lecture : 13 minutes
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Macron ou l’ultime mascarade

Temps de lecture : 13 minutes

[Red­if­fu­sions esti­vales 2017 – arti­cle pub­lié ini­tiale­ment le 01/05/2017]

Le candidat fabriqué par les médias et la finance semble en passe d’accéder à la présidence de la République française, révélant, au moment où le pouvoir médiatique apparaît plus délégitimé que jamais, son coup de force suprême qui, à défaut d’une quelconque alternance, est au contraire en train de faire entrer la France dans une ère post-démocratique.

Gal­vani­sa­tion des mass­es, pro­pa­gande, hys­térie, manip­u­la­tion, fuite en avant… Der­rière le micro un pan­tin ges­tic­ule, il prof­ite de la crise et de la crainte qu’inspire à la bour­geoisie le par­ti des ouvri­ers… Tout cela ne nous rap­pelle-t-il pas des heures où il était impos­si­ble de se déplac­er sans une lampe de poche ? Ne voit-on pas les mêmes gigan­tesques mis­es en scène, à l’aube d’une élec­tion cap­i­tale, au ser­vice d’un can­di­dat offrant à cha­cun son cou­plet sans la moin­dre cohérence, celle-ci éludée au prof­it d’une pure exal­ta­tion de l’énergie, comme on le voit faire Hitler dans Le Tri­om­phe de la Volon­té de Leni Riefen­stahl, lors de la cam­pagne de 1933 ? Puisque les jours qui nous atten­dent met­tront à la pen­sée poli­tique le joug du Point God­win, allons‑y, prenons hon­nête­ment ce chemin par pur exer­ci­ce intel­lectuel et voyons… Le fas­cisme n’a jamais été une anti-démoc­ra­tie où on couperait le micro, il est une per­ver­sion démoc­ra­tique par sat­u­ra­tion uni­voque du micro. Qui a tous les médias avec lui ? Le Pen, ou Macron ? En ce sens, évidem­ment que s’il est une cam­pagne élec­torale que l’on pour­rait rap­procher aujourd’hui de celle d’Hitler et ses sbires, c’est bien celle de Macron et des siens – Jacques Attali, Pierre Bergé, Thier­ry Pech (le fon­da­teur de « Ter­ra Nova »), Xavier Niel, Alain Minc, qui por­tent tous, d’ailleurs, à défaut d’un « pro­gramme », du moins un pro­jet utopiste, lequel, s’il ne cherche pas à réalis­er le « surhu­main », vise néan­moins le « transhumain ».

Apogée du zombie

Si durant toute la cam­pagne le can­di­dat du vide — ni droite ni gauche, ou de gauche comme de droite, mais aus­si d’en-haut et d’en bas, ou tout au con­traire — a béné­fi­cié non du fond, mais de la forme en trompe‑l’œil qui fait pass­er pour neuf un mem­bre du gou­verne­ment sor­tant le plus détesté de la Ve République, cet avatar-caméléon-du-même qui car­bu­re au pou­voir financier et est exalté par une coali­tion médi­a­tique inédite, s’est vu couron­né par les jour­nal­istes dès sa sélec­tion au sec­ond tour, dimanche 23 avril dernier, avec une jubi­la­tion con­san­guine éton­nante. On se réjouis­sait en famille au moment de hiss­er, de manière un peu pré­cip­itée, au-dessus de la garde-robe poli­tique française, le porte-man­teau du pro­gramme d’Attali. L’analyste des médias Daniel Schnei­der­mann l’énoncerait claire­ment : « S’il reste quelques citoyens qui n’ont pas com­pris com­ment les médias ont imposé Macron comme une évi­dence, alors qu’ils se pré­cip­i­tent sur le replay de la soirée élec­torale de France 2. Toute la mécanique s’y dévoile. Évidem­ment, il y a la col­lec­tion com­plète des cou­ver­tures de l’Obs, les édi­tos à répéti­tion des snipers de Chal­lenges, les oppor­tunes péti­tions d’économistes. Tout ceci con­stitue un bloc de pro­pa­gande vis­i­ble. Mais le plus effi­cace, sans doute fut-ce la pro­pa­gande invis­i­ble. “On a l’impression de voir un prési­dent élu, et c’est assez impres­sion­nant” , s’émerveilla le jour­nal­iste Jeff Wit­ten­berg, sans réalis­er que ces “images d’un prési­dent élu”, il en était lui-même le fab­ri­cant, lui et sa chaîne, et tous les autres. Dans l’écriture télévi­suelle française, ce type de course-pour­suite motorisée est habituelle­ment réservé à la berline du vain­queur du sec­ond tour. Si on pis­tait ain­si Macron, pourquoi ne pis­tait-on pas pareille­ment Marine Le Pen à Hénin-Beaumont ? »

Duce 2.0

Le jok­er du con­glomérat médi­ati­co-financier, c’est lui, et dans une ère post-démoc­ra­tique, il a cet atout d’avoir com­pris les nou­veaux rap­ports de forces et de jouer à fond la post-démoc­ra­tie, la post-nation, le post-humain pour le plus grand béné­fice des ten­ants du libéral­isme mon­di­al­isé. Pass­er de la finance aux médias et des médias à la finance, du pognon à la pub et de la pub au pognon, en ayant largué toute tra­di­tion, toute idéolo­gie, tout con­cept et tout peu­ple his­torique, est un choix franc et dynamique. L’archétype du nou­v­el homme d’État n’a plus qu’à se con­fon­dre avec le yup­pie sous coke hurlant des slo­gans vides devant des caméras mul­ti­pliées. Duce 2.0. Même Aude Lancelin, jour­nal­iste périmée et trahie par sa caste, qui, après avoir joui toute sa car­rière dans les jupes du pou­voir, s’invente rebelle une fois au chô­mage et se met à vouloir jouer à l’OJIM, même Aude Lancelin, donc, ne peut que com­pléter nos dia­grammes en évo­quant un « putsch du CAC 40 » : « Il y a des années que Macron plaçait ses pio­ns auprès des géants des médias. Déjà lorsqu’il était ban­quier d’affaires chez Roth­schild, le pro­tégé d’Alain Minc avait con­seil­lé le groupe Lagardère pour la vente de ses jour­naux à l’international. Excel­lentes aus­si, les rela­tions entretenues par Macron avec le sul­fureux patron de Canal+, Vin­cent Bol­loré (…). Très étroites égale­ment, celles qu’il a avec le fils de ce dernier, Yan­nick Bol­loré, PDG d’Havas, géant de la com­mu­ni­ca­tion mon­di­ale. Avec le groupe de Patrick Drahi, c’est car­ré­ment la love sto­ry à ciel ouvert, même si en péri­ode élec­torale les pudeurs de car­mélite s’imposent. Ain­si le Directeur général de BFM TV est-il régulière­ment obligé de se défendre de faire une “Télé Macron”, sans con­va­in­cre grand monde (…). Lorsque Mar­tin Bouygues et Patrick Drahi s’affronteront pour le rachat du groupe SFR, c’est Macron lui-même, alors secré­taire général de l’Elysée, qui jouera un rôle décisif en faveur de ce dernier. » Quant aux rela­tions de con­nivence entre Xavier Niel et Emmanuel Macron : « Dif­fi­cile en effet d’admettre publique­ment pour l’homme fort du groupe “Le Monde” son degré de prox­im­ité avec le can­di­dat d’En Marche!, alors même que beau­coup accusent déjà le quo­ti­di­en du soir d’être devenu le bul­letin parois­sial du macro­nisme. Lui aus­si action­naire du groupe “Le Monde”, le mil­liar­daire du luxe Pierre Bergé, n’aura pas réus­si à s’abstenir de tweet­er sa fougue macroni­enne pen­dant la cam­pagne. »

Épiphanie du système

Nous y sommes. Le sys­tème, dont l’OJIM dénonce depuis des années l’œuvre de con­fis­ca­tion d’un véri­ta­ble pou­voir médi­a­tique indépen­dant, le sys­tème qui d’après ce même sys­tème n’existe pas, d’après qui le nom­mer de la sorte serait une extrap­o­la­tion de com­plo­tiste, une out­rance pop­uliste, une sim­pli­fi­ca­tion dou­teuse, ce sys­tème a enfin un vis­age clair, limpi­de, défini­tive­ment syn­thé­tique – indis­cutable, et c’est celui d’un quadragé­naire BCBG au sourire de télé­vangéliste : Emmanuel Macron. De François Ruf­fin, le réal­isa­teur de « Mer­ci Patron ! », inspi­ra­teur des bobos nuit­de­boutistes de cen­tre-ville gen­trifés à Lau­rence Parisot, l’ancienne patronne du MEDEF s’imaginant déjà pre­mier min­istre, de José Bové à Nico­las Sarkozy, toute la cohérence libérale-lib­er­taire se révèle d’un bout à l’autre du spec­tre, toutes les com­posantes les plus var­iées de l’oligarchie, toutes les artic­u­la­tions du pou­voir, des ban­ques aux chaines de télévi­sion, des grands patrons aux ligues morales, les voilà toutes réu­nies, révélées, amal­gamées enfin der­rière un seul homme. « Pas de doute donc, comme je l’ai un jour relevé, Emmanuel Macron est bel et bien le can­di­dat de l’oligarchie. », assène Lau­rent Maudui, co-fon­da­teur du site Médi­a­part. Et il ajoute : « Avec l’aide de mon con­frère Adrien de Tri­cornot, j’ai par exem­ple apporté la preuve qu’Emmanuel Macron avait, en 2010, trahi la Société des rédac­teurs du Monde, dont il était le ban­quier con­seil, lors du rachat du jour­nal par Niel, Pigasse et Bergé, en étant lors de cette opéra­tion finan­cière l’agent dou­ble du camp adverse, et notam­ment de l’un de ses organ­isa­teurs, Alain Minc. (…) Oli­gar­que jusqu’au bout des ongles, enfant adultérin et mon­strueux de l’Inspection des finances et de l’agence Havas… » Voilà ce qu’affirme Maudui avant d’appeler à vot­er pour… Emmanuel Macron.

Triomphalisme

Si les médias font les élec­tions, encenser le vain­queur revient à ren­dre hom­mage à leur pro­pre pou­voir, et c’est sans doute de cette manière qu’il faut inter­préter les invraisem­blables cou­ver­tures de Paris Match, de L’Obs ou de L’Express au lende­main du pre­mier tour. Mais égale­ment les éloges dithyra­m­biques du Point : « On aime le décrire comme un météore, un Rasti­gnac des temps mod­ernes, un jeune loup à la gueule d’ange, un Petit Prince de la poli­tique… L’homme qui sera peut-être, à 39 ans, prési­dent de la République française, est un per­son­nage hors norme. Il a con­nu une ascen­sion éclair comme jamais l’his­toire poli­tique française n’en avait écrite, soulig­nait récem­ment une jour­nal­iste de la BBC. » Le can­di­dat d’ « En Marche » se con­tred­it en per­ma­nence, ne sait pas ce qu’il racon­te, se ridi­culise dès qu’il monte sur scène, il ne tient son suc­cès que d’avoir été fab­riqué, mais on nous le vend en Bona­parte de la démoc­ra­tie spec­tac­u­laire… Alors qu’il n’est que le fils chéri de l’oligarchie, l’héritier de François Hol­lande, lequel est le plus mau­vais prési­dent de la République que la France ait con­nu. « Ah oui, mais le règne du fils est for­mi­da­ble en soi ! », nous rétorque Syl­vain Courage, dans L’Obs, se livrant à une acro­batie sophis­tique totale­ment invraisem­blable pour hon­or­er son maître : « Cette élec­tion ouvre aus­si une nou­velle ère car elle met peut-être défini­tive­ment fin à une règle immé­mo­ri­ale et implicite : le patri­ar­cat. Dans l’incapacité de briguer un nou­veau man­dat, François Hol­lande, le prési­dent sor­tant le plus impop­u­laire de la Ve République, a ouvert un espace inédit à l’un de ses héri­tiers. Il ne l’a pas fait de bonne grâce, certes. Mais sa renon­ci­a­tion a per­mis l’é­man­ci­pa­tion de son plus proche dis­ci­ple. La loi du père, cas­tra­teur du fils, ne s’est pas appliquée. Et c’est donc la loi du fils qui s’impose. A la per­pé­tu­a­tion du pou­voir établi se sub­stitue une nou­velle légitim­ité : le renou­velle­ment naturel. Cette trans­mis­sion libre qui s’apparente à une réin­car­na­tion… Plus démoc­ra­tique que la loi du père, la loi du fils com­porte un droit d’inventaire. Ce n’est plus le patri­arche qui s’efforce de dur­er mais sa descen­dance qui dis­pose de son legs et agit pour son pro­pre avenir. » On atteint là des som­mets de n’importe quoi ! Tout héri­ti­er est un fils qui devien­dra lui-même un père. Du point de vue de Louis XIII, le règne de Louis XIV était tout autant le règne du fils ! Qui prof­i­tait d’une « nou­velle légitim­ité », d’un « renou­velle­ment naturel », certes, mais qui n’était pas spé­ciale­ment plus « démoc­ra­tique » ! Hérit­er revient à tuer le patri­ar­cat, d’après Syl­vain Courage… C’est mer­veilleux. Et pros­tituer sa fille revient sans doute à l’émanciper, si on regarde ça sous l’angle adéquat.

Manu le visionnaire, Macron le disruptif

Il n’est pas encore élu que Macron donne lieu à un con­cours d’éloge qui nous rap­pelle les heures les plus rouges du jour­nal­isme sous Staline. Au Point, on trou­ve cela : « Emmanuel Macron a eu trois intu­itions qui ont créé les con­di­tions d’un des­tin d’ores et déjà excep­tion­nel. Tout com­mence très tôt, le 27 août 2015, aux uni­ver­sités d’été du Pôle des réfor­ma­teurs, à Pes­sac-Léog­nan. Le min­istre de l’É­conomie est longue­ment ova­tion­né. Ce jour-là, le séna­teur François Patri­at, qui fait par­tie de ses pre­miers sou­tiens, reçoit, en aparté, cette pré­mo­ni­tion incroy­able de Macron : “Il me dit : Je fais l’analyse que le chef de l’É­tat ne sera pas en mesure de se représen­ter. Il faut qu’on pré­pare quelque chose. On doit se revoir pour pré­par­er quelque chose”. » Le fait que Hol­lande ne pour­rait pas se représen­ter et qu’il allait fal­loir trou­ver autre chose, tout le monde le savait, depuis au moins novem­bre 2014, date à laque­lle Les Inrocks offraient à Jup­pé une invraisem­blable cou­ver­ture, trahissant par là leur con­vic­tion de l’impossibilité pour Hol­lande de rem­pil­er. Mais quand c’est Macron qui for­mule dix mois plus tard cette évi­dence, cela devient une « pré­mo­ni­tion incroy­able ». Pour France Inter, Macron réalise « le hold-up du siè­cle », comme titré en référence à la phrase d’un élu social­iste recy­clée sans recul. Dans Paris Match, le messie est décrit parée de toutes les qual­ités : « A la lumière des ral­liements de droite comme de gauche, et des sondages qui le pla­cent large­ment en tête au sec­ond tour, la dernière marche vers le per­ron de l’Elysée pour­rait sem­bler la plus facile. Mais l’élève des jésuites, diplômé de philoso­phie, sait que l’orgueil est un péché et la présomption un écueil red­outable. » Pour­tant, il a démon­tré pré­cisé­ment le con­traire, et c’est d’ailleurs ce qui a été relevé en général, même par­mi ses sou­tiens. Ce ren­verse­ment du réel témoigne sim­ple­ment du degré d’aveuglement idéologique que cer­tains jour­nal­istes peu­vent attein­dre face à leur can­di­dat officiel.

Médias en campagne

Après la séquence Whirlpool, BFM et France Inter ont même ten­té de réécrire ce à quoi tout le monde avait pu assis­ter, comme le mon­trait Eric Ver­haeghe sur Con­tre­points : « (…) de longues min­utes de direct ont per­mis de mon­tr­er com­ment le can­di­dat sor­ti pre­mier au pre­mier tour s’est retrou­vé en dif­fi­culté dans un mou­ve­ment pop­u­laire qui bafouait son pres­tige. Immé­di­ate­ment après ces images désas­treuses, BFM a repris la sit­u­a­tion en main en pro­duisant des com­men­taires qui dis­aient exacte­ment le con­traire de la réal­ité qui venait de s’étaler aux yeux des Français. S’est alors con­stru­it un roman grotesque où Marine Le Pen serait venue 15 min­utes sur place pour faire des self­ies avec des mil­i­tants du Front Nation­al, quand Emmanuel Macron aurait courageuse­ment affron­té la tem­pête et ramené le calme auprès d’ouvriers débous­solés par la mon­di­al­i­sa­tion. Le plus ahuris­sant fut d’entendre ce matin les com­men­taires et chroniques sur France Inter (pre­mière mati­nale de France, rap­pelons-le) où une opéra­tion de pro­pa­gande à la Potemkine fut claire­ment menée. Tout le monde con­naît la prox­im­ité entre Emmanuel Macron et le directeur général de Radio France. Mais trop, c’est trop. » Jour après jour, on assiste à des pra­tiques de pro­pa­gande que l’OJIM a déjà dénon­cées à de très nom­breuses repris­es, mais qui, dans un tel con­texte, devi­en­nent out­rageuse­ment man­i­festes et car­ré­ment permanentes.

Mise en lumière

Pris de panique, le sys­tème médi­a­tique tombe tous les masques, et c’est du moins l’avantage de ce sec­ond tour qu’une pareille mise en lumière. « Nan, pas fa ! Pas fa ! Pas fa ! » Qui exprime ain­si son dégoût pathé­tique ? Un enfant refu­sant de boire de l’huile de morue ? Non, d’après les médias, le futur chef de la République française faisant front au fas­cisme ressus­cité. Que ces gens-là ont-ils donc dans le cerveau ? Quand on parie sur un tel cheval, aban­don­ner toute dis­tance cri­tique pour men­er à bien son œuvre de manip­u­la­tion des mass­es exige une imper­méa­bil­ité totale à la honte. Vis­i­ble­ment, cette imper­méa­bil­ité existe. France Inter en arrive a cen­sur­er un humoriste, non parce qu’ils appelle à vot­er Marine Le Pen, mais parce qu’il ose seule­ment s’abstenir et ne pas vot­er Macron ! On cen­sure, on érige des murs infran­chiss­ables, on aboie, même, pour lut­ter pré­ten­du­ment con­tre un fas­cisme hypothé­tique, essen­tielle­ment légendaire, con­tre la pos­si­bil­ité d’une dérive autori­taire d’une prési­dente poten­tielle pour l’heure dans une sit­u­a­tion de seule con­tre tous, et on cimente, par là, un fas­cisme bien con­cret, bien omniprésent, bien pal­pa­ble : celui de la Pen­sée unique accla­mant par ses médias, aujourd’hui, le can­di­dat unique d’un par­ti unique.