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L’exode blanc de Boris Venon aux Mureaux n’intéresse pas les médias de grand chemin

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5 octobre 2022

Temps de lecture : 4 minutes
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L’exode blanc de Boris Venon aux Mureaux n’intéresse pas les médias de grand chemin

Temps de lecture : 4 minutes

C’est un événement qui aurait dû avoir un retentissement important dans la sphère médiatique : l’ancien secrétaire général de la fédération des Yvelines du parti socialiste a annoncé le 28 septembre sa démission du conseil municipal des Mureaux et son départ de la ville. Il s’en est expliqué lors d’une réunion plénière le 28 septembre, au cours de laquelle il a indiqué avoir été victime d’insultes racistes et homophobes. Hormis les médias alternatifs, cet événement a été superbement ignoré par les médias de grand chemin. Le white flight, l’exode blanc, semble visiblement être un sujet anecdotique pour eux.

L’exode blanc, un phénomène discret en France

L’immigration extra-européenne mas­sive qui arrive en France et l’installation de nom­breux étrangers dans les aggloméra­tions entrainent depuis plusieurs années la fuite d’autochtones de cer­taines villes. Ce phénomène est appelé le « white flight », l’exode blanc. Si celui-ci est assez large­ment étudié dans les pays anglo-sax­ons, on ne peut pas en dire autant en France.

La démo­graphe Michèle Trib­al­at présen­tait dans une inter­view don­née en 2016 au site Atlanti­co quelques expli­ca­tions à ce phénomène :

« Les proces­sus de con­cen­tra­tion et de ségré­ga­tion sont très anx­iogènes pour les autochtones lorsqu’ils devi­en­nent minori­taires et voient se trans­former leur envi­ron­nement. La pres­sion sociale néces­saire à la trans­for­ma­tion des com­porte­ments et des modes de vie des nou­veaux venus a ten­dance à chang­er de sens ».

De fait, pour tout obser­va­teur atten­tif, un change­ment s’est opéré en France depuis quelques années : en de nom­breux lieux, le Français ou l’Européen de souche n’est plus la référence en matière de codes cul­turels et ves­ti­men­taires. En ban­lieue et dans de nom­breuses aggloméra­tions, les tenues ves­ti­men­taires islamiques et eth­niques fleuris­sent, sou­vent de plus en plus austères. Les autochtones peu­vent en ressen­tir un sen­ti­ment d’étrangeté dans leur pro­pre pays. Quand ils ne sont pas en butte à une franche hos­til­ité. C’est ce qui est arrivé à Boris Venon, que rien ne prédes­ti­nait à dénon­cer le racisme anti-Européens.

Boris Vernon, un « progressiste » bon teint

Boris Venon est un citoyen engagé. À gauche. Il a été jusqu’en avril 2022 pre­mier secré­taire fédéral du Par­ti social­iste dans les Yve­lines. Élu au con­seil munic­i­pal des Mureaux depuis 2014, il a été jusqu’à récem­ment deux­ième adjoint au maire. Dans son inter­ven­tion devant le con­seil munic­i­pal le 28 sep­tem­bre, il sem­ble se jus­ti­fi­er en affir­mant être : «  un homme dont tout le par­cours poli­tique s’inscrit à gauche ». Lors de cette séance, il a annon­cé démis­sion­ner du con­seil munic­i­pal des Mureaux et quit­ter la ville des Mureaux. Il s’en explique publique­ment :

« Cette inter­ven­tion est celle d’un citoyen inqui­et du délite­ment du lien social dans notre ville, une ville qui a changé récem­ment. Depuis 2 ans, en me référant à mon expéri­ence per­son­nelle, j’ai subi 11 agres­sions, où moi-même ou ma famille nous sommes sen­tis men­acés, jusque dans notre intégrité physique, là où en 12 ans, je n’ai jamais con­nu d’épisodes de cette nature. Ces derniers épisodes je ne vous le cache pas ont été vio­lents, et ont pro­fondé­ment remis en cause le lien que j’avais avec la com­mune et ses habi­tants. Je me suis vu reprocher d’être qui je suis. Ces épisodes, et encore plus le dernier en date, ont été mar­qués par des men­aces ver­bales, de la vio­lence physique, allant jusqu’à des men­aces de mort et des insultes homo­phobes et racistes. « Le blanc quitte ma ville, on est chez nous ici ». Qu’est-ce que je me suis enten­du dire, avant d’être pour­suivi devant mon domi­cile, pour me men­ac­er de mort ensuite. Oui, les citoyens européens peu­vent faire l’objet de racisme. Et c’est un homme dont tout le par­cours poli­tique s’inscrit à gauche qui vous le dit (…)  ».

Une couverture médiatique a minima

Ce témoignage, qui ne peut a pri­ori pas être sus­pec­té d’arrières pen­sées poli­tiques, a curieuse­ment été dans un pre­mier temps très peu relayé dans la sphère médi­a­tique, hormis un arti­cle du 29 sep­tem­bre sur le site Actu.fr, suivi le 1er octo­bre par Le Figaro, Boule­vard Voltaire et Valeurs actuelles. Quelques heures plus tard, sans doute sous l’effet du buzz dans les réseaux soci­aux, Le Parisien y con­sacre – enfin — un article.

La loi du silence est tou­jours pesante sur ce sujet. Il est vrai que l’actuel min­istre de l’éducation écrivait en 2008 dans « La con­di­tion noire » :

« Par­ler d’un racisme antiblanc est une for­mule lourde de sous-enten­dus, qui, au nom d’un lan­gage de vérité, reprend des thé­ma­tiques qui ont cours depuis longtemps dans l’extrême droite. »

Alors…