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Les censeurs Potier et Stasi frappent encore et veulent aller plus loin

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1 juin 2018

Temps de lecture : 3 minutes
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Les censeurs Potier et Stasi frappent encore et veulent aller plus loin

Temps de lecture : 3 minutes

Il y a des noms qu’il faut retenir pour l’histoire. Par exemple ceux qui veulent imposer la censure pour tous et partout. Au moment où le livre prophétique de George Orwell 1984 ressort chez Gallimard dans une nouvelle traduction, il n’est pas indifférent de se pencher sur le cas de deux partisans de la novlangue. La novlangue dont Syme, cadre administratif travaillant dans le roman d’Orwell à la nouvelle (et dernière) édition du dictionnaire de la novlangue, en proclame l’objectif « Ne voyez vous pas que le véritable but du novlangue est de réduire les limites de la pensée ? À la fin nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n’y aura plus de mots pour l’exprimer ».

Deux artisans de la novlangue, Mario Stasi et Frédéric Potier

Mario Stasi porte le même nom que son père Mario Stasi, avo­cat comme lui. Il a rem­placé fin 2017 Alain Jacubow­icz démis­sion­naire à la tête de la Ligue con­tre le racisme et l’antisémitisme (LICRA)

Frédéric Poti­er est énar­que, il a tra­vail­lé notam­ment aux cab­i­nets de Claude Bar­tolone (PS) lorsque ce dernier présidait l’Assemblée Nationale et de Manuel Valls lorsqu’il était pre­mier min­istre. Il a rem­placé à la tête de la Dil­crah, la Délé­ga­tion inter­min­istérielle à la lutte con­tre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (marchez, souf­flez) le préfet Gilles Clavreul en mai 2017.

La Dil­crah a été créée par Nico­las Sarkozy et ses pou­voirs ont été élar­gis par François Hol­lade. Poti­er s’est notam­ment illus­tré par son action au moment de l’affaire Defend Europe. Rap­pelons les faits : un groupe de mil­i­tants du groupe Généra­tion Iden­ti­taire bloque sym­bol­ique­ment une fron­tière dans les Alpes en posant une ban­de­role et appel­lent au con­trôle des clan­des­tins, il n’y a ni vio­lence ni inter­ven­tion de la police.

Quelques jours plus tard la page Face­book de Defend Europe est sup­primée par Face­book, puis ensuite celle de Généra­tion Iden­ti­taire. Le sous-préfet Poti­er se vante d’être à l’initiative de cette inter­dic­tion, décou­vrant ain­si la nou­velle alliance d’une cen­sure d’État avec la cen­sure privée d’une multi­na­tionale améri­caine. Voir notre arti­cle du 11 mai 2018 sur le sujet. Cette démarche a provo­qué la sur­prise chez le poli­to­logue Dominique Reynié dans un arti­cle remar­qué du Figaro.

Stasi et Potier s’acharnent contre la liberté d’expression

Un peu plus tard nos deux com­pars­es ont cosigné une tri­bune dans le Figaro du 21 mai 2018. Un véri­ta­ble flo­rilège, nous citons « Face­book a fait appli­ca­tion de ses pro­pres règles d’utilisation con­tre un grou­pus­cule d’extrême droite véhic­u­lant un dis­cours xéno­phobe. Nulle cen­sure d’État. Nul com­plot. Nulle vio­la­tion d’une lib­erté fon­da­men­tale ».

Une analyse séman­tique sim­ple et de bon sens per­met de dévoil­er, de dévoil­er quoi ? Le men­songe tout sim­ple­ment. Le sous-préfet Poti­er s’est van­té d’être à l’origine de la sup­pres­sion des pages Face­book con­cernées. Quand il dit Nulle cen­sure d’État, il ment tout sim­ple­ment. Et quand le cou­ple Anas­tasie (la fig­ure de la cen­sure avec ses grands ciseaux) dit tran­quille­ment Nulle vio­la­tion d’une lib­erté fon­da­men­tale, il illus­tre les valeurs de Big Broth­er dans 1984 :

LA GUERRE C’EST LA PAIX

LA LIBERTÉ C’EST L’ESCLAVAGE

Mario Stasi a un nom prédes­tiné, nous ignorons s’il est orig­i­naire de Corse, d’Italie, d’Allemagne de l’est ou d’ailleurs mais son patronyme évoque irré­sistible­ment la police poli­tique de la par­tie ori­en­tale de l’Allemagne, alors com­mu­niste. Nous lui recom­man­dons chaude­ment de voir (ou revoir) le superbe film con­sacré à cette char­mante insti­tu­tion en 2006 par Flo­ri­an Henck­el von Don­ners­mark, La Vie des autres. Hélas la Stasi ne recrute plus, mais on dit que les ser­vices secrets cubains…