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L’accueil des clandestins, toujours insuffisant pour les médias de grand chemin

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30 décembre 2020

Temps de lecture : 8 minutes
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L’accueil des clandestins, toujours insuffisant pour les médias de grand chemin

Temps de lecture : 8 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 24/08/2020

Il y a deux ans, nous soulignions dans un article que de nombreux médias de grand chemin avaient repris à leur compte la thèse des immigrationnistes selon laquelle il n’y a pas de crise des migrants en France, mais une crise de l’accueil des migrants. En dépit d’un effort budgétaire considérable, la situation s’est-elle améliorée en particulier dans la capitale française ? Nous avons tenté de le savoir dans les médias de grand chemin.

Un effort budgétaire et matériel considérable

En juil­let 2017, la maire de Paris Anne Hidal­go s’exprimait dans les colonnes de Ouest-France. Elle pro­po­sait une loi « clef en main » sur l’accueil des « migrants ». Celle-ci prévoy­ait notam­ment une forte aug­men­ta­tion du nom­bre de places en cen­tres d’accueil des deman­deurs d’asile et une répar­ti­tion admin­istrée des migrants sur tout le territoire.

Le gou­verne­ment Philippe sem­ble avoir été plus qu’attentif aux propo­si­tions de la maire de Paris. A l’occasion du débat sur la loi asile et immi­gra­tion, Le Figaro repre­nait le 7 octo­bre 2019 les déc­la­ra­tions du délégué général LREM et député Stanis­las Guérini :

« Nous avons aug­men­té de 50% le bud­get dédié à l’asile et l’im­mi­gra­tion, nous avons plus ouvert de places d’héberge­ments en deux ans que durant tout le quin­quen­nat précé­dent ».

Plus rares ont été les médias à présen­ter la répar­ti­tion admin­istrée des migrants sur le ter­ri­toire français, qui peut s’apparenter à une véri­ta­ble opéra­tion de peu­ple­ment. Le site d’opinion Polémia y a con­sacré un arti­cle en jan­vi­er 2019. L’OJIM l’a égale­ment évo­qué à l’occasion de la sor­tie du doc­u­men­taire « Et les cloches se sont tues » qui fait un focus sur la Vendée.

Des ouvertures de centres d’accueil des migrants à foison

Comme nous l’apprennent les médias de grand chemin, le bud­get con­sid­érable con­sacré à l’accueil des étrangers, légaux et clan­des­tins à Paris comme partout en France, s’est vite matéri­al­isé en ouver­tures de cen­tres d’hébergement.

C’est ain­si que Le Monde nous informe le 20 sep­tem­bre 2018 qu’ « un cen­tre pour réfugiés ouvre sans polémique dans le 16e arrondisse­ment de Paris ». Le 3 juil­let 2019, Actu.fr nous apprend que « trois nou­veaux cen­tres pour migrants vont ouvrir à Paris pour désen­gorg­er les campe­ments ».

Le 31 octo­bre 2019 Infomi­grants fait état de l’ouverture d’un nou­veau cen­tre d’hébergement pour « migrants statu­taires », Boule­vard Poni­a­tows­ki. Sur CNews le 9 jan­vi­er 2020, on apprend qu’un nou­veau cen­tre d’accueil et d’examen des sit­u­a­tions a vu le jour Boule­vard Ney. Les asso­ci­a­tions immi­gra­tionnistes main­ti­en­nent la pres­sion : «  Les asso­ci­a­tions et les élus locaux exhor­t­ent l’Etat à agir pour héberg­er les migrants présents au nord-est de la cap­i­tale ». Il s’agit pour­tant du six­ième cen­tre d’accueil pour migrants dans la cap­i­tale, selon le préfet de la région ile de France sur le site de la Pré­fec­ture.

Les migrants se regroupent très sou­vent dans le nord de Paris pour béné­fici­er d’une mise à l’abri. Ils n’auront plus à aller bien loin,. Selon l’édition du 10 août du Figaro, un hôtel Ibis va être trans­for­mé en cen­tre d’hébergement d’urgence pour les sans-abri, au nord de Paris. « Il va accueil­lir 600 per­son­nes » nous apprend le Figaro. Le quo­ti­di­en omet cepen­dant de pré­cis­er que les sans-abris dans ce quarti­er de Paris, proche du parc de la Vil­lette, sont très sou­vent, voire exclu­sive­ment, des étrangers.

Le site de l’hôtel nous en dit plus sur les cham­bres qui vont être mis­es à dis­po­si­tions des migrants :

« L’Ibis Paris est un hôtel calme pro­posant des cham­bres équipées d’une télévi­sion à écran plat, d’une cli­ma­ti­sa­tion et d’un bureau. Vous pou­vez égale­ment compter sur un Wi-Fi gra­tu­it pour rester con­nec­té tout au long de votre séjour ».

Nous voilà rassurés

En 2017, l’Express nous infor­mait de la trans­for­ma­tion d’hôtels à bas coût (For­mule 1) en cen­tres d’hébergement pour migrants ( 5 531 places). La trans­for­ma­tion de l’hôtel Ibis de la Vil­lette tout comme celui de For­bach, de Lesquin, la Crèche (Deux Sèvres), etc., sem­ble mar­quer un saut tant quan­ti­tatif que qualitatif…Espérons que tous ne con­nais­sent pas le sort de l’hôtel de For­bach ren­du inhab­it­able après trois ans d’occupation par des migrants, selon un site d’information la Droite au cœur.

Des jeunes pas si mineurs que ça

On n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. Des Africains clan­des­tins tou­jours plus nom­breux afflu­ent en France et deman­dent une pro­tec­tion au titre de l’aide sociale à l’enfance, qui per­met une prise en charge inté­grale jusqu’à la majorité et même par­fois au-delà. Prob­lème : cer­tains « jeunes » sont éval­ués majeurs. Encour­agés par de mul­ti­ples asso­ci­a­tions à exercer un recours, ils deman­dent à être hébergés avant que la jus­tice tranche. L’occupation illé­gale d’une place à Paris cet été par cer­tains d’entre eux a payé : Le Monde nous informe le 4 août qu’un cen­tre d’hébergement ver­ra bien­tôt le jour pour les jeunes étrangers qui con­tes­tent l’évaluation de leur majorité. Il suff­i­sait de deman­der. La cap­i­tale mon­tre le chemin : les jeunes étrangers seront hébergés même s’ils n’ont pas été recon­nus mineurs, cela jusqu’à la fin de leurs pos­si­bil­ités de recours.

Les mises à l’abri se multiplient

La France a beau être inac­ces­si­ble pour de nom­breux touristes étrangers, les clan­des­tins con­tin­u­ent à affluer et à se regrouper en vue d’une énième mise à l’abri, traduire : l’hébergement incon­di­tion­nel voulu par le Prési­dent Macron en juil­let 2017, comme le rap­pelait notam­ment Mar­i­anne.

En mars 2020, on appre­nait par C News à l’occasion d’une nou­velle mise à l’abri qu’il s’agissait de la 61e à Paris. Le rythme n’a pas ralen­ti, avec notam­ment une mise à l’abri de plus de 2 100 per­son­nes le 29 juil­let, nous apprend le Parisien. Le quo­ti­di­en pré­cise que des mil­i­tants asso­ci­at­ifs ont pu récupér­er des tentes présentes sur les lieux, cela pour­ra resservir…

Structures saturées

En dépit des ouver­tures inces­santes de nou­velles places, les struc­tures à peine créées sont sat­urées. Les clan­des­tins sont donc répar­tis en Ile de France, dans des gym­nas­es, des hôtels, etc. On apprend par le Parisien que les clan­des­tins, orig­i­naires essen­tielle­ment d’Afrique noire, ont été répar­tis dans les Yve­lines « dans des struc­tures hôtelières au Port-Marly, à Sartrou­ville, à Plaisir et (…) à Mag­nanville ». Le maire de Mag­nanville a protesté con­tre cette déci­sion prise « sans con­cer­ta­tion ». Il a obtenu gain cause. Les migrants seront selon les ser­vices du Préfet cités par le Parisien « répar­tis sur l’ensemble du ter­ri­toire nation­al ». Le maire LR de Gag­ny a égale­ment protesté : le Parisien nous apprend le 24 juil­let qu’il avait prêté la salle réqui­si­tion­née pour les migrants, à d’autres musul­mans, bien locaux, pour fêter l’Aïd. Il fau­dra prévoir une salle plus grande l’année prochaine…

On peut compter sur la radio d’Etat France Info pour relay­er en boucle la com­plainte des asso­ci­a­tions pro-migrants, comme le 18 août pour évo­quer le nou­veau campe­ment clan­des­tin qui se forme à Saint Denis, au nord de Paris. Les 2 per­son­nes inter­viewées pour par­ler de la sit­u­a­tion migra­toire ? Islan, « réfugié afghan » et un coor­di­na­teur de l’as­so­ci­a­tion d’aide aux migrants Utopia 56. Islan n’a pas la langue de bois. Les clan­des­tins ? « Il y a des nou­veaux arrivants tous les jours, explique-t-il. Ils vien­nent d’Italie ou de Bel­gique pour faire une demande d’asile ». On aura com­pris qu’ils fuient de cru­elles dictatures…

L’Ile de France devient un « hub » de clandestins

On peut s’étonner qu’aucun média de grand chemin ne s’interroge sur le fait que les nom­breuses créa­tions de places d’hébergement non seule­ment ne parvi­en­nent pas à résoudre le prob­lème de l’afflux de migrants, mais ne font qu’amplifier l’appel d’air.

Un mot est éton­nam­ment absent de tous les arti­cles con­sacrés à la mise à l’abri et à l’orientation des clan­des­tins : celui d’expulsion. Il est vrai que la France ne brille pas par son effi­cac­ité en la matière, nous appre­nait déjà Valeurs actuelles en 2018.

La cap­i­tale française sem­ble se trans­former en un énorme « hub » une plate­forme à par­tir de laque­lle, comme nous informe la pré­fec­ture citée par le Parisien, les migrants sont répar­tis dans la France entière.

C’est donc sans sur­prise que BFMTV nous appre­nait dès novem­bre 2019 que la France est dev­enue le pre­mier pays européen en nom­bre de deman­des d’asile.

Pour enten­dre par­ler dif­férem­ment de la sit­u­a­tion, le site d’information d’Europe cen­trale, Remix donne la parole à un édi­to­ri­al­iste polon­ais. On n’entendra jamais les pro­pos qu’il tient dans la sphère médi­a­tique bien-pen­sante française :

« L’Europe est en train d’être colonisée, et nous avons à faire face à une inva­sion non mil­i­taire de l’Europe par le monde islamique, avec l’approbation de l’Union européenne et de quelques gou­verne­ments ».

On pour­rait ajouter avec l’approbation tacite des médias de grand chemin pour lesquels on n’en fait jamais assez pour les clandestins…