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La désinformation un danger pour la démocratie ? Le contre-exemple Laurent Cordonier

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18 mars 2022

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | La désinformation un danger pour la démocratie ? Le contre-exemple Laurent Cordonier

La désinformation un danger pour la démocratie ? Le contre-exemple Laurent Cordonier

Temps de lecture : 3 minutes

Qui ne préfèrerait la « bonne information » à la « désinformation » ? Mais certains critiques de la désinformation ne pratiquent-ils pas eux-mêmes une forme de désinformation ? Un exemple à partir d’une vidéo de Laurent Cordonier, visible sur un portail du gouvernement, très largement reprise. Un peu de dissection sur 2’32’’ d’approximations et de faux-semblants.

Qui est la source ?

C’est Lau­rent Cor­donier, présen­té comme directeur de la recherche de la fon­da­tion Descartes. Fon­da­tion Descartes, cela inspire le respect. Mais il est aus­si, et cela n’est pas dit, un des qua­torze mem­bres de la com­mis­sion Bron­ner, « les Lumières à l’heure du numérique », nom­mée par le prési­dent, où œuvrent égale­ment nom­bre de col­lab­o­ra­teurs de Franc-Tireur, le bru­lot lancé pour appuy­er la cam­pagne élec­torale d’Emmanuel Macron.

Pas à pas, approximations et contre-vérités

2’32’’ ce n’est pas long. Pour­tant que de manip­u­la­tions séman­tiques en si peu de temps !

1. Le con­sen­sus (27’’), sur la néces­sité du débat poli­tique dans un cadre de plu­ral­ité des opin­ions. Rien à redire jusque là.

2. La dés­in­for­ma­tion (40’’) touche « cer­tains indi­vidus » qui alors sont amenés « à ne plus croire aux mêmes élé­ments factuels ». Mais qui va déter­min­er que tel élé­ment est factuel et l’autre inven­té ? Il n’y aurait qu’une seule source d’éléments factuels ? On peut devin­er laque­lle, celle du con­sen­sus libéral lib­er­taire dom­i­nant dans les médias, l’université… et aus­si au gou­verne­ment en place.

3. Il faut se met­tre d’accord sur les sta­tis­tiques (53’’). Citons Win­ston Churchill : « je ne crois aux sta­tis­tiques que lorsque je les ai moi-même fal­si­fiées ». Nous pour­rions don­ner comme exem­ple de fal­sifi­ca­teur Hervé Le Bras, véri­ta­ble mil­i­tant pro­fes­sion­nel de la dés­in­for­ma­tion sur l’immigration et la démo­gra­phie. Il n’est pas le seul.

4. Pour que la démoc­ra­tie puisse vivre, il faut (1’03’’) « être d’accord sur l’état du monde qui nous entoure ». Bigre ! Résumons, pour débat­tre il faut d’abord être d’accord sur tout (l’état du monde) ensuite on cause. Autrement dit on débat, mais entre-soi, l’esprit France Inter.

5. Un exem­ple (1’22’’), l’invasion du Capi­tole du 6 jan­vi­er 2021 par des par­ti­sans de Trump. Cette inva­sion a bien été l’occasion d’une myr­i­ade de fauss­es nou­velles. Comme celle du polici­er tué par les man­i­fes­tants, reprise par l’AFP, puis toute la presse.
Et qui était une affab­u­la­tion. Remar­quons au pas­sage que la seule per­son­ne décédée fût une man­i­fes­tante tirée comme un lapin. Sur l’élection elle-même et son envi­ron­nement voir notre arti­cle du 3 mars 2021, États-Unis vers le média unique.

6. Sur le scrutin lui-même (2’18’’), il a été véri­fié selon « les modal­ités habituelles ». Rap­pelons à l’ami Cor­donier que l’élection de 2000 rem­portée par George W. Bush con­tre Al Gore, fût acquise par 537 voix d’écart en Floride. La Floride où Jeb Bush, le frère de George W. Bush était gou­verneur, qui a empêché dans cer­tains bureaux de vote le recomp­tage des voix. L’élection ne fût con­fir­mée qu’après 36 jours (36 jours !) de con­tro­ver­s­es par un vote par­ti­san au tri­bunal. On a vu des « modal­ités habituelles » plus trans­par­entes et plus démoc­ra­tiques ;  cer­tains doutes sur les élec­tions de 2000 comme de 2020 peu­vent émerg­er sans que l’on par­le de complotisme.

Descartes doit se retourn­er dans sa tombe…

Voir aus­si : Créa­tion de la com­mis­sion Bron­ner : la majorité entend impos­er son tem­po médiatique !