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Facebook choisit The Weekly Standard pour compléter son équipe anti-fake news

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14 octobre 2017

Temps de lecture : 4 minutes
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Facebook choisit The Weekly Standard pour compléter son équipe anti-fake news

Temps de lecture : 4 minutes

Facebook choisit The Weekly Standard, un champion de la guerre en Irak et russophobe confirmé, pour compléter son équipe anti-fake news.

Rap­pelons que Face­book avait mis au point, dès décem­bre 2016, un groupe chargé de fil­tr­er les œuvres soumis­es à l’impri­matur de l’establishment. Un remake, plus cool, de la bulle pon­tif­i­cale Inter sol­lic­i­tudines de 1515… Ont été assem­blés, en un tri­bunal virtuel, un cer­tain nom­bre d’experts-traqueurs de fauss­es nou­velles, tels que Poli­ti­Fact, qui tous s’engagent à respecter les bonnes pra­tiques établies par l’école de jour­nal­isme Poyn­ter instal­lée en Floride.

Il a toute­fois été reproché à ceux en charge de l’Impri­mi Potest de pencher trop « à gauche ». Dans un esprit d’ouverture et de rééquili­brage « à droite » très remar­qué de l’establishment transat­lan­tique, il a été décidé d’ouvrir led­it groupe à un média « con­ser­va­teur » : The Week­ly Stan­dard. Ce groupe devra main­tenant démon­tr­er sa com­pat­i­bil­ité avec les critères du Poyn­ter Insti­tute, ce qui devrait rapi­de­ment se con­clure en un Nihil Obstat.

Qui est Bill Kristol ?

Le Week­ly Stan­dard a été fondé par le pape des néo­cons, William (Bill) Kris­tol. Ce dernier s’est illus­tré par l’efficacité de son battage — dès la fin de la prési­dence Clin­ton —, pous­sant à entr­er en guerre con­tre Sad­dam Hus­sein. Son influ­ence est donc avérée. Il a fondé plusieurs think tanks, mais son parte­nar­i­at avec Robert Kagan, au sein du Project For New Amer­i­can Cen­tu­ry, s’est traduit en prise de con­trôle par les néo­cons de la stratégie eurasi­enne de l’administration Oba­ma. La célébris­sime et très effi­cace assis­tante aux « Affaires Eurasi­ennes » du Départe­ment d’État (sous Hillary Clin­ton et John Ker­ry), Vic­to­ria Nuland, n’était autre que l’épouse de Robert Kagan… La char­mante Vic­to­ria célèbre pour son « Fuck the EU » (on emmerde ou en encule l’Union Européenne, choi­sis­sez votre tra­duc­tion préférée).

La cause de « l’ouverture à droite de Zucker­berg », n’est prob­a­ble­ment pas dans son objet. Les néo­cons comp­taient en effet sur un (ou une) président(e) suff­isam­ment débon­naire pour embray­er sur une stratégie de change­ment de régime en Russie, dans la foulée de Maid­an. D’où l’énergie féroce (et créa­tive) de Kris­tol pour « sor­tir » Trump des pri­maires répub­li­caines, comme des prési­den­tielles…. Et pour l’empêcher de se représen­ter en 2020.

La Russie dans le collimateur

Quant aux fake news, le terme avait été lancé par Oba­ma en tran­sit, immé­di­ate­ment après l’élection de Trump, en présence d’Angela Merkel. Il sem­ble peu vraisem­blable que soient ici visée les habituelles inep­ties com­mer­ciales qui pul­lu­lent sur la toile. Le « dan­ger » proviendrait plutôt du goût pronon­cé des vic­times de l’ubérisation poli­tique améri­caine pour Sput­nik News, et surtout RT Amer­i­ca, laque­lle a « l’américanité » des main­stream medias, leur couleur, leur bling-bling…

RT Amer­i­ca, pen­dant les élec­tions, a essen­tielle­ment présen­té des pro­grammes « d’extrême gauche » favor­ables aux thèmes de Bernie Sanders (Hillary Clin­ton étant présen­tée comme une bel­li­ciste représen­tante du cap­i­tal­isme sauvage), com­plétés d’un petit noy­au d’émissions paci­fistes « lib­er­taires », reprenant les thèmes (et invi­tant les ora­teurs de qual­ité) de l’Institut Ron Paul. Cela aurait con­tribué à min­er les reports des voix « gauchistes » et « paci­fistes » sur Hillary Clin­ton, Trump n’étant pas traité dans l’équation. Depuis, la chaîne a ren­for­cé ses pro­grammes « bour­geois », avec d’intéressantes émis­sions économiques et de poli­tique étrangère, de style très améri­cain ou européen.

Après dix mois de sur­chauffe du Con­grès sur l’affaire russe (au détri­ment de son tra­vail par­lemen­taire), la déci­sion du min­istère de la Jus­tice de Trump n’est pas sur­prenante. Il somme Sput­nik News et RT Amer­i­ca de procéder à leur inscrip­tion en tant qu’agents étrangers, ce qui leur com­pli­querait la tâche, et intimiderait les recrute­ments de qual­ité. Un pre­mier pas vers la fer­me­ture ? Le recrute­ment de Kris­tol par Face­book n’est pas anodin. Ou com­ment l’alliance objec­tive des libéraux améri­cains et des néo-con­ser­va­teurs tente de vam­piris­er les médias américains.