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Elle et Marianne rachetés par le groupe tchèque de Daniel Kretinsky

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22 avril 2018

Temps de lecture : 3 minutes
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Elle et Marianne rachetés par le groupe tchèque de Daniel Kretinsky

Temps de lecture : 3 minutes

De précédents articles vous avaient informé du démantèlement d’une partie des médias du groupe Lagardère. Seuls le JDD et Paris Match paraissent sanctuarisés alors que le sort d’Europe 1 semble incertain (nous y reviendrons demain). L’irruption du tchèque Daniel Kretinsky confirme ce démantèlement et annonce de nouvelles ambitions en France pour cet homme d’affaires influent.

Les chèques du Tchèque pour des journaux en difficulté

Les affaires de Mar­i­anne ne tour­naient pas fort. La nom­i­na­tion de Renaud Dély (venu de L’Obs) en mai 2016, plaisam­ment surnom­mé Délit d’opinion, était éton­nante pour un jour­nal au ton inso­lent voire pop­uliste. Encore plus étrange, l’arrivée fin 2016 de la menteuse pro­fes­sion­nelle Car­o­line Fourest, était le signe d’un man­age­ment incer­tain voire erra­tique. En ces­sa­tion de paiement début 2017, l’hebdomadaire autre­fois rebelle avait soutenu sans nuances le can­di­dat Macron lors de l’élection prési­den­tielle de 2017, décon­te­nançant nom­bre de lecteurs, mais gag­nant sans doute un répit via les aides à la presse.

La sit­u­a­tion était en apparence dif­férente à Elle. Fort de ses nom­breuses édi­tions inter­na­tionales, d’un posi­tion­nement libéral (le jour­nal n’est qu’une jaque­tte de pub­lic­ités de pro­duits de con­som­ma­tion pour les femmes) et reprenant tous les mantras du lib­er­tarisme socié­tal : antiracisme de con­ven­tion, ode au métis­sage, mariage pour tous et toutes, ent­hou­si­asmes genré.e.s et racisé.e.s, con­formisme de plage, le jour­nal sem­blait adap­té à une France macro­nisée. Las, le déport du marché pub­lic­i­taire vers le numérique ne garan­tis­sait pas les futures recettes, et Lagardère avait indiqué que le titre était à vendre.

Qui est Daniel Kretinsky ?

Ayant fait for­tune dans la dis­tri­b­u­tion d’énergie dans les pays d’Europe cen­trale et quelques autres, fran­coph­o­ne (il a fait une par­tie de ses études à Dijon), ce quadragé­naire sem­ble déter­miné à se faire une place au soleil des médias.

Il rachète en 2014 au groupe suisse Ringi­er un groupe local de médias, le Czech News Cen­ter sera son véhicule pour racheter d’autres titres. Dans un entre­tien avec Chloé Woiti­er dans Le Figaro du 21 avril 2018, il sem­ble faire preuve d’un esprit plutôt poli­tique­ment cor­rect déclarant que son pre­mier rachat était une déci­sion citoyenne, ajoutant : La vague de pop­ulisme et de nation­al­isme que con­naît l’Europe est en par­tie la con­séquence de l’affaiblissement économique des médias tra­di­tion­nels. Reprenant le faux argu­ment des fake news, il évoque des con­tenus trompeurs aux sources trou­bles qui sèment le doute chez les citoyens.

Son groupe rassem­blerait dans son pays plusieurs quo­ti­di­ens et une ving­taine de mag­a­zines. Rachetant en même temps que Elle, les radios privées du groupe Lagardère en Europe cen­trale, il ajoute la radio à son empire de presse papi­er. Pour Elle il annonce son ambi­tion pour le dig­i­tal, un domaine où le mag­a­zine est en effet assez faible. Pour le rachat de Mar­i­anne il revendique un motif citoyen voire altru­iste, afin de venir en aide à ce titre. Une déc­la­ra­tion qui ne coûte pas cher et n’engage à rien même si Kretinsky dit vouloir ren­forcer la rédac­tion. Notre cor­re­spon­dant à Prague nous enver­ra des infor­ma­tions com­plé­men­taires sur cet investis­seur sur­prise dans les prochains jours.

Pho­to : Cap­ture d’écran vidéo Kryštof Raš­ka. DR