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Dossier : tout savoir sur la formation des journalistes

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4 octobre 2013

Temps de lecture : 16 minutes
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Dossier : tout savoir sur la formation des journalistes

Temps de lecture : 16 minutes

Le journalisme est considéré comme une mission de service public. Pour autant, il n’est pas obligatoire d’avoir un diplôme pour exercer ce métier. Un certain flou entoure donc la formation de ceux qui vous informent. Un rapport, Les écoles de journalisme, analyse d’un malaise, pointait même en 1998, que « la profession qui devrait être la plus ouverte, la plus transparente qui soit est la plus opaque qu’on puisse imaginer. » Alors comment sont formés les journalistes ? Existe t‑il des voies privilégiées ? Quelles lacunes pour les différentes options ?

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Les formations reconnues

Il existe une véri­ta­ble jun­gle des for­ma­tions au méti­er de jour­nal­iste : une petite cen­taine en France ! Mais seuls 14 par­cours sont recon­nus par la Com­mis­sion par­i­taire nationale pour l’emploi des jour­nal­istes (CPNEJ). On retrou­ve 4 écoles privées, 9 for­ma­tions publiques et une à statut mixte.

Les écoles privées

- Cen­tre de For­ma­tion des Jour­nal­istes (CFJ), Paris, il recrute à bac+3, délivre un diplôme du CFJ et un Mas­ter II avec l’u­ni­ver­sité de Paris I Pan­théon Sor­bonne. 4960 € de frais de sco­lar­ité pour la fil­ière classique.

- École de jour­nal­isme de Toulouse, (EJT), elle recrute à bac+2 et délivre un diplôme de l’E­JT. 3750 € de frais de sco­lar­ité pour la fil­ière classique.

- École Supérieure de Jour­nal­isme, (ESJ) Lille, elle recrute à bac+3, délivre un Mas­ter de l’ESJ de Lille et un diplôme de Sci­ences-Po Lille. 3900 € de frais de sco­lar­ité pour la fil­ière classique.

- Insti­tut Pra­tique du Jour­nal­isme (IPJ), il recrute à bac+3, délivre un diplôme de l’IPJ et un Mas­ter de jour­nal­isme avec l’université Paris-Dauphine. 4400 € de frais de sco­lar­ité pour la fil­ière classique.

Les formations publiques

- Cen­tre Uni­ver­si­taire d’Enseignement du Jour­nal­isme, Stras­bourg, il recrute à bac+3 et délivre un Mas­ter pro­fes­sion­nel de jour­nal­isme. Droits uni­ver­si­taires autour de 230 € par an.

- École de Jour­nal­isme de Greno­ble, elle dépend de l’université Stend­hal Greno­ble 3, recrute à bac+3 et délivre un Mas­ter jour­nal­isme. Droits uni­ver­si­taires autour de 300 € par an

- École de Jour­nal­isme de Sci­ence-Po, Paris, elle recrute à bac+3 et délivre un Mas­ter de Sci­ences Po. Les frais de sco­lar­ité s’élèvent de 0 à 13 500 € selon les revenus des parents.

- École de Jour­nal­isme et de Com­mu­ni­ca­tion de Mar­seille, elle dépend de l’université d’Aix-Marseille, recrute à bac+3 et délivre un Mas­ter pro­fes­sion­nel de jour­nal­isme. Droits uni­ver­si­taires autour de 280 € par an.

- École publique de jour­nal­isme de Tours, il recrute du bac à bac+2 et délivre un DUT de Jour­nal­isme et une licence pro­fes­sion­nelle de jour­nal­isme. Droits uni­ver­si­taires autour de 380 € par an.

- Insti­tut de jour­nal­isme Bor­deaux Aquitaine, il délivre un diplôme uni­ver­si­taire de Jour­nal­iste Reporter d’Im­age et un mas­ter pro­fes­sion­nel de jour­nal­isme. Droits uni­ver­si­taires autour de 450 € par an.

- Insti­tut Français de Presse, il dépend de l’université Pan­théon Assas, recrute à bac+3 et délivre un Mas­ter pro­fes­sion­nel de jour­nal­isme. Droits uni­ver­si­taires autour de 450 € par an.

- Insti­tut uni­ver­si­taire de Lan­nion, il recrute du bac à bac+1 et délivre un DUT Infor­ma­tion Com­mu­ni­ca­tion, option jour­nal­isme. Droits uni­ver­si­taires autour de 380 € par an.

- Insti­tut Uni­ver­si­taire Tech­nologique de Cannes, il recrute du bac à bac+2, délivre un DUT Infor­ma­tion Com­mu­ni­ca­tion, option Jour­nal­isme et une licence pro­fes­sion­nelle de jour­nal­isme. Droits uni­ver­si­taires autour de 280 € par an.

Statut mixte

Cen­tre d’Études Lit­téraires et Sci­en­tifiques Appliquées (CELSA), école publique détenue à 48% par l’État. Il recrute à bac+2 et délivre un Mas­ter pro­fes­sion­nel Infor­ma­tion et Com­mu­ni­ca­tion, spé­cial­ité Jour­nal­isme et un diplôme du CELSA, men­tion Jour­nal­isme. Droits de sco­lar­ité autour de 300 € par an.

Une formation reconnue est-elle obligatoire ?

Non, car aujourd’hui seuls 16% des tit­u­laires de la fameuse carte de presse sont passés par l’une des 14 écoles recon­nues. Mais ce pour­cent­age a ten­dance à aug­menter : ils n’étaient que 12% en 2000. S’il y a encore quelques années, l’entrée dans la pro­fes­sion était rel­a­tive­ment facile, la crise économique, la chute des recettes de la manne pub­lic­i­taire et l’arrivée d’internet ont provo­qué des change­ments rad­i­caux dans la presse. Les places se font main­tenant chères pour les jeunes jour­nal­istes et pass­er par une école devient un pré­cieux sésame.

Car les moins de 26 ans peinent à obtenir une sit­u­a­tion sta­ble. Selon l’Obser­va­toire des métiers de la presse, ils sont dans une sit­u­a­tion plus pré­caire que leurs aînés : 35,4% sont payés à la pige, 27,8% sont en CDD et 36% en CDI. Alors que pour l’ensemble des jour­nal­istes tit­u­laires de la carte de presse, on compte 16,5% de pigistes, 4% de CDD et 74,2% de CDI.

« La moyenne d’âge des jour­nal­istes encar­tés pour la pre­mière fois et issus d’un cur­sus recon­nu est de 25,8 ans. Elle est de 31 ans pour ceux issus d’un autre cur­sus », détaille le même rap­port. La déten­tion d’un diplôme recon­nu per­me­t­trait donc de tra­vailler plus rapi­de­ment, de mieux gag­n­er sa vie aus­si : les tit­u­laires en CDI diplômés d’une fil­ière recon­nue gag­nent en moyenne 12% de plus que leurs con­frères issus d’autres parcours.

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À postes clés, écoles clés

Si une for­ma­tion recon­nue n’est donc pas oblig­a­toire, pass­er par l’une d’en­tre elle, privée notam­ment, est con­seil­lé pour ceux qui désirent faire une car­rière dans les organes de la presse nationale influ­ente. Il suf­fit de jeter un coup d’œil sur l’annuaire des anciens de l’ESJ, celui du CFJ ou de l’IPJ pour se ren­dre compte que ces dernières trustent les postes clés.

François Ruf­fin, auteur des Petits sol­dats du jour­nal­isme (Les Arènes, Paris, 2003) détaille dans Le Monde Diplo­ma­tique : « Un rapi­de décompte dans l’Annu­aire des anciens élèves suf­fit : deux mil­liers de jour­nal­istes, à peine, sont issus du Cen­tre entre 1947 et 2002. Une goutte d’eau, noyée dans l’océan de leurs 32 768 col­lègues actuels. Mais ces deux mille-là comptent dans les médias qui comptent : une ving­taine au Figaro, à L’Express, à Europe 1, une trentaine à TF1, quar­ante à Libéra­tion, cinquante à France 2, soix­ante-cinq au Monde, plus de cent à l’Agence France-Presse (AFP) ! Alors que l’ensemble des quo­ti­di­ens régionaux n’emploient, eux, au total, que 68 anciens du CFJ »

Com­ment ? Par le réseau. Claude Salles, dans son rap­port, Les écoles de jour­nal­isme, analyse d’un malaise, de 1998, analyse ain­si ce sys­tème : « Un réseau c’est en quelque sorte un fil rouge qui relie une école à un cer­tain nom­bre de titres à tra­vers les enseignants, les anciens de l’école et les étu­di­ants actuels. Une sorte de sol­i­dar­ité – cer­tains par­lent de mafia – qui per­met à un CDD ou à un pigiste de rester dans le milieu, d’être au courant, de pro­pos­er un sujet au bon moment, de nouer des rela­tions, de se faire appréci­er, etc. Il est clair que les écoles les plus anci­ennes sont, dans cette logique, favorisées. »

Le pas­sage par une grande école serait qua­si­ment oblig­a­toire pour inté­gr­er une grande rédac­tion, à en croire les pro­pos d’un recru­teur de la presse quo­ti­di­enne nationale, rap­porté par Le Figaro : « L’e­stampille école agréée est essen­tielle. Pour les CDD d’été, on ne prend que des étu­di­ants sor­tant d’écoles recon­nues qu’on a testés en stage au print­emps ».

Dans le même arti­cle, une rédac­trice en chef d’un site inter­net con­seille aus­si aux étu­di­ants de pass­er par un par­cours recon­nu, même si elle préfère « les gens non for­matés ». Car le risque de ces écoles, c’est d’en­gen­dr­er une uni­for­mité des pro­fils qui com­posent les rédactions.

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Les grandes écoles classiques, le risque du formatage ?

Recrutement

« On ne recrute pas des copies mais des per­son­nal­ités », déclarait-t-on à Sci­ence-Po après avoir sup­primé l’épreuve de cul­ture générale pour son con­cours. Cela revient donc à recruter des pro­fils bien par­ti­c­uliers, écar­tant les jeunes gens qui ne con­vi­en­nent pas au moule de l’école. Lors de la sco­lar­ité, on demande égale­ment aux futurs jour­nal­istes de ne pas faire preuve de trop d’originalité : « dans la pro­fes­sion, il y a un cer­tain nom­bre de jour­naux ou de jour­nal­istes qui ne sont pas dans la ligne, on dira. Ici, on va vous deman­der de suiv­re la ligne, si on peut dire, de rester dans la norme », rap­porte François Ruffin.

Sur la forme, les frais de sco­lar­ité sont élevés pour les écoles privées, env­i­ron 5000 € par an. Ce que regrette le SNJ, qui s’interroge sur la pos­si­bil­ité « d’une plus grande social­i­sa­tion des études de jour­nal­isme, […]. Une ques­tion qui n’est pas sans con­séquence sur le pro­fil des jeunes diplômés et « l’uniformité » de pen­sée regret­tée par cer­tains. »

Le syndrome de la dépêche AFP ?

L’une des prin­ci­pales cri­tiques de l’ho­mogénéité de la presse tient au tra­vail même des jour­nal­istes. Car par manque de temps ou d’en­vie, leur prin­ci­pale source d’in­for­ma­tions est con­sti­tuée par les dépêch­es d’agence de presse, les rédac­teurs se con­tentant de les réécrire, ce que l’on appelle le « bâtonnage ».

Or dans les écoles de jour­nal­isme, on apprend à tra­vailler avec ces sources, sans penser à les diver­si­fi­er et encore moins à les remet­tre en ques­tion. « On nous demandait régulière­ment de tra­vailler très vite, à par­tir de dépêch­es AFP et si nous ne con­nais­sions pas le sujet, on ne nous encour­ageait pas à combler ces lacunes, mais on nous répondait : « dans ta future rédac­tion, tu n’auras pas le temps ! » déclare Alex­is, un jour­nal­iste passé par le CFJ. En mai 2013, l’AFP annonçait d’ailleurs met­tre en place un fil spé­ci­fique aux écoles de jour­nal­isme afin de ren­forcer « ses rela­tions avec le secteur de l’enseignement ». L’agence tra­vaille notam­ment avec l’IPJ, le CFJ, Sci­ence-Po et le CELSA.

Le résul­tat serait selon François Ruf­fin une for­ma­tion « insipi­de, aéfepéisé, rou­tin­isé, markétisé, sans risques et sans révolte, dépourvu de toute espérance ». Une cri­tique vir­u­lente qu’ont nuancé les étu­di­ants du CFJ, affir­mant que l’auteur des Petits Sol­dats du Jour­nal­isme n’a choisi que les élé­ments qui l’arrangeaient afin « d’étayer sa thèse obsé­dante ».

Esprit critique

Un étu­di­ant en école de jour­nal­isme écrivait pour­tant à pro­pos du manque sup­posé d’esprit cri­tique : « Les jour­nal­istes ont une très haute estime d’eux même et de leur tra­vail. Ils con­sid­èrent qu’ils ont une respon­s­abil­ité, qu’ils sont garants des valeurs d’un sys­tème qu’ils ne con­tes­tent jamais […] les pro­fesseurs parta­gent cette vision du monde et ne font donc pas venir d’intervenants avec qui ils ne seraient pas d’accord idéologique­ment. Les jeunes jour­nal­istes ne sont pas entraînés à ce qu’on leur expose un point de vue dif­férent, encore moins à le pren­dre en compte dans leur com­préhen­sion du monde.»

Un malaise que ressen­tent même les acteurs majeurs des écoles de jour­nal­isme puisque Christophe Deloire, ancien directeur du CFJ, déclarait sur Street­Press « Il y a une forme d’enfermement des jour­nal­istes : leurs tra­di­tions, leur champ social, leurs sché­mas, voire leur idéolo­gie.»

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La « diversité » dans les écoles de journalisme

Le Con­seil Supérieur de l’Au­dio­vi­suel (CSA) s’est emparé de cette ques­tion de l’uniformité de la presse et a décidé d’y répon­dre en per­me­t­tant aux Français d’origine étrangère d’être plus présents dans les médias, en adop­tant une Charte de la diver­sité. Si ces mesures ne changent pas grand-chose sur le plan du for­matage intel­lectuel, elles ont con­tribué à impos­er la thé­ma­tique de l’immigration dans les écoles de jour­nal­isme. Ain­si l’ESJ de Lille a noué un parte­nar­i­at avec le Bondy Blog, des jeunes gens de ban­lieues voulant mod­i­fi­er le regard que les Français por­tent sur eux.

Une impul­sion voulue par les gou­verne­ments suc­ces­sifs mais aus­si par d’influentes asso­ci­a­tions telle que la French Amer­i­can Foun­da­tion. Celle-ci organ­ise les « Immi­gra­tion Jour­nal­ism Award » qui récom­pensent les jour­nal­istes assur­ant une cou­ver­ture « juste et équili­brée » de l’immigration et plac­arde les affich­es pour ce con­cours sur les murs des écoles de journalisme.

De qui dépendent ces formations ?

Le cas par­ti­c­uli­er du CFJ, l’une des plus anci­ennes écoles de jour­nal­isme, pose de façon très crue la ques­tion de la dépen­dance de ces dernières aux médias et aux intérêts financiers des grands groupes. Au bord de la fail­lite en 1998, le CFJ a été racheté par plusieurs groupes de médias. A un pre­mier niveau, les employeurs con­trô­lent donc la for­ma­tion de leurs futurs jour­nal­istes et la teneur de l’en­seigne­ment. A un sec­ond niveau, notons que les grands groupes de presse appar­ti­en­nent eux-mêmes à des groupes indus­triels qui con­trô­lent ain­si la for­ma­tion de ceux qui fer­ont l’in­for­ma­tion de demain.

Le CFJ s’est ain­si élar­gi en un Cen­tre de For­ma­tion et de Pro­fes­sion­nal­i­sa­tion des Jour­nal­istes (CFPJ), devenant une entre­prise de for­ma­tion. Il appar­tient au groupe EFE (Édi­tion For­ma­tion Entre­prise), lui-même détenu majori­taire­ment par Abil­ways, mar­que de la famille Mul­liez. La même qui con­trôle Auchan, Leroy-Mer­lin, Décathlon et d’autres grandes entre­pris­es français­es. Marie Ducas­tel, prési­dente du direc­toire d’A­bil­ways, explique claire­ment aux Échos que « notre ambi­tion est de nous situer au plus près des prob­lèmes opéra­tionnels des indi­vidus et des entre­pris­es, tout en amélio­rant notre vis­i­bil­ité » Une vis­i­bil­ité assurée par les jour­nal­istes qui sor­tiront du CFJ ?

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La voie bis des écoles classiques : la formation continue

Si le con­cours s’avère trop dif­fi­cile ou si les frais de sco­lar­ité sont trop élevés pour inté­gr­er une école de jour­nal­isme, celles-ci pro­posent la solu­tion de la for­ma­tion con­tin­ue. Il existe deux déclinaisons.

Le con­trat de pro­fes­sion­nal­i­sa­tion : il s’agit de trou­ver un poste de jour­nal­iste dans une rédac­tion et de pass­er les tests d’admission pour l’école choisie. Plus que l’ex­a­m­en d’en­trée, c’est la recherche d’un emploi qui peut s’avérer dif­fi­cile pour un jeune qui n’a ni réseau, ni expéri­ence. Mais une fois cette dif­fi­culté passée, cette option présente des avan­tages : le jour­nal­iste salarié béné­fi­cie d’une for­ma­tion gra­tu­ite car payée par la taxe d’ap­pren­tis­sage, d’un salaire de 50 à 80% du SMIC assuré par la rédac­tion, d’une expéri­ence de deux ans et d’une qual­i­fi­ca­tion recon­nue par la pro­fes­sion délivrée par l’école à l’issue du contrat.

L’alternance : le jour­nal­iste a un statut d’é­tu­di­ant et non de salarié. Il dépend d’une école dans laque­lle il suit un cur­sus avec un pour­cent­age de la semaine à pass­er dans une rédac­tion. Son stage peut être indem­nisé. L’a­van­tage de cette option est l’ob­ten­tion d’un diplôme recon­nu par l’État et par la pro­fes­sion, licence ou mas­ter, à la fin de la formation.

Dans les deux décli­naisons pos­si­bles, cette voie bis per­met une for­ma­tion théorique de base et une pre­mière expéri­ence dans le monde du tra­vail, un plus dans une pro­fes­sion où le réseau importe beau­coup. C’est égale­ment une manne finan­cière pour les écoles, via la taxe d’apprentissage.

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Les formations non reconnues

À côté des 14 écoles recon­nues, on recense plus de 80 for­ma­tions non recon­nues, publiques ou privées.

Les écoles privées, des boîtes à fric ?

Les for­ma­tions privées non recon­nues ont mau­vaise presse, Street­Press écrivait « Le nom­bre d’étudiants qui sor­tent de ces écoles avec un diplôme de jour­nal­iste est bien supérieur à ce que le marché est prêt à absorber. Con­séquence : cer­taines écoles, au niveau hasardeux voire léger, s’en met­tent plein les fouilles. »

Même son de cloche de la part du SNJ « le prob­lème [de la for­ma­tion des jour­nal­istes] ne se situe pas au niveau des écoles actuelle­ment recon­nues, mais résulte bien de l’existence de dizaines d’autres for­ma­tions qui n’ont sou­vent de jour­nal­isme que le nom, et cul­tivent une approche de l’information et de la pro­fes­sion qui ne cor­re­spond que très par­tielle­ment aux objec­tifs [de la pro­fes­sion] »

Il est vrai que ces for­ma­tions sont peu sélec­tives et présen­tent un coût assez élevé, de 2500 à 8000 €, donc dans le même ordre de tarif que les écoles privées recon­nues, mais sans le pres­tige du diplôme de ces dernières.

L’une des car­ac­téris­tiques de ces écoles privées est de mêler com­mu­ni­ca­tion et jour­nal­isme, oubliant que ces deux domaines ont théorique­ment des final­ités bien dif­férentes. Ain­si le Medi­aSchool Group pro­pose des offres de for­ma­tions en com­mu­ni­ca­tion et en jour­nal­isme sur les mêmes sites.

L’Université, la voie de la spécialisation

Les licences pro­fes­sion­nelles. De nom­breuses fac­ultés pro­posent des licences for­mant aux métiers de la presse. Beau­coup sont spé­cial­isées, Cler­mont-Fer­rand, Lille, Vichy ou Nan­cy assurent ain­si une for­ma­tion au jour­nal­isme de prox­im­ité, un aspect de la pro­fes­sion sou­vent nég­ligé par les grandes écoles. D’autres ont opté pour les nou­veaux médias comme l’Université de Paris 8, ou pour les médias numériques, à Metz par exem­ple. Dans tous les cas, il existe une sélec­tion impor­tante, par­fois même avec dossier, con­cours et entretien.

Les mas­ters pro­fes­sion­nels. Là encore, on retrou­ve une spé­cial­i­sa­tion des offres de for­ma­tions. Ain­si Paris-Diderot pro­pose un mas­ter de jour­nal­isme sci­en­tifique, la Sor­bonne un mas­ter de jour­nal­isme cul­turel et un autre européen, dont la for­ma­tion est assurée en anglais. Ain­si, si peu de débouchés se présen­tent aux étu­di­ants à la fin de leur mas­ter, leur for­ma­tion leur per­met de se recy­cler dans le domaine spé­cial­isé qu’ils ont étudié.

A not­er que les for­ma­tions recon­nues délivrées par l’u­ni­ver­sité ont égale­ment choisi la voie de la spé­cial­i­sa­tion. Ain­si l’I­UT de Cannes délivre une licence pro­fes­sion­nelle Activ­ités et Tech­niques de Com­mu­ni­ca­tion, spé­cial­ité Jour­nal­isme Audio­vi­suel : pro­duc­tion de mag­a­zines TV.

Les « écoles des canards »

Les rédac­tions se plaig­nent sou­vent de ne pas avoir de jeunes jour­nal­istes cor­recte­ment for­més. Si cer­taines se sont jumelés avec des écoles, d’autres pro­posent car­ré­ment leur pro­pre formation.

Le Monde académie un pro­jet lancé par Flo­rence Aube­nas. « Une envie partagée de bous­culer la presse et l’am­bi­tion de con­tribuer à inven­ter ensem­ble la presse de demain. » 68 jeunes, de 25 à 28 ans ans sont ain­si recrutés sur des sujets qu’ils aimeraient voir traiter dans Le Monde et qui n’y sont pas. Chaque par­tic­i­pant doit pub­li­er deux arti­cles par mois, pren­dre part aux qua­tre week-ends sémi­naires organ­isés durant l’an­née et pro­pos­er des idées pour les pro­jets édi­to­ri­aux col­lec­tifs. Trois se sont vus pro­pos­er un con­trat d’un an dans la rédac­tion du Monde, leur blog ici, et et trois prix ont été décernés, leur blog ici, et .

École Street­Press, pour « insuf­fler une nou­velle énergie aux rédac­tions et encour­ager l’arrivée d’une nou­velle généra­tion de jour­nal­istes, moins for­matés et surtout plus en phase avec les réal­ités de notre société. » Sous le regard de Mao, 15 semaines de for­ma­tion sont offertes à des jeunes où l’ex­péri­ence du ter­rain et le jour­nal­isme 2.0 sont à l’honneur.

L’A­cadémie de Pris­ma Press : Elle per­met à une dizaine de jour­nal­istes fraîche­ment diplômés d’une école recon­nue d’in­té­gr­er pour six mois une rédac­tion du groupe. Elle n’a pas lieu tous les ans.

Crédit pho­to : StefanG81 via SXC (cc)