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Dossier : les Décodeurs, bienvenue au Ministère de la Vérité

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8 décembre 2014

Temps de lecture : 13 minutes
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Dossier : les Décodeurs, bienvenue au Ministère de la Vérité

Temps de lecture : 13 minutes

« Mais qui gardera ces gardiens ? »
Juvé­nal, Satires.

«Être infor­mé de tout et con­damné ain­si à ne rien com­pren­dre, tel est le sort des imbéciles.»
Georges Bernanos, La France con­tre les robots.

Sous couvert de « vérification par les faits » des discours ambiants, le journalisme tend de plus en plus à asséner une vérité révélée au détriment de la controverse, qui seule permet un débat de qualité. Mais en tuant la controverse, c’est également la presse qu’on assassine…

Pop­u­lar­isée dans les années 1990 out­re-atlan­tique, puis importée en France par des sites comme Acrimed, ou Arrêt sur Images, la véri­fi­ca­tion par les faits (ou fact check­ing) est une méth­ode con­sis­tant à véri­fi­er l’ex­ac­ti­tude des affir­ma­tions con­tenues dans un dis­cours poli­tique. Elle a con­nu, en France, une recrude­s­cence au début des années 2010, avec notam­ment l’ar­rivée de la rubrique « Desin­tox » de Libéra­tion, le « Vérit­o­mètre » de la cam­pagne prési­den­tielle 2012 (i>Télé/OWNI) ain­si que le blog affil­ié au site du Monde, Les Décodeurs. Un blog qui a tout d’abord offi­cié de la fin 2009 au début 2014, moment de la nais­sance de la rubrique Décodeurs directe­ment adossée au ser­vice poli­tique du site. Prob­lème : ce blog, qui se défendait d’être une tri­bune poli­tique, est devenu, au fil des mois, une véri­ta­ble insti­tu­tion de la Vérité offi­cielle. Au détri­ment du plu­ral­isme des opinions.

Manipulations sémantiques, biais idéologiques

La devise affichée par la rubrique du Monde.fr, « véri­fi­er les déc­la­ra­tions, asser­tions et rumeurs en tous gen­res », laisse croire qu’une cer­taine impar­tial­ité est de mise dans la méth­ode des jour­nal­istes des Décodeurs. Mais une lec­ture atten­tive de leurs travaux per­met de con­stater que leur sci­ence de la rec­ti­fi­ca­tion, si elle a des thèmes tout à fait var­iés, se déploie beau­coup plus dans cer­tains domaines que d’autres. Out­re les arti­cles tech­niques por­tant sur la fis­cal­ité, l’é­conomie ou la gou­ver­nance européenne, qui représen­tent la toile de fond thé­ma­tique du site, de très nom­breux papiers vien­nent con­tredire toute cri­tique de nature pop­uliste à l’en­con­tre du gou­verne­ment actuel ou de l’au­torité offi­cielle en général. Ces derniers se don­nent en effet pour objec­tif de faire cess­er les « rumeurs » répan­dues par les réseaux soci­aux et les milieux de la « réa­cosphère ». Mais sur la forme, ces cor­rec­tifs font l’ob­jet d’une présen­ta­tion tout sauf neu­tre et s’ap­puient sur des manip­u­la­tions séman­tiques peu per­ti­nentes, voire anecdotiques.

Samuel LaurentPre­mier exem­ple : il est de bon ton, pour le jour­nal­iste Samuel Lau­rent, de qual­i­fi­er les pro­pos d’Éric Zem­mour d’élu­cubra­tions lorsque ce dernier s’in­surge con­tre la « théorie du genre ». En cause ? Le fait que l’auteur du Sui­cide français, ait bran­di à l’an­tenne d’i>Télé un doc­u­ment attes­tant d’un parte­nar­i­at entre l’Éducation Nationale et la « ligne azur », un ser­vice d’é­coute télé­phonique pour les ado­les­cents qui s’in­ter­ro­gent sur leur ori­en­ta­tion sex­uelle. Samuel Lau­rent, bien étrange­ment, indique dans son arti­cle que l’ex­is­tence de cette ligne télé­phonique est avérée. Il admet tout aus­si ouverte­ment que l’usage qui en est fait par l’Éducation Nationale, est, lui aus­si, acté (depuis 2009). Pourquoi, dès lors, qual­i­fi­er les pro­pos de Zem­mour d’inep­tie ? Pour la sim­ple rai­son que l’en­ne­mi pub­lic numéro un de la pen­sée unique a puisé son infor­ma­tion sur un site jugé peu fréquentable, celui du polémiste Alain Soral. Samuel Lau­rent estime ain­si que cette source n’est pas « des plus objec­tives » tout en recon­nais­sant dans le para­graphe suiv­ant la vérac­ité de ses infor­ma­tions. Peut-on, dans ce con­texte, par­ler de véri­fi­ca­tion des faits ? Ne faudrait-il pas plutôt par­ler de procès d’in­ten­tion maquil­lé en entre­prise de rétab­lisse­ment de la vérité factuelle ? À cet égard, le livre d’Éric Zem­mour a été inter­prété selon une grille idéologique man­i­feste, en le bro­car­dant sur des écarts de chiffres ris­i­bles et sans per­ti­nence dans l’é­conomie générale de son pro­pos : par exem­ple, le nom­bre avancé par Éric Zem­mour de 270 000 mariages mixtes (d’un citoyen français avec un étranger) en 2013 est en réal­ité de… 231 000. Ce qui remet en cause, à n’en pas douter, l’ensemble de son diagnostic.

Autre sujet sur lequel les Décodeurs ont estimé qu’il fal­lait rétablir une vérité uni­voque et incon­testable : celui du scé­nario d’une sor­tie de l’eu­ro. Le jeune jour­nal­iste Maxime Vau­dano est con­va­in­cu d’être suff­isam­ment com­pé­tent pour tranch­er dans ce débat très cli­vant, n’en déplaise aux écon­o­mistes prô­nant une dis­so­lu­tion de la zone euro. Mal­gré leur nom­bre gran­dis­sant, et le fait qu’ils comptent dans leurs rangs des écon­o­mistes recon­nus par leurs pairs, et par­fois primés, le jeune jour­nal­iste con­sid­ère que les écon­o­mistes pro-euro con­stituent mal­gré tout «l’im­mense majorité». Sans pren­dre la peine de pondér­er cette majorité à l’aune de la justesse de ses prévi­sions passées. Jacques Sapir s’est attelé à décon­stru­ire cette tri­bune pro-euro maquil­lée en insti­tu­tion objec­tive des faits, au mépris de toute con­tro­verse exis­tante sur le sujet. L’é­con­o­miste de l’E­HESS, auteur de La Démon­di­al­i­sa­tion, a ain­si estimé que l’ar­ti­cle con­te­nait « des ambiguïtés et des erreurs, par­fois si énormes, que l’on se demande s’il ne ressort pas d’une rubrique humoris­tique ». Au rang desquelles, l’in­ca­pac­ité, pour la France, de rem­bours­er sa dette publique en cas de sor­tie de l’eu­ro. Jacques Sapir explique en réal­ité que le principe juridique pré­valant, en la matière, est celui de la « lex mon­e­tae » : « un État rem­bourse dans sa mon­naie, du moment qu’il a emprun­té dans celle-ci, et peu importe le nom de cette dernière […] L’Euro, d’ailleurs, n’est pas assim­i­l­able à une mesure rel­e­vant du droit européen, mais d’un droit par­ti­c­uli­er de coor­di­na­tion des Etats mem­bres, ce que véri­fie la struc­ture de la Banque Cen­trale Européenne qui n’a pas sup­plan­té les Ban­ques Cen­trales des dif­férents États. Il eut suf­fi au rédac­teur de l’article de con­sul­ter des juristes qual­i­fiés en la matière, ce qu’il n’a vis­i­ble­ment pas fait.», ajoute-t-il avec sévérité.

Out­re les carences juridiques du rédac­teur, c’est surtout son inca­pac­ité à saisir le prob­lème comme un débat économique qui s’il­lus­tre dans l’ar­ti­cle. La part belle y est faite au légal­isme aveu­gle, aux argu­ments d’au­torité qui s’ap­puient sur des instru­ments de mesure idéologique­ment mar­qués, et qui œuvrent à fer­mer le débat plutôt qu’à le pro­longer. Débat qui est en out­re posé en des ter­mes anx­iogènes dès le titre de l’ar­ti­cle : « la sor­tie de l’eu­ro prônée par le Front Nation­al nous ruin­era-t-elle ? ». Il y est immé­di­ate­ment ques­tion d’établir la par­en­té entre l’idée d’une sor­tie de l’eu­ro et le Front Nation­al, et non comme une ques­tion rel­a­tive à une somme de con­nais­sance, ce qu’est l’é­conomie, et donc sujet à la cri­tique et au débat. Et de con­di­tion­ner cette ques­tion à notre ruine prob­a­ble. Pour répon­dre à cette ques­tion, la parole est don­née à ceux qui sont con­cernés, enfin ceux d’un bord, unique­ment. Insti­tu­tions européennes et ban­ques privées sont en effet inter­rogées, mais nulle men­tion n’est faite des par­ti­sans de la sor­tie de l’eu­ro, comme l’ex­plique Jacques Sapir : « De cela, les lecteurs du Monde n’en sauront rien, comme ils n’auront pas accès aux dif­férents travaux des par­ti­sans d’une sor­tie de l’Euro ». Tous les experts sont égaux, mais cer­tains le sont plus que d’autres.

Une arithmétique des absents

C’est donc aus­si ce que le site ne dit pas, dans ses arti­cles, qu’il faut avoir en tête. De même que sa démarche. Par exem­ple, lorsque Samuel Lau­rent pub­lie un arti­cle visant à accréditer les chiffres de la police de la Manif pour tous d’oc­to­bre dernier, il le fait en dépit des protes­ta­tions de per­son­nes présentes sur les lieux, qui affir­ment qu’il s’agis­sait d’une véri­ta­ble marée humaine : à eux la parole ne sera pas don­née. Et en s’ap­puyant sur l’ex­per­tise d’un seul indi­vidu, en dépit des con­tro­ver­s­es fréquentes sur la diver­sité des méth­odes de comp­tage. Mais le min­istère de la Vérité a par­lé, sans s’ac­com­mod­er out­re mesure de la plu­ral­ité des ressen­tis, de la com­plex­ité de la ques­tion. Tranch­er, c’est ce à quoi Samuel Lau­rent et ses con­frères aspirent : instituer, établir, affirmer, et non pas don­ner les élé­ments de réponse à son lec­torat, pour qu’il puisse se faire lui-même sa pro­pre idée.

Il con­vien­dra aus­si de remar­quer que le site fait des affir­ma­tions et agisse­ments des mem­bres de la Manif pour tous l’objet d’une étude priv­ilégiée, mais qu’il sera inutile d’e­spér­er y trou­ver des arti­cles trai­tant des grou­pus­cules d’ex­trême-gauche, fussent-t-ils vio­lents, comme les « antifas ». Samuel Lau­rent ne s’est pas non plus éver­tué à étudi­er les chiffres four­nis par les man­i­fes­tants d’autres bor­ds poli­tiques, qui présen­tent sou­vent là aus­si un écart con­sid­érable avec ceux de la police.

Il fau­dra être bien patient, aus­si, pour trou­ver un quel­conque arti­cle « déco­dant » de cette manière les affir­ma­tions d’un Aymer­ic Caron ou d’un Jean-Michel Aphatie : con­sid­ère-t-on, en dépit de toutes les apparences, que leur dis­cours est apoli­tique ? On remar­que par ailleurs que les grands « absents » de la cri­tique des Décodeurs ne sont pas tant les fig­ures d’une grande famille poli­tique que celles de l’idéolo­gie médi­a­tique­ment dom­i­nante. Tout ce qui est eurolâtre, libéral et lib­er­taire n’est pas ques­tion­né. Et quand ils sont égratignés, c’est pour avoir fait preuve d’un manque de zèle dans l’ap­pli­ca­tion du vaste, et oblig­a­toire pro­gramme égal­i­tariste, comme le titre de cet arti­cle sur « la lente fémin­i­sa­tion de la com­mis­sion européenne » l’il­lus­tre bien. On voit bien com­ment cette propo­si­tion rhé­torique vise à démon­tr­er que la néces­sité de la « fémin­i­sa­tion » ne se dis­cute pas : c’est un pos­tu­lat de départ.

Dans le domaine inter­na­tion­al, les Décodeurs appliquent tout aus­si con­scien­cieuse­ment cette ligne de con­duite de la véri­fi­ca­tion choisie et ori­en­tée. Ils auront ain­si man­qué de très nom­breuses occa­sions de met­tre en lumière les nom­breux bidon­nages rel­e­vant de la pro­pa­gande de guerre anti-russe qui a cours dans les médias français depuis la fin 2013. Les fonc­tion­naires du Min­istère de la Vérité n’ont pas estimé néces­saire de les soumet­tre à l’ex­a­m­en : sûre­ment parce que les manip­u­la­tions séman­tiques triv­iales ne suff­isent pas à arranger des faits décidé­ment bien têtus. La Vérité des Décodeurs est avant tout celle qui peut s’in­sér­er dans un cer­tain réc­it médi­a­tique, dont la com­po­si­tion relève avant tout de l’ef­face­ment pur et sim­ple des faits contradictoires.

La mort de la controverse

Ce qui sem­ble se cacher, der­rière cette volon­té d’établir une vérité unique, mono­lithique, pour ain­si dire incon­testable, c’est une entre­prise même de décon­struc­tion, et de destruc­tion, du goût français pour la con­tro­verse. Des lignes de ten­sions, de frac­tures, de cli­vages, qui investis­sent tout débat. D’an­nuler aus­si l’im­por­tance de l’in­tu­ition, du ressen­ti, au prof­it de l’ob­jec­tiv­ité axioma­tique, en réal­ité dog­ma­tique. Dans le but d’établir, en somme, un con­sen­sus éclairé, prov­i­den­tiel : une vérité révélée. C’est ce que l’his­to­rien et soci­o­logue améri­cain Christo­pher Lasch appelait «l’art per­du de la con­tro­verse». Car ce n’est pas tant sur la pré­ten­tion à tor­dre les faits pour les insér­er dans une vision du monde pré-établie qu’il faut porter la cri­tique aux Décodeurs et, plus générale­ment au fact check­ing. Mais con­tre cette volon­té qu’il a de présen­ter cette entre­prise, bien évidem­ment par­ti­sane, en proces­sus sci­en­tifique, infail­li­ble, axi­ologique­ment neu­tre alors qu’elle est poli­tique­ment orienté.

Dans son ouvrage inti­t­ulé La révolte des élites ou la trahi­son de la démoc­ra­tie, paru en 1994, Christo­pher Lasch explique que le XIXème siè­cle a con­sti­tué l’a­pogée de la presse ouverte­ment par­ti­sane et polémique. A l’époque les jour­nal­istes refu­saient d’ad­hér­er à un idéal d’ob­jec­tiv­ité et de neu­tral­ité qu’ils jugeaient fal­lac­i­eux. C’est pour­tant à cette époque que la presse a le plus pas­sion­né le peu­ple améri­cain. Le début de l’âge d’or de la presse écrite, en France, se situe aus­si à la toute fin du siè­cle où se sont illus­trés Balzac, Hugo ou Zola. « La presse du XIXème siè­cle a créé un forum ouvert à tous où l’on dis­putait avec chaleur des prob­lèmes. Non seule­ment les jour­naux rendaient compte des con­tro­ver­s­es poli­tiques, mais ils y pre­naient part, et y entrainant aus­si leurs lecteurs. » écrit Christo­pher Lasch. Mais la pro­fes­sion­nal­i­sa­tion du jour­nal­isme a tué l’idée d’un jour­nal­isme vivant, ori­en­té, pourquoi pas de mau­vaise foi : humain et d’essence pop­u­laire. « Le déclin de la presse par­ti­sane et l’avène­ment d’un nou­veau type de jour­nal­isme qui pro­fesse des normes rigoureuses d’ob­jec­tiv­ité ne nous assurent pas un apport con­stant d’in­for­ma­tions util­is­ables. Si l’in­for­ma­tion n’est pas pro­duite par un débat pub­lic soutenu, elle sera pour l’essen­tiel au mieux dépourvue de per­ti­nence, et au pire trompeuse et manip­u­la­trice. De plus en plus, l’in­for­ma­tion est pro­duite par des gens qui désirent pro­mou­voir quelque chose – un pro­duit, une cause, un can­di­dat ou un élu – sans s’en remet­tre pour cela à ses qual­ités intrin­sèques ni en faire explicite­ment la réclame en avouant qu’ils y ont un intérêt per­son­nel », ajoute Lasch au terme d’une analyse bril­lante et prophé­tique. Ceci explique, d’un même coup, le dés­in­térêt para­dox­al mais crois­sant de la pop­u­la­tion pour les médias, ain­si que son degré très faible de con­nais­sance de l’ac­tu­al­ité et des enjeux majeurs de son temps. Quand les infor­ma­tions ont pour but de couper court au débat, plutôt qu’à l’in­tro­duire, de fournir des répons­es pré-conçues, au lieu de don­ner des out­ils pour voir le monde, il n’est alors pas éton­nant qu’elles per­dent toute per­ti­nence et qu’elles devi­en­nent un sim­ple bien marc­hand.« Quand le débat devient un art dont on a per­du le secret, l’in­for­ma­tion aura beau être aus­si facile­ment acces­si­ble que l’on voudra, elle ne lais­sera aucune mar­que. Ce que demande la démoc­ra­tie, c’est un débat pub­lic vigoureux, et non de l’in­for­ma­tion. Bien sûr, elle a égale­ment besoin d’in­for­ma­tion, mais le type d’in­for­ma­tion dont elle a besoin ne peut être pro­duit que par le débat. Nous ne savons pas quelles choses nous avons besoin de savoir tant que nous n’avons pas posé les bonnes ques­tions, et nous ne pou­vons pos­er les bonnes ques­tions qu’en soumet­tant nos idées sur le monde à lépreuve de la con­tro­verse publique » explique à cet égard Christo­pher Lasch.

On conseillerait bien aux journalistes des Décodeurs la lecture d’un tel ouvrage. De même que la relecture attentive du chef d’œuvre de George Orwell, 1984, qui dans la description de son effrayant Ministère de la Vérité, semble avoir perçu les prémices de cette dérive autoritariste et élitiste du fact checking. On redoute malheureusement que leur temps de lecture soit tout entier dévoué à l’épluchage de données statistiques officielles, ou de rapports économiques rédigés sous l’influence de leurs employeurs…

Voir aussi : Détenus d’origine étrangère : Le Monde joue avec les mots