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Agences de renseignement et grandes entreprises : l’idéologie Woke en commun

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20 avril 2021

Temps de lecture : 4 minutes
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Agences de renseignement et grandes entreprises : l’idéologie Woke en commun

Temps de lecture : 4 minutes

L’idéologie Woke (éveillé) a constamment besoin de faire contrition face aux minorités de tout genre : raciales, sexuelles, en particulier celles du monde LGBTQ+ etc. Mais elle rejoint aussi d’autres intérêts, économiques et financiers. Nous publions un résumé en français d’un article de Glenn Greenwald sur son blog publié en anglais le 13 avril 2021. Les sous-titres sont de notre rédaction.

Le Woke capitalisme

L’article dénonce l’idéologie du « Woke cap­i­tal­ism », les grandes entre­pris­es ren­trent dans le débat poli­tique en se polar­isant à l’extrême et avec des moyens dis­pro­por­tion­nés qui biaisent com­plète­ment le débat démoc­ra­tique et sont vecteurs de divi­sion dif­fi­cile­ment réc­on­cil­i­ables ensuite tant les sujets sont clivants.

L’observation des agences de ren­seigne­ments améri­caines (CIA, NSA) et bri­tan­niques (GCHQ) est éclairante : elles sont capa­bles d’ignobles actions mais se drapent fréquem­ment dans les atours de la bien-pen­sance SJW (social jus­tice war­rior) pour défendre les caus­es LGBT fémin­istes, BLM (Black lives Matt­ter) et Cie, ce qui leur assure une sorte d’immunité totale à la cri­tique : « qui pour­rait bien cri­ti­quer des gens aus­si vertueux ? Ce sont de saintes per­son­nes puisqu’elles défend­ent telle ou telle cause mainstream. »

L’auteur appuie son pro­pos sur nom­bre d’exemples médi­a­tiques. Les caus­es LGBT fémin­istes BLM ne sont pas mau­vais­es en soi, mais ser­vent de pré­texte et détour­nent bien sou­vent des vrais prob­lèmes d’une part et d’autre part les moyens des grandes entre­pris­es sont telle­ment dis­pro­por­tion­nés que le seul qui pour­rait faire face c’est l’État sauf que celui-ci est déjà assu­jet­ti à ces grandes entre­pris­es en général puisque les poli­tiques doivent sou­vent leur suc­cès aux sou­tiens financiers qu’ils ont reçus.

CIA, FBI, Silicon Valley même combat

Le GCHQ hisse un dra­peau arc en ciel et illu­mine ses locaux avec ses couleurs pour la journée inter­na­tionale LGBT. La CIA abrite des activ­ités pour le mois de la fierté LGBT et organ­ise des évène­ments autour de l’histoire noire africaine. Il en est de même pour le FBI.

De grandes entre­pris­es ont con­staté la réus­site de cette tac­tique : embel­lir la face mil­i­tariste et impéri­al­iste en revê­tant le cos­tume de la jus­tice sociale. Les grandes entre­pris­es avaient l’habitude d’acheter le pou­voir poli­tique en sou­tenant des cam­pagnes élec­torales ou en faisant du lob­by­ing. Elles vont plus loin main­tenant et devi­en­nent des par­ti­sans de plus en plus polar­isés dans le débat démoc­ra­tique. Il est devenu virtuelle­ment oblig­a­toire pour chaque grande société de proclamer son sou­tien pour BLM, alors qu’elle n’avait jamais démon­tré d’intérêt pour cette cause.

La neutralité est punie, les médias veillent

Une entre­prise qui ne suiv­rait pas cette mode sera alors punie. La plate­forme d’échange de cryp­to-mon­naie de la Sil­i­con Val­ley, Coin­base avait annon­cée qu’elle resterait neu­tre dans le débat BLM, son co-fon­da­teur esti­mant que si « ces efforts sont bien inten­tion­nés, ils ont le poten­tiel de détru­ire beau­coup de valeurs dans les entre­pris­es, à la fois en étant une dis­trac­tion et en créant de la divi­sion interne ». Mal lui en a pris, sa société a été dénon­cée, par un jour­nal­iste célèbre comme adepte de la cen­sure, dans le New York Times comme un bas­tion du racisme et de l’intolérance ; puis d’autres jour­nal­istes on fait cho­rus quand l’entreprise a osé répon­dre au NYT.

La mode s’est rapi­de­ment répan­due, les grandes entre­pris­es sont dev­enues des SJW sou­tenant les plat­i­tudes libérales pour éviter con­scien­cieuse­ment de s’occuper des vraies injus­tices qui les con­cer­nent directe­ment mais pour­raient gên­er leur busi­ness. Les démoc­rates étant en posi­tion de force, les grandes entre­pris­es pensent que servir l’agenda démoc­rate servi­ra leurs intérêts. La Sil­i­con Val­ley et les plus rich­es cor­po­ra­tions sont ouverte­ment pro-démocrate.

La nature grotesque de tout ceci saute aux yeux. Comme il est ridicule de voir la CIA ou la GCHQ s’occuper de « jus­tice sociale », l’idée que de gigan­tesques cor­po­ra­tions qui utilisent une forme d’esclavage par le tra­vail, le licen­ciement de masse et l’abus de la force de tra­vail s’occupent avant tout de leur image libérale sur les réseaux soci­aux, devrait faire suf­fo­quer n’importe quelle per­son­ne rationnelle sur leur sincérité.

Quand de grandes entre­pris­es utilisent leur pou­voir financier incom­pa­ra­ble pour con­tourn­er le proces­sus démoc­ra­tique, alors le sys­tème ressem­ble plus à une oli­garchie qu’à une démoc­ra­tie. Au-delà des dan­gers d’un con­trôle par les cor­po­ra­tions, tou­jours plus grand sur nos vies et nos poli­tiques, l’exploitation trompeuse de caus­es « sociales » cache la con­cen­tra­tion de la richesse et du pou­voir entre les mains de la classe des grandes entre­pris­es. Nous sommes aveuglés par leurs vertueuses déc­la­ra­tions sur Insta­gram qui cachent la destruc­tion des class­es ouvrières et moyennes. Nous oublions alors à quel point ce pou­voir est menaçant et incon­trôlable et à quoi il est util­isé en général. Et c’est exacte­ment ce qu’ils veulent.