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Un coup d’œil aux dernières publications

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Allemagne, la presse établie veut « donner l’exemple »

Les grands médias lancent une nouvelle action et veulent notamment soutenir les hommes politiques dans la lutte contre la droite conservatrice de l’AfD, 500 entreprises participent à cette offensive médiatique.

Pour la « diversité »

Lui dédi­ant une dou­ble page dans leurs jour­naux, die Zeit, Han­dels­blatt, Süd­deutsche Zeitung, Tagesspiegel et Wirtschaftswoche ont lancé tout récem­ment une nou­velle cam­pagne con­tre l’ex­trémisme de droite et pour la diversité.

Suiv­ant le slo­gan « #Zusammenland/Ensemble un pays – La diver­sité nous rend forts », ils veu­lent « don­ner l’ex­em­ple con­tre l’ex­trémisme de droite » en col­lab­o­ra­tion avec Ströer (l’une des plus grandes agences de com­mu­ni­ca­tion et de pub­lic­ité en Alle­magne, dont les Assur­ances Allianz et JP Mor­gan Chase & Co sont de gros action­naires, n.d.t.) et env­i­ron 500 entre­pris­es, fon­da­tions et asso­ci­a­tions. Il s’agit d’un engage­ment en faveur de « la lib­erté, de la diver­sité et d’une cul­ture d’accueil », affirme un com­mu­niqué de Die Zeit, qui a con­tribué au lance­ment de la cam­pagne de lutte con­tre la droite.

Les médias fournissent des millions d’euros

Les sociétés de médias ont pro­posé à leurs parte­naires « d’in­té­gr­er gra­tu­ite­ment leur logo dans la pub­lic­ité ». En échange, ces derniers sont invités à « faire des dons à des pro­jets car­i­tat­ifs ou à des cam­pagnes internes en entre­prise ». À cette fin, les édi­teurs ont mis à dis­po­si­tion « des espaces pub­lic­i­taires valant plusieurs mil­lions d’euros ».

Selon le com­mu­niqué, les directeurs généraux des médias con­cernés ont con­venu avec les parte­naires pub­lic­i­taires que « le cos­mopolitisme, le respect et la com­mu­nauté » sont des valeurs « qui font de l’Alle­magne non seule­ment un pays où il fait bon vivre, mais aus­si un pays économique­ment fort. C’est pourquoi nous sommes unis pour un pays ouvert qui affronte courageuse­ment les difficultés. »

Addendum

En 2022, Cor­rec­tiv s’est attaqué à Ströer, en rai­son d’une cam­pagne pub­lic­i­taire pour l’AfD. À la suite de cela, l’a­gence a annon­cé qu’elle ne ferait plus aucune cam­pagne liée à un par­ti politique. (

Quelques organ­ismes et entre­pris­es par­tic­i­pant à cette cam­pagne ; la pho­to jointe est explicite en ce qui con­cerne les entre­pris­es : Mer­cedes, Wele­da, Henkel, Sanofi, Siemens, Visa, San­doz, Microsoft, Spo­ti­fy, Play­mo­bil, Nokia, Mas­ter­card, SEAT, Pay­Pal … pour ne citer ici que des noms con­nus en France.Se joignent des uni­ver­sités, le Min­istère Fédéral de l’En­vi­ron­nement, des maisons d’édi­tions et de presse, quelques groupe­ments (PME, par exem­ple) Engie Deutsch­land, caiss­es d’épargne/de retraite ou d’as­sur­ance mal­adie, des four­nisseurs d’énergie/eau sans oubli­er des sociétés en ligne, de con­seil ou autres.

Source : Junge Frei­heit, 15/02/2024. Tra­duc­tion : AC

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Bayard, un nouvel échec commercial du wokisme en vue ?

En 2023, Bayard a perdu 7,5 millions d’euros. Une perte d’autant plus importante qu’elle n’est pas isolée, qui met la trésorerie du groupe en danger à long terme. En cause, une baisse d’abonnés aux titres jeunesse du groupe : Youpi pour les 6–10 ans, We demain 100% ado de 10 à 15 ans, puis Phosphore. Cette baisse d’abonnés peut s’expliquer par les idéologies dispensées de moins en moins subtilement dans les différents numéros.

Bayard, un monstre aux pieds d’argile

 Dans le monde de l’édition, Bayard est ce qu’on appelle un mon­stre. 21% des parts du marché français dans les ban­des dess­inées jeunesse, des titres con­nus de tous comme J’aime lire, Astrapi, Pomme d’Api, Okapi, Popi, So Foot Club, I love Eng­lish, des livres, des jeux, des pod­casts, des per­son­nages iconiques comme Tom-Tom et Nana ou Sam­Sam, le plus petit des grands héros, et des dessins recon­nus… Tout le monde a, au cours de sa jeunesse, croisé le groupe Bayard, égale­ment coqueluche des CDI. Bayard presse se félic­i­tait en jan­vi­er 2024, juste avant le fes­ti­val de la bande dess­inée à Angoulême, d’être « en posi­tion de leader », avec « 3,7 mil­lions d’exemplaires ven­dus au cours de l’année ».

Bayard, du catholicisme au militantisme

Bayard est fondé la con­gré­ga­tion des Augustins de l’Assomption, tou­jours action­naire unique du groupe. C’est le pre­mier groupe de presse catholique, qui édite notam­ment La Croix et Pèlerin, et nom­bre de par­ents y ont cher­ché de quoi nour­rir leurs chères têtes blondes en pen­sant trou­ver du con­tenu de qual­ité, adap­té à leurs valeurs. Aujourd’hui, les choses ont changé. Pourquoi y a‑t-il des gens racistes ?, Le long voy­age de Yaya et son papa, Le petit livre pour par­ler des enfants migrants, Le petit livre pour dire NON à l’intolérance et au racisme, les titres pro-immi­gra­tion pul­lu­lent, sans par­ler de l’obsession cli­ma­tique ou du com­bat fémin­iste. Gre­ta Thun­berg est don­née en exem­ple, c’est évidem­ment, mais aus­si Jamie Mar­golin, qui affir­mait dans The Guardian que « nous devons déman­tel­er les sys­tèmes d’op­pres­sion qui ont fait émerg­er et se per­pétuer la crise cli­ma­tique, en inclu­ant le colo­nial­isme, le racisme et le patri­ar­cat. » De quoi don­ner des clés de com­préhen­sion du monde qui n’ouvrent que sur un cer­tain type de con­clu­sions, à l’image des titres « Prêts pour la révo­lu­tion ani­male » ou « Décou­vre la viande arti­fi­cielle ».

Chez Bayard, un Noël pro-Greta et pro-migrants

Prenons en exem­ple les pub­li­ca­tions de Noël 2023, qui clô­turent donc une année dif­fi­cile pour le groupe Bayard. Noël est nor­male­ment une belle péri­ode pour les maisons d’édition, entre les livres qui se retrou­veront sous le sapin et les mag­a­zines qui don­nent aux enfants des idées pour par­ticiper aux fes­tiv­ités, ou leur expliquent le sens de la fête qu’ils vont vivre. Bayard Jeunesse a décidé de pro­pos­er « Un Noël sol­idaire et bon pour la planète », cohérent avec ce que Nathalie Becht, direc­trice de Bayard Jeunesse, nomme un « engage­ment de longue date en faveur de l’écologie et de la sol­i­dar­ité ». Si l’on sort de l’opération de don de jou­ets à Emmaüs et des idées pour faire ses cadeaux soi-même, on trou­ve un « Noël anti-gaspi » ven­du sous forme de cal­en­dri­er de l’Avent, avec 24 épisodes à lire soir après soir. L’écologie est omniprésente avec des idées pour des papiers cadeaux en papi­er recy­clé ou des déco­ra­tions de sapin, égale­ment en car­ton recy­clé. N’oublions pas la cui­sine, avec les livres de recettes « 100% bon pour la planète » et des « astuces veg­an, zéro déchet et loca­vore pour le menu de Noël » dans Okapi, pour les 10–15 ans (un âge auquel le régime veg­an n’est pas for­cé­ment con­seil­lé par les médecins). Les plus petits pour­ront lire les aven­tures de Jaques et son Pépé qui vont pré­par­er pour Noël « un fes­tin é‑co-lo ! »

Voir aus­si : Youpi de Bayard, jeunesse et propagande

Des livres pour s’imprégner d’idées de gauche libertaire

Sous le sapin, notons la présence d’un dossier spé­ciale­ment écrit pour don­ner aux jeunes lecteurs des idées pour « se déplac­er sans pol­luer », en espérant ne pas créer des aya­tol­lahs anti-voitures qui ren­dront la cir­cu­la­tion impos­si­ble dans les villes, et ce au mépris de tout prag­ma­tisme. L’écologie est égale­ment servie par Diana d’un monde à l’autre. Enfin le groupe Bayard s’assure que les lecteurs auront l’idée de « pren­dre soin des autres » : lisez L’abri, où des ani­maux se pré­par­ent à subir une tem­pête et voient arriv­er deux étrangers. « La méfi­ance amène les habi­tants de la forêt à fer­mer leur porte et leur cœur. Mais la générosité et la bon­té n’ont pas tout à fait dis­paru. » À par­tir de 3 ans, pour des enfants garan­tis pro-migrants. Et la dimen­sion chré­ti­enne de Noël nous direz-vous ? Pas de panique, Bayard Presse n’oublie pas ses racines. Les arti­sans de la sol­i­dar­ité présente qua­tre per­son­nal­ités inspi­rantes. Frédéric Ozanam, qui créa la Société Saint-Vin­cent-de-Paul, Hen­ry Dunant, fon­da­teur de la Croix-Rouge, le Père Jean Rod­hain, fon­da­teur du Sec­ours Catholique, et enfin Xavier Emmanuel­li, fon­da­teur du Samu social. En évi­tant soigneuse­ment des per­son­nes comme Mère Thérésa, Saint Jean Bosco ou… Saint Vin­cent de Paul juste­ment, qui ne sont prob­a­ble­ment pas assez modernes.

Bayard Jeunesse veut créer les militants de demain

Il ne s’agit pas là d’une excep­tion, ou d’un choix un peu irréfléchi. Le groupe Bayard sait par­faite­ment ce qu’il fait. We demain 100% ado est conçu pour don­ner aux ado­les­cents « les clés pour être acteur de la con­struc­tion du monde de demain ». De fait, un jour­nal­iste con­sid­ère en général que sa mis­sion est d’informer les citoyens pour qu’ils puis­sent ren­dre meilleur le monde qui les entoure. En revanche, dans le secteur jeunesse, on veille plutôt à con­stru­ire l’esprit cri­tique des lecteurs. Un tra­vail par­ti­c­ulière­ment exigeant, parce qu’il faut con­fron­ter les points de vue, et surtout sur­veiller les mots employés, car c’est d’abord là que s’exprime l’idéologie. Plus le pub­lic est jeune, plus la présen­ta­tion de sujets com­plex­es est malaisée. C’est d’ailleurs pour cela que cer­tains titres se con­cen­trent sur des sujets con­sen­suels, comme la recherche d’un tré­sor, ou n’abordent que des sujets qui touchent directe­ment l’enfant, comme le har­cèle­ment scolaire.

Bayard Jeunesse a fait un autre choix, esti­mant que « cette révo­lu­tion citoyenne, les “moins de 18 ans” la veu­lent. Avec plus d’énergie et plus d’envie. » On touche là un cer­cle par­ti­c­ulière­ment con­fort­able : à force de dif­fuser des con­tenus idéologiques à des jeunes lecteurs, on con­state qu’ils devi­en­nent mil­i­tants. On déduit qu’ils veu­lent des con­tenus plus mar­qués encore, on les leur donne, et ain­si de suite. Les par­ents ne sont apparem­ment pas de cet avis, la plongée des ventes en témoigne. Le groupe accuse 4% de baisse des ventes entre la sai­son 2021–2022 et la sai­son 2022–2023, sachant que la perte était déjà de 1,3% entre 2020–2021 et 2021–2022. Cela représente, entre 2020–2021 et 2022–2023, un trou de près de 20 mil­lions d’euros dans le chiffre d’affaires. Com­ment réa­gi­ra Bayard à cette sanc­tion par le porte-monnaie ?

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La presse sous intraveineuse d’aides de l’État

Avec 110,4 millions d’euros d’aides directes distribuées à la presse en 2022, le ministère de la Culture dilapide l’argent public dans un contexte de diminution drastique des recettes de ventes au numéro de l’ensemble de la presse payante.

Elle était passée de 106 à 97 mil­lions d’euros de 2020 à 2021, elle atteint pour l’année 2022 les 110,4 mil­lions d’euros : alors que « les recettes de ventes au numéro de l’ensemble de la presse payante ont dimin­ué de — 55% en vingt ans », si l’on en croit les « Élé­ments de com­mu­ni­ca­tion du Min­istère de la Cul­ture », l’enveloppe des aides à la presse n’en finit pas de grossir.

Quelle répartition des aides à la presse ?

Pour l’année 2022, le Min­istère a donc annon­cé avoir ver­sé « en 2022 un total d’aides directes de 110,4 M€ dont 28 M€ dans le cadre des six aides au plu­ral­isme, 51 M€ pour les aides au trans­port et la dif­fu­sion et 31,4 M€ pour les aides à l’investissement ».

À y regarder de plus près, les aides au plu­ral­isme pour les quo­ti­di­ens nationaux d’information poli­tique et générale à faibles ressources pub­lic­i­taires font sourire tant on peine à y décern­er la nature antag­o­niste de l’information dis­pen­sée : la Cul­ture annonce ain­si avoir soutenu sept quo­ti­di­ens nationaux, « par exem­ple La Croix (5 315201 € d’aides directes), L’Humanité (3 364 388 € d’aides directes pour le Groupe l’Humanité) ou Libéra­tion (3 862 413 € d’aides directes), pour un mon­tant de 11,1 M € ». En com­para­i­son, on notera que le titre Valeurs actuelles (qui dis­pose de peu d’encarts pub­lic­i­taires ) a reçu 36 182 €. Pour les titres à faibles ressources pub­lic­i­taires, 4 mil­lions d’euros d’aides ont été dis­pen­sés à 53 jour­naux, dont Pèlerin, Causette ou Poli­tis.

De nou­velles aides ont été attribuées « aux ser­vices de presse en ligne » « afin de pro­mou­voir la neu­tral­ité des aides quant au sup­port util­isé » : enten­dre, pour lut­ter con­tre le mastodonte que sont devenus les réseaux soci­aux en matière de dif­fu­sion de l’information (quelles qu’elle soit), les médias en ligne sont désor­mais soutenus. Notam­ment le Huff­in­g­ton Post, média en ligne dont la qual­ité pro­gres­siste n’est pas à démon­tr­er et qui a reçu 748 672 euros d’aides directes.

Enfin, 57 mil­lions d’euros ont été accordés aux aides au trans­port et à la dif­fu­sion de la presse, de manière à, si l’on en croit le Min­istère « réduire le prix de vente final des pub­li­ca­tions et favoris­er ain­si la plus large dif­fu­sion des titres, et donc des courants de pen­sée et d’opinion qu’ils véhicu­lent. »

Voir aus­si : Huff­in­g­ton Post, info­gra­phie

Le nouveau ministre de la Culture pour le conditionnement des aides

Face à cette dépense, qui représente l’équivalent des crédits du Min­istère de la Cul­ture pour 2023 pour le « sou­tien aux poli­tiques cul­turelles », le nou­veau min­istre de la Cul­ture a tout de même récem­ment émis une volon­té de con­di­tion­nal­ité à la dis­pense de telles aides. Le 8 mars, à l’occasion de l’incontournable « journée des droits des femmes », Rachi­da Dati s’est indiquée favor­able à con­di­tion­ner les aides à la presse à un sys­tème de « bonus/ malus » pour « lut­ter con­tre les vio­lences sex­istes et sex­uelles » et favoris­er « l’égalité ». Une annonce dont le con­texte était une table-ronde organ­isée au min­istère con­sacrée à la par­ité dans la presse écrite. Une mesure qui viendrait se liss­er sur la mesure déjà exis­tante des aides du CNC, déjà con­di­tion­nées à des oblig­a­tions de préven­tion du har­cèle­ment sex­uel. « Les droits des femmes ne sont jamais acquis, aurait-elle alors souligné. Nous devons tra­vailler à une dif­fu­sion d’une cul­ture de l’égalité ». Tout un programme.

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Infographie : Groupe M6 / Groupe RTL

Les arcanes du pouvoir ; RTL, une nonagénaire qui se porte bien ; le staff de la radio ; les émissions et les animateurs phares ; les activités médias : retrouvez en une infographie l’essentiel des informations relatives aux groupes M6 et RTL.

Si la liseuse PDF ne s’af­fiche pas, vous pou­vez télécharg­er directe­ment l’in­fo­gra­phie en suiv­ant ce lien.

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Rodolphe Saadé : tentation de l’empire médiatique et premier mouvement social

L’opération lui aura coûté 1,55 milliards d’euros : Rodolphe Saadé a ratifié l’achat de BFMTV et RMC, auprès de Patrick Drahi. Intégrant radio et télévision à son portefeuille qui contenait déjà l’hebdomadaire papier de la Tribune Dimanche ou La Provence et Corse-Matin, il entre en concurrence avec le conglomérat CNews, Europe 1 et le JDD détenu par le groupe Bolloré comme avec celui de Xavier Niel qui lorgne sur la télévision.

La Provence : dernier sursaut avant le crash ?

En matière de médias, il sem­blerait que Rodolphe Saadé, mil­liar­daire très proche d’Emmanuel Macron, n’ait pas tou­jours eu le nez : alors qu’il avait promis d’alimenter son titre La Provence, racheté en 2022, et assuré qu’aucun poste ne viendrait à y être sup­primé, le mag­nat a dû faire face à un principe de réal­ité : la dégringo­lade finan­cière colos­sale du jour­nal, qui per­dait avant le rachat près de 12 mil­lions d’euros par an et qu’il avait acheté près de 81 mil­lions, soit qua­tre fois plus que le prix pro­posé par Xavier Niel ! Face à la casse, ce seront 60 jour­nal­istes sur 175 qui seront poussés vers la sor­tie, pou­vant jouer sur leur clause de ces­sion, tan­dis que trente autres ne seront pas recon­duits. L’annonce a créé quelques remous au sein de la rédac­tion qui a ini­tié un mou­ve­ment de grève, con­traig­nant Saadé à recon­sid­ér­er la fer­me­ture des deux agences du Vau­cluse (Car­pen­tras et Orange).

Virage macroniste et grève illimitée

Aux ten­sions ini­tiales s’est ajoutée une polémique édi­to­ri­ale qui a débouché sur la mise à pied ven­dre­di 22 mars du directeur de la rédac­tion du jour­nal Aurélien Viers, con­vo­qué à un entre­tien préal­able à de licenciement.

En cause, la « une » du jour­nal de jeu­di, à l’occasion de la venue d’Emmanuel Macron à Mar­seille. On pou­vait y lire : « il est par­ti et nous on est tou­jours là » en référence au pas­sage du Prési­dent de la République à Mar­seille pour faire val­oir une opéra­tion de police antidrogue « Place nette XXL » dont les résul­tats sont très con­tro­ver­sés. Dif­fi­cile de savoir si le prési­dent ou son entourage s’en est plaint ou s’il s’agit d’un excès de zèle des équipes Saadé mais la réac­tion a été immé­di­ate et ven­dre­di, le jour­nal, par la voix de son directeur de pub­li­ca­tion Gabriel d’Harcourt pub­li­ait un « mot d’excuse » en une du jour­nal… Un procédé qui a agacé les jour­nal­istes d’autant que le mot évo­quait une « une » qui « ne reflète en rien les valeurs et la ligne édi­to­ri­ale du jour­nal » et d’ajouter :

« Nous avons induit en erreur nos lecteurs et La Provence leur présente ses plus pro­fondes excuses ».

Les jour­nal­istes, eux, se sont placés en grève illim­itée pour pro­test­er con­tre cette sanc­tion. Il s’agira désor­mais de voir si Rodolphe Saadé entend appli­quer la même poli­tique à BFMTV et surtout s’il tien­dra face aux grévistes comme Bol­loré en 2016 avec i‑Télé et plus récem­ment au JDD lors de la nom­i­na­tion de Geof­froy Leje­une… Le traite­ment qui sera réservé à Saadé sera aus­si a observé de près et pour­ra être com­paré à celui de son homo­logue mil­liar­daire Vin­cent Bol­loré. D’autant que Saadé n’a pas caché (source La Let­tre) qu’il ver­rait d’un mau­vais œil que CMA-CGM soit mal­traité dans les médias qu’il contrôle.

Un nouveau pas dans l’audiovisuel

Pour l’heure, l’homme d’affaires, qui a donc rat­i­fié le rachat de 100 % du cap­i­tal d’Altice Media, ne sem­ble pas découragé dans son entre­prise de créa­tion d’expansion médi­a­tique. Il s’offre ain­si la seule chaîne d’information en con­tinu rentable. « Rodolphe Saadé met certes la main sur une ressource rare, des fréquences TNT, mais la TNT ne représente plus que 20 % de la con­som­ma­tion TV des foy­ers français », a souligné au Figaro un ancien dirigeant de la chaîne. Pour d’autres, il s’agirait d’un cal­cul sur le long terme de la huitième for­tune de France (selon Forbes). « Saadé accepte de sur­pay­er ses cibles pas seule­ment pour les con­quérir mais parce qu’il pense que le Mec­ca­no qu’il con­stru­it dans les médias s’amortira sur le long terme », a ain­si expliqué Jean-Clé­ment Tex­i­er, ana­lyste des médias. Achat visant à assoir l’influence du mil­liar­daire, l’acquisition tenait à cœur à Saadé qui serait revenu « tous les trois ou qua­tre mois » à la charge et aurait accep­té de hauss­er le prix pro­posé pour acquérir son média. L’accord a égale­ment pu être trou­vé puisqu’il fal­lait pour les pro­prié­taires d’Altice ven­dre avant que l’autorisation d’émettre sur la TNT ne soit renou­velée ; si le renou­velle­ment avait eu lieu, il eût été impos­si­ble pour les pro­prié­taires de ven­dre la chaîne durant cinq ans.

Concentration des médias : Bolloré et Saadé, même traitement ?

L’empire de Saadé dans le monde médi­a­tique sera avec cet achat forte­ment con­cen­tré entre les mains du mil­liar­daire. Actuelle­ment et avant rachat d’Altice médias, le pôle média de CMA CGM, groupe de Saadé, compte un chiffre d’affaires de 78 mil­lions d’euros. Présidé par la femme de Saadé, Véronique Alber­ti­ni Saadé, il fait tra­vailler 280 jour­nal­istes. « Après le rachat d’Altice Media, indique Lau­rent Guimi­er, notre groupe sera ain­si présent en France sur les cinq prin­ci­paux canaux de com­mu­ni­ca­tion : la télévi­sion, la radio, la presse, le dig­i­tal et l’évènementiel ». Une con­cen­tra­tion qui ne sem­ble pas émou­voir le Prési­dent de la République, qui abor­derait avec un œil bien­veil­lant le rachat, si l’on en croit le Figaro. Face à l’empire Bol­loré, l’empire Saadé s’apparente à en croire un ancien patron de l’audiovisuel, à un « com­bat poli­tique souter­rain des pro­gres­sistes con­tre les con­ser­va­teurs ». Prêt à racheter d’autres titres, Rodolphe Saadé ver­rait les oppor­tu­nités d’acquisition présen­tées de manière récur­rente sur son bureau. L’opération de rachat de BFMTV et RMC devrait être final­isée au cours de l’été 2024, dans un con­texte dif­fi­cile du groupe Altice qui croule sous les dettes.

Voir aus­si : Rodolphe Saadé, infographie

Pho­to : Rodolphe Saadé au World Eco­nom­ic Forum Annu­al Meet­ing 2020. Crédit : World Eco­nom­ic Forum/Sikarin Fon Thanacha­iary. Licence : CC BY-NC-SA 2.0 Deed

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La dynastie Niel aux commandes du Monde

Quand on parle d’un milliardaire contrôlant des médias, on pense immédiatement à Vincent Bolloré. Il en est pourtant un autre, et il ne possède pas que des titres inconnus. Xavier Niel, qui possède notamment Le Monde, est à la tête d’un empire médiatique qui tente de contrôler et guider les opinions, donnant des consignes de vote, traînant parfois entreprises et personnes dans la boue et veillant à appliquer aux faits un prisme moral sous couvert d’analyse scientifique.

Pigasse, Bergé et Niel, le dernier triumvirat du Monde

Tout com­mence en 2010, lorsque Xavier Niel, Pierre Bergé et Matthieu Pigasse devi­en­nent les prin­ci­paux action­naires du Monde. On se sou­vient que quinze ans plus tôt, en 1994, c’était un autre trio qui met­tait la main sur le titre tant con­voité, gage de sérieux et de neu­tral­ité. À l’époque, il s’agissait d’Alain Minc, Jean-Pierre Colom­bani et Edwy Plenel. Les années passent. Pierre Bergé meurt en 2017, Matthieu Pigasse s’associe à Daniel Kretinsky et Xavier Niel crée le fonds pour la presse indépen­dante, que Le Monde rejoin­dra en 2021.

Le fonds d’indépendance pour la presse est-il bien nommé ?

Le fonds d’indépendance pour la presse (FIP) con­tient Médi­a­part, depuis 2019, Libéra­tion, depuis 2020, et Le Monde, depuis 2021. Trois titres pour le moins à gauche donc. Les uns diront que c’est parce que la presse indépen­dante ne peut être que de gauche, la presse de droite étant par nature soumise à des intérêts allant à l’encontre de la déon­tolo­gie jour­nal­is­tique. Les autres qu’il n’y a que la presse de gauche pour avoir l’arrogance de se réu­nir dans un « fonds d’indépendance pour la presse ». Les derniers con­stateront que Xavier Niel a fine­ment nom­mé son fonds, et que ses trois titres peu­vent se glo­ri­fi­er sans peine d’y appartenir. Il n’est pas si sim­ple de prou­ver qu’un jour­nal n’est pas indépendant.

Le FIP, première pierre de la dynastie Niel

Le fonds d’indépendance pour la presse est l’œuvre de Xavier Niel, et il a fait en sorte qu’il reste dans le giron de sa famille pour des généra­tions… avec les titres qu’il pos­sède. Le prési­dent du FIP est désigné par le fon­da­teur, et peut chang­er à tout moment. Actuelle­ment, c’est Jules Niel, le fils, qui est sur ce siège éjectable. Notons au pas­sage qu’il n’avait que vingt ans lorsqu’il accé­da à ce poste pres­tigieux, et que cela ne sem­ble pas cho­quer out­re mesure des médias pour­tant prompts à fustiger les héri­tiers. Ajou­tons que, lorsque Xavier Niel quit­tera ce monde, ses droits de fon­da­teur seront trans­mis à ses ayant-droit. Julia Cagé, écon­o­miste des médias et prési­dente de la société des lecteurs du Monde, et Benoît Huet, avo­cat, notent dans une tri­bune dif­fusée par Arrêts sur Image en 2021, après avoir été refusée par Le Monde lui-même, que cette trans­mis­sion aux héri­tiers est « assez inhab­ituelle dans un fonds de dota­tion » et surtout qu’elle « sem­ble con­stru­ite pour que la pro­priété du Monde demeure ad vitam aeter­nam entre les mains d’une seule famille. »

Voir aus­si : Xavier Niel, portrait

Xavier Niel, une non-ingérence de façade ?

Xavier Niel a donc beau jeu d’affirmer que sa déten­tion per­son­nelle du Monde, via sa hold­ing NJJ Médias, est nég­lige­able. La réal­ité, c’est qu’il con­trôle les médias du FIP via des per­son­nes qu’il place à des­sein aux postes de direc­tion. Il forme ensuite ses ayant droits, ce qui lui per­met de s’assurer que les lignes des médias qu’il pos­sède ne chang­eront pas. Peut-être Xavier Niel a‑t-il fait de la non-ingérence son cre­do. Il est tou­jours dif­fi­cile de prou­ver qu’un pro­prié­taire de média impose sa ligne. Au reste, prou­ver que Vin­cent Bol­loré le fait est égale­ment dif­fi­cile. Sim­ple­ment, peut-être cer­tains titres n’ont-ils pas trop de scrupules à accuser les uns d’ingérence et les autres de soumis­sion. On peut not­er que Xavier Niel finance une par­tie de Causeur, sans pour autant en être l’actionnaire prin­ci­pal. Or, la ligne de Causeur n’a que peu en com­mun avec celle du Monde. Enfin, dans le groupe Le Monde se trou­ve un pôle indépen­dance, qui pos­sède 25% du jour­nal. Ce pôle est con­sti­tué de la rédac­tion et des lecteurs, ce qui doit per­me­t­tre l’indépendance d’un média. Ce pôle rem­plit peut-être son rôle, bien qu’il pos­sède une par­tie du groupe inférieur à celle du fonds d’indépendance pour la presse.

Xavier Niel, le contre-empire Bolloré ?

L’empire de Xavier Niel s’étend et en rap­pelle un autre, celui de Vin­cent Bol­loré. Il ne manque au pre­mier qu’une chose : un canal sur le domaine pub­lic audio­vi­suel français. On aura noté en effet que Xavier Niel ne pos­sède que des jour­naux papiers et web, et aucune chaîne de télévi­sion ou de radio. Une tare impor­tante, à l’heure où les réseaux soci­aux sont friands de vidéo et où les Français lisent de moins en moins. En 2023, les canaux 1 et 6 du domaine pub­lic étaient remis sur le marché, si l’on peut utilis­er cette expres­sion. Xavier Niel avait alors ten­té de pren­dre la place de M6, sans suc­cès. On com­prend mieux l’acharnement de ses titres à l’encontre de CNews, qui remet sa place sur le domaine pub­lic en ques­tion en 2025. Puisque Xavier Niel n’a pas sa chaîne, Bol­loré ne doit pas l’avoir non plus. Sans aller jusqu’à par­ler de con­flit d’intérêt (quoique), on peut donc s’interroger sur les biais des jour­nal­istes du groupe Le Monde qui cri­tiquent CNews pen­dant que l’ARCOM organ­ise les audi­tions pour l’attribution des fréquences entre le print­emps et l’été 2024 pour répar­ti­tion dès 2025.

Voir aus­si : Xavier Niel, infographie

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IA, réseaux sociaux : Křetínský et Olivennes dénoncent une menace contre le débat démocratique et les médias traditionnels

C’est dans le cadre des États généraux de l’information que Denis Olivennes, président d’Editis et président du conseil de surveillance Czech Média Invest (CMI) et Daniel Křetínský, aux manettes du groupe CMI, ont publié une tribune dans Le Figaro pour faire part de leurs inquiétudes sur l’avenir de l’information à l’heure de l’explosion du numérique.

« Un immense dan­ger plane sur l’information. […] Il nous paraît urgent de s’alarmer et d’agir. L’Europe le peut. Si elle ne le fait pas, la France, patrie de la lib­erté, le doit. » Le ton est grave, la plume lourde de solen­nité : Daniel Křetín­ský et Denis Olivennes : dans une tri­bune inti­t­ulée : « Le vrai dan­ger qui pèse sur l’information n’est pas celui qu’on croit », ces deux habitués des médias livrent leur vision de l’état de l’information à l’ère numérique.

L’information à l’ère numérique : quel état en France ?

Pour les deux rédac­teurs, le « plu­ral­isme de l’information est garan­ti » et « toutes les sen­si­bil­ités poli­tiques, économiques, sociales, cul­turelles et con­fes­sion­nelles sont représen­tées ». Le pro­fes­sion­nal­isme des rédac­tions serait à leurs yeux assuré par les trente mille jour­nal­istes tit­u­laires d’une carte de presse, pour un quart issu des écoles de jour­nal­isme. De même, il leur appa­raît que « la respon­s­abil­ité déon­tologique et juridique des médias est solide­ment inscrite dans le droit ». Et si des per­spec­tives d’amélioration de ces points leur sem­ble pos­si­ble, notam­ment par l’intermédiaire des États généraux de l’information, ils con­sid­èrent que le « point cru­cial n’est pas là ».

La prolifération numérique : un « immense danger » pour les médias traditionnels

Face à des médias tra­di­tion­nels qu’ils sem­blent juger qua­si irréprochables (des médias « respectueux des valeurs démoc­ra­tiques et de la loi », Křetín­ský et Olivennes red­outent la pro­liféra­tion numérique, « sources agrégeant d’énormes audi­ences, présentes sur des plate­formes dis­posant de moyens financiers, tech­nologiques et humains sim­ple­ment incom­men­su­rables à ceux des médias tra­di­tion­nels et qui ne sont ni pro­fes­sion­nelles ni plu­ral­istes ni respon­s­ables ». Ali­men­tant les « pop­ulismes », atten­ta­toires à la « vie privée, répu­ta­tion ou dig­nité des per­son­nes », ces organes « saperaient » le « débat démoc­ra­tique ». Et le développe­ment de l’intelligence arti­fi­cielle, le prob­lème risque selon eux de s’amplifier, avec l’émergence de « deep fake » notamment.

Face aux dangers, quelles solutions ?

Le mil­liar­daire tchèque Daniel Křetín­ský et son acolyte directeur général de Libéra­tion Denis Olivennes ne veu­lent pas s’y résoudre : il exis­terait des solu­tions face à de telles offen­sives. L’octroi d’un statut de « qua­si-édi­teur » aux plate­formes hébergeant les con­tenus appa­raît comme une solu­tion viable aux auteurs de la tri­bune, qui bal­aient la notion de lib­erté d’expression avec l’anathème facile : « Dans une démoc­ra­tie avancée, la lib­erté des uns s’arrête où com­mence celle des autres ». Pour les réseaux soci­aux, les deux hommes de presse esti­ment que la respon­s­abil­ité des édi­teurs des plate­formes doit être engagée en cas d’atteinte à la loi et que l’anonymat des util­isa­teurs doit être levé. Ils con­sid­èrent par ailleurs que les vidéos exé­cutées par l’intelligence arti­fi­cielle doivent être sig­nalées et que les annon­ceurs publics et privés devraient pub­li­er leur part d’investissements pub­lic­i­taires dans les plate­formes et les médias.

Un phénomène à l’origine de « l’explosion du populisme » ?

Si l’on en croit les auteurs de la tri­bune, l’absence d’engagement de respon­s­abil­ité de telles plate­formes a con­duit à « l’explosion du pop­ulisme, [la] fin du débat pub­lic rationnel, [et con­stitue une] porte ouverte aux manip­u­la­tions mas­sives de l’opinion ». Une expli­ca­tion pra­tique, qui évit­era aux auteurs de s’interroger sur d’éventuelles défail­lances d’un mode de gou­verne­ment qui n’appelle qu’un intérêt lim­ité de la pop­u­la­tion. Face à ce qu’ils tien­nent pour un « dan­ger mor­tel pour nos démoc­ra­ties », ils s’en remet­tent aux États généraux de l’information. Des EGI qui auront « réus­si leur pari s’ils parvi­en­nent à dégager un con­sen­sus sur l’urgence d’une régu­la­tion forte des plate­formes, des réseaux soci­aux et de l’intelligence arti­fi­cielle ». Des EGI qui ne s’inquiètent que peu des nou­velles formes de cen­sures qui se multiplient…

Voir aus­si : Denis Olivennes, portrait

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La PQR contre le Rassemblement national, le groupe EBRA à l’attaque

Le premier débat des élections européennes organisé le 14 mars par la chaîne Public Sénat et le premier groupe de presse régional EBRA (Est Bourgogne Rhône Alpes) a été marqué par l’absence remarquée du favori, Jordan Bardella. À la « Tribune du dimanche », le candidat du Rassemblement national a justifié cette absence par cette remarque lapidaire « soyons sérieux, et pourquoi pas Coquelicot TV ? »

EBRA, neuf quotidiens pour Emmanuel Macron

Dans en moin­dre mesure, la co-organ­i­sa­tion par EBRA (Est Bour­gogne Rhône Alpes),  détenu par le Crédit mutuel Alliance fédérale, et pro­prié­taire de neuf quo­ti­di­ens — dont  L’Al­sace, Le Bien pub­lic, Le Dauphiné libéré, Dernières Nou­velles d’Al­sace, L’Est répub­li­cain, Le Jour­nal de Saône-et-Loire, Le Pro­grès, Le Répub­li­cain lor­rain et Vos­ges Matin, a du jouer dans ce refus. Out­re le fait que le prési­dent ce groupe de presse ait appelé à vot­er Emmanuel Macron en 2022 face à Marine le Pen, les quo­ti­di­ens du groupe sont en roue libre pour atta­quer le Rassem­ble­ment nation­al ou les thé­ma­tiques qui lui sont chères comme la lutte con­tre l’immigration clandestine.

Pre­mier exem­ple, avec cet arti­cle dif­fusé dans les quo­ti­di­ens du groupe EBRA (Le Dauphiné libéré, Le Pro­grès, L’Alsace, Le Jour­nal de Saône-et-Loire)  le dimanche 10 mars 2024, soit le jour du lance­ment offi­ciel de la cam­pagne du Rassem­ble­ment nation­al pour les élec­tions européennes de juin prochain. Le par­ti de Marine le Pen est tout sim­ple­ment assim­ilé à un mou­ve­ment « néo­fas­ciste » et « néonazi. »

Si la liseuse PDF ne s’af­fiche pas, vous pou­vez télécharg­er directe­ment le fichi­er en suiv­ant ce lien.

Deux­ième exem­ple, con­cer­nant la lutte con­tre l’immigration clan­des­tine cette fois-ci. Dans un arti­cle du Pro­grès, « Vingt-neuf ressor­tis­sants étrangers en sit­u­a­tion irrégulière expul­sés », le jour­nal­iste assim­i­le ce ren­voi de clan­des­tin à « 120 dépor­ta­tions » ! Après quelques heures, ce terme a dis­paru et a été rem­placé en cati­mi­ni par « expul­sion » dans l’article en ligne, mais l’article papi­er et le pre­mier arti­cle numérique (voir pho­to) con­te­naient bien le mot « dépor­ta­tion.»

EBRA

Il y a fort à pari­er que les quo­ti­di­ens du groupe EBRA sor­tent l’artillerie lourde afin de tir­er à boulets rouges sur le Rassem­ble­ment nation­al jusqu’aux élec­tions européennes. D’ailleurs, les mêmes les plus jeunes sont mis à con­tri­bu­tion comme dans cette pub­li­ca­tion Le jour­nal des Enfants (JDE), l’un des jour­naux du groupe EBRA, où l’on trou­ve cette déf­i­ni­tion du Front répub­li­cain.

« C’est une union entre plusieurs par­tis poli­tiques pour faire bar­rage aux idées de l’extrême droite et au par­ti du Rassem­ble­ment nation­al (RN), dirigé par Marine Le Pen. Celles-ci veu­lent don­ner la pri­or­ité à ceux que le RN con­sidère comme français. Pour ceux qui for­ment le front répub­li­cain, le RN représente un dan­ger pour la République et ses valeurs (lib­erté, égal­ité, fra­ter­nité). C’est pourquoi ils avaient appelé à vot­er con­tre Marine Le Pen. » CQFD.

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Médiapart : Plenel passe la main à Caroline Fouteau

Après 16 années passées à la tête de Mediapart, Edwy Plenel lègue sa place à Carine Fouteau. Quoi de plus logique qu’un mâle blanc de plus de 50 ans laisse sa place à une femme…

Caroline Fouteau profil classique de la profession

Après avoir étudié briève­ment le pro­fil de Carine Fouteau, on est peu sur­pris de sa nom­i­na­tion à la direc­tion de Medi­a­part. Son par­cours et ses opin­ions sont une syn­thèse du par­cours d’un jour­nal­iste lambda.

D’abord passée par Les Échos où elle fait ses débuts en 1999, elle rejoint Medi­a­part en 2008. Dans une brève vidéo vis­i­ble sur Dai­ly­mo­tion, Fouteau jus­ti­fie sa déci­sion de rejoin­dre le jour­nal d’Edwy Plenel par l’indépendance qui y règne et en est le maître mot. Logique, quand on sait qu’elle quitte Les Échos après que le jour­nal soit tombé dans le giron de Bernard Arnault.

Selon elle, Medi­a­part est « un lab­o­ra­toire du jour­nal­isme ». Elle décide de se spé­cialis­er sur les ques­tions d’immigration avec la ferme inten­tion de « dépas­sion­ner le débat ». Quiconque con­naît la rhé­torique médi­a­tique sait que « dépas­sion­ner » est un autre terme pour désign­er la pirou­ette men­tale per­me­t­tant de dire que oui, l’immigration est une chance pour la France.

Vacarme pour les sans papiers

Ce posi­tion­nement est antérieur à son arrivée chez Medi­a­part. Par­al­lèle­ment à son tra­vail aux Échos, Carine Fouteau écrit pour la revue Vacarme, créée en 1997, qui n’est plus pub­liée aujourd’hui mais dont les archives sont con­sulta­bles en ligne. Dans sa présen­ta­tion, Vacarme se présente comme un out­il de réflex­ion « à la croisée de l’engagement poli­tique, de la créa­tion artis­tique et de la recherche ». Pour nos lecteurs qui se ques­tion­nent sur l’engagement poli­tique dont il est ques­tion, nous pré­cisons que dans les axes de la revue est men­tion­née « la défense des sans-papiers ». Aus­si, la spé­cial­i­sa­tion de Fouteau chez Medi­a­part est dans la droite ligne de son tra­vail pour Vacarme.

Attali et les hôtels de passage

Depuis 2008 où elle a rejoint Medi­a­part, Carine Fouteau a fait du chemin. En 2018 elle devient rédac­trice en chef, puis en 2024 elle est nom­mée en rem­place­ment d’Edwy Plenel. Elle fut égale­ment, à cer­taines occa­sions, la porte-parole du média, notam­ment le 20 décem­bre 2023 lorsqu’au nom du jour­nal, elle se prononce con­tre la loi immi­gra­tion qu’elle désigne comme une « infamie pour les étrangers qui vivent en France ». Quelques années aupar­a­vant elle avait dénon­cé les reli­quats du colo­nial­isme français en Nouvelle-Calédonie.

Une femme de gauche, favor­able à l’immigration et qui, pour peaufin­er le tableau, représente les élites nomades. D’une jeunesse passée en Iran et en Norvège à son mas­ter en jour­nal­isme obtenu à New York, Carine Fouteau pour­rait tout à fait rejoin­dre Jacques Attali, con­sid­érant les pays comme des hôtels de passage

La nom­i­na­tion de Carine Fouteau n’est que la dernière étape d’un proces­sus entamé en 2015 qui visait à renou­vel­er les têtes dirigeantes de Medi­a­part. Dans le papi­er rela­tant cette nom­i­na­tion, l’équipe de Medi­a­part assure que le choix de nom­mer une femme n’est pas volon­taire. Cepen­dant, lorsqu’il s’agit de soulign­er que désor­mais ce sont qua­tre femmes qui tien­nent les rênes du jour­nal, les rédac­teurs notent que « ce n’est pas un hasard. La révo­lu­tion MeToo nous a transformé ».

Voir aus­si : Médi­a­part, infographie