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Un journal allemand espionné par l’un de ses journalistes

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27 mars 2015

Temps de lecture : 2 minutes
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Un journal allemand espionné par l’un de ses journalistes

Temps de lecture : 2 minutes

« À l’heure des “lanceurs d’alerte”, la transparence pourrait-elle se retourner contre les médias eux-mêmes ? », interroge La Croix. C’est la question que se pose après que le quotidien allemand Die Tageszeitung ait découvert qu’il était espionné par l’un de ses propres journalistes.

Le 17 févri­er, le ser­vice infor­ma­tique de Die Taz décou­vrait par hasard, en con­trôlant un clavier d’or­di­na­teur défectueux, qu’un « key­log­ger » était instal­lé sur le poste d’une sta­giaire. Ce dis­posi­tif per­met d’en­reg­istr­er, à l’in­su de l’u­til­isa­teur, toutes ses frappes de claviers, mots de passe compris.

Le lende­main, un jour­nal­iste, Sebas­t­ian Heis­er (pho­to), était sur­pris en train de retir­er led­it dis­posi­tif. Inter­rogé, il nie d’abord être le respon­s­able. La nuit suiv­ante, une infrac­tion est con­statée dans les locaux du jour­nal. Après analyse, il est démon­tré que le « key­log­ger » était util­isé depuis début 2014 et aurait per­mis d’ac­céder aux comptes d’au moins seize salariés.

La direc­tion de Die Taz, jour­nal financé par ses lecteurs et col­lab­o­ra­teurs, a alors engagé une procé­dure de licen­ciement pour ce fait d’« espi­onnage ». Dans un édi­to­r­i­al, les deux rédac­teurs en chef expliquent que « le secret de la rédac­tion est un bien pré­cieux. Un quo­ti­di­en ne vit pas seule­ment de la con­fi­ance que lui man­i­fes­tent ses lecteurs. Les sources doivent pou­voir compter sur le fait que leurs témoignages sont et restent entre de bonnes mains. La con­fi­ance au sein même de la rédac­tion est aus­si impor­tante. Les col­lègues doivent pou­voir être sûrs qu’ils œuvrent ensem­ble à l’information du public. »

Le jour­nal­iste « espi­on », Sebas­t­ian Heis­er, se définit quant à lui comme un « lanceur d’alerte ». Sur son blog, il avait pub­lié des enreg­istrements de ses con­ser­va­tions avec ses anciens col­lègues du Süd­deutsche Zeitung pour démon­tr­er, en pleine péri­ode de révéla­tions SwissLeaks, que le quo­ti­di­en avait « reçu de l’argent de ban­ques pour inciter ses lecteurs à la fraude fis­cale à l’étranger ».

Pour Robin Alexan­der, du quo­ti­di­en Die Welt, « le culte du lanceur d’alerte qui vole des infor­ma­tions au sein de sa pro­pre organ­i­sa­tion a trans­for­mé le sys­tème de valeurs ». Et d’a­jouter : « L’investigation est placée au-dessus du droit – en ver­tu d’une morale sup­posée supérieure. Nous devons en débat­tre (…). Le tra­vail des médias est essen­tiel pour la démoc­ra­tie. Savoir ce qu’ils met­tent en dan­ger est aus­si d’intérêt public. »

Crédit pho­to : DR