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Télévision publique polonaise : des disputes au sein du PiS au lieu des réformes promises

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1 septembre 2016

Temps de lecture : 4 minutes
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Télévision publique polonaise : des disputes au sein du PiS au lieu des réformes promises

Temps de lecture : 4 minutes

Le parlement polonais adoptait le 31 décembre dernier une « petite loi sur les médias » en annonçant une grande loi de réforme des médias publics pour le printemps.

Cette « petite loi » a dans un pre­mier temps per­mis à la nou­velle majorité con­ser­va­trice (PiS et petits par­tis alliés), issue des élec­tions du 25 octo­bre, de rem­plac­er les directeurs de la radio et de la télévi­sion publiques et de don­ner aux médias publics un ton plus favor­able au gou­verne­ment et plus con­ser­va­teur. Pour la suite, la seule grande promesse qui a été tenue à ce jour a con­sisté à créer un Con­seil des médias nationaux (RMN) pour nom­mer et révo­quer les directeurs des médias publics. Un RMN dom­iné par le PiS, bien enten­du, puisqu’il compte trois mem­bres nom­més par la majorité par­lemen­taire, un mem­bre pro­posé par le plus gros par­ti d’opposition au par­lement, le par­ti libéral-lib­er­taire PO, et un mem­bre pro­posé par le par­ti con­ser­va­teur d’opposition Kukiz’15. Le man­dat des mem­bres du RMN dure 6 ans et ils ne peu­vent pas être révo­qués avant terme.

Par­al­lèle­ment, le Con­seil nation­al de la radio­phonie et de la télévi­sion (KRRiT) qui était chargé avant la « petite loi » sur les médias de nom­mer la direc­tion des médias publics, et qui est entre les mains des par­tis PO-PSL (les deux par­tis de la coali­tion gou­verne­men­tale précé­dente) et SLD (la gauche post­com­mu­niste, qui n’est plus représen­tée au par­lement depuis les dernières élec­tions), con­serve sa fonc­tion d’autorité de sur­veil­lance des médias et est donc à ce titre l’équivalent du CSA français. Le man­dat de ses mem­bres, de 6 ans (mais qui peu­vent être révo­qués une fois par an), arrive à expi­ra­tion cette année et la majorité PiS pour­ra donc bien­tôt avoir un KRRiT moins hostile.

Près de 8 mois après les change­ments à la tête de la radio et de la télévi­sion publiques en Pologne, il est clair que ces médias ont une sen­si­bil­ité beau­coup plus con­ser­va­tri­ces qu’avant et qu’ils sont glob­ale­ment favor­ables au gou­verne­ment actuel. Pas de change­ment majeur de ce côté-là, donc, mal­gré les cris d’orfraie de la Com­mis­sion européenne en jan­vi­er, puisque jusqu’en octo­bre 2015 la radio et la télévi­sion étaient out­rageuse­ment pro-gou­verne­ment et anti-oppo­si­tion. La dif­férence aujourd’hui, c’est que comme les deux grands groupes de télévi­sion privés (TVN et Pol­sat) ont la fibre pro­gres­siste et européiste et qu’ils détes­tent cor­diale­ment le PiS, le paysage télévi­suel béné­fi­cie d’une diver­sité qui lui fai­sait cru­elle­ment défaut à l’époque des gou­verne­ments PO-PSL dirigés par Don­ald Tusk puis par Ewa Kopacz.

Côté négatif, une des pre­mières déci­sions du RNM a été de révo­quer, début août, le prési­dent de la télévi­sion publique (TVP) nom­mé en jan­vi­er, Jacek Kurs­ki, avec effet immé­di­at, avant de reculer (sous la pres­sion de Jarosław Kaczyńs­ki, dit-on) et de le révo­quer avec effet au 15 octo­bre tout en organ­isant un con­cours, auquel Jacek Kurs­ki peut bien enten­du se présen­ter. Or les prin­ci­paux reproches faits à Jacek Kurs­ki sont en réal­ité de la respon­s­abil­ité du PiS. Celui-ci sem­ble en effet inca­pable de choisir claire­ment entre deux mod­èles : des médias publics forte­ment sub­ven­tion­nés qui exer­cent une mis­sion de ser­vice pub­lic ou bien des médias publics qui se finan­cent en grande par­tie par la pub­lic­ité et qui cherchent à con­cur­rencer les chaînes privés et à obtenir les meilleurs scores d’audience, comme c’était le cas jusqu’ici. C’est pour­tant la pre­mière option qui avait été promise par le PiS à ses électeurs.

Une mesure essen­tielle à ce titre aurait été de ren­dre la rede­vance uni­verselle, car en Pologne, même si elle est oblig­a­toire pour tout déten­teur d’un poste de radio ou de télévi­sion, seule une frange de la pop­u­la­tion la paye. Pour le moment, le PiS n’a toute­fois pas osé faire prélever la rede­vance sur le paiement des fac­tures d’électricité, ce qui était une des solu­tions évo­quées, et cette ques­tion essen­tielle sem­ble être passée à la trappe. Dans ces con­di­tions, la poli­tique de Jacek Kurs­ki qui, en ren­dant la télévi­sion publique moins com­mer­ciale, lui a fait per­dre des parts d’audience, pose des prob­lèmes budgé­taires puisque les revenus de la pub­lic­ité dimin­u­ent, et la mise en cause, par le prési­dent de la télévi­sion publique, de la fia­bil­ité des méth­odes de l’institut chargé de mesur­er l’Audimat n’y change rien.

Face à l’hostilité des plus gros groupes médi­a­tiques privés et aux ten­ta­tives d’ingérence de Brux­elles, la dernière chose dont les con­ser­va­teurs polon­ais ont besoin est pour­tant de se déchir­er autour des médias publics, même si ce con­flit et le flou déci­sion­nel qui l’accompagne ne sem­blent pour le moment pas nuire au PiS dans les sondages.

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