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Syrie : une journaliste indépendante témoigne

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7 août 2013

Temps de lecture : 3 minutes
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Syrie : une journaliste indépendante témoigne

Temps de lecture : 3 minutes

Sur le site de la Columbia Journalism Review, une journaliste indépendante italienne, Francesca Borri, a publié un témoignage saisissant. Et outre l’idéologie anti-Assad qui s’en dégage, et une certaine dose un peu poussée de féminisme, son récit des conditions des journalistes indépendants en Syrie vaut le détour.

Pourquoi, d’ailleurs, s’est-elle lancée dans l’enfer syrien ? « Rester en Syrie, là où per­son­ne ne veut rester, est ma seule chance d’avoir du boulot », explique-t-elle dans son bil­let. Et encore, un boulot pré­caire : « que vous écriv­iez d’Alep ou de Gaza ou de Rome, les rédac­teurs en chef ne voient pas la dif­férence. Vous êtes payé pareil : 70$ par article. »

« Les rédac­teurs en chef, en Ital­ie, ne veu­lent que le sang et les « bang bang » des fusils d’assaut », ajoute celle-ci. Un jour, alors qu’elle avait écrit un bil­let essayant de décrire l’action des rebelles, on lui a claire­ment répon­du : « Qu’est-ce que c’est que ça ? Six mille mots et per­son­ne ne meurt ? » Le ton est don­né. « Le con­tenu, désor­mais, est stan­dard­isé, et votre jour­nal, votre mag­a­zine, n’a plus aucune sin­gu­lar­ité, et il n’y a donc plus aucune rai­son de pay­er un reporter » explique Francesca Borri.

Cette dernière se penche égale­ment sur la crise des médias : « La crise que les médias tra­versent est une crise du média lui-même, pas du lec­torat. Les lecteurs sont tou­jours là, et con­traire­ment à ce que croient beau­coup de rédac­teurs en chef, ce sont des gens intel­li­gents qui deman­dent de la sim­plic­ité sans sim­pli­fi­ca­tion. Ils veu­lent com­pren­dre, pas unique­ment savoir. »

Revenons en Syrie. Les con­di­tions des jour­nal­istes « free-lance » sont très pré­caires. La vie est chère, et leurs arti­cles sont achetés à bas coût et peu con­sid­érés. « Les jour­nal­istes free­lance sont des jour­nal­istes de sec­onde zone – même s’il n’y a que des free­lance ici, en Syrie », explique-t-elle. Pire, « au lieu d’être unis, nous sommes nos pro­pres pires enne­mis ; et la rai­son du papi­er payé 70$, ce n’est pas le manque d’argent, parce qu’il y a tou­jours de l’argent pour un papi­er sur les petites amies de Berlus­coni. La vraie rai­son, c’est que quand vous deman­dez 100$, quelqu’un d’autre est prêt à le faire pour 70. C’est une com­péti­tion féroce. »

Une course à l’information, au « buzz », et cela aux dépends de la vie des jour­nal­istes de ter­rain, sac­ri­fiés sur l’autel du sensationnel.

Voir aussi : Deux journalistes français enlevés en Syrie

Crédit pho­to : james_gordon_losangeles via Flickr (cc)

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