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RFI refuse un droit de réponse à Jean-Paul Gourévitch

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28 mars 2014

Temps de lecture : 5 minutes
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RFI refuse un droit de réponse à Jean-Paul Gourévitch

Temps de lecture : 5 minutes

Le 12 mars 2014, RFI publiait sur son site un article intitulé « L’immigration sans effet sur les comptes de la Sécurité sociale », signé par Dominique Baillard. « Avec la crise, certains pays européens ont commencé à rogner les prestations dues aux travailleurs étrangers. Ces pays comme le Royaume-Uni considèrent que l’immigration est un fardeau pour la société. Pourtant la réalité statistique n’est pas facile à démontrer », commençait l’article avant de présenter, pour le cas de la France, « les deux principales études consacrées au sujet » ayant « abouti à des résultats opposés ».

La pre­mière de ces études est celle de Jean-Paul Gourévitch, écrivain, essay­iste et con­sul­tant inter­na­tion­al sur l’Afrique et les migra­tions, ayant en effet pub­lié en 2012 L’immigration en France, dépens­es, recettes, investisse­ments, rentabil­ité (édi­tion Con­tribuables asso­ciés). Cette étude, écrit Dominique Brail­lard, « con­clut que les immi­grés coû­tent plus qu’ils ne rap­por­tent à la pro­tec­tion sociale. Entre 2010 et 2012, la fac­ture moyenne s’élève à 17 mil­liards d’euros. Ce n’est pas rien, c’est l’équivalent du déficit de la sécu­rité sociale pour l’année 2011. L’étude est large­ment médi­atisée par le Front nation­al. Sauf que le résul­tat est très vite remis en cause par une autre étude réal­isée par des écon­o­mistes (Xavier Cho­jnic­ki et Lionel Ragot) cette fois basée sur l’année 2005 ».

A la lecture de l’article, Jean-Claude Gourévitch a envoyé un droit de réponse à RFI pour rectifier plusieurs propos inexacts de la journaliste, et corriger ce qu’il considère être une malveillance.

Pre­mière inex­ac­ti­tude : l’étude de Cho­jnic­ki et Ragot (L’immigration coûte cher à la France. Qu’en pensent les écon­o­mistes ?), est paru six mois avant celle de Gourévitch… qu’elle remet­trait soi-dis­ant en cause ! La réal­ité, c’est que c’est l’étude de Gourévitch qui analyse et remet en cause celle de Cho­jnic­ki et Ragot, et non l’inverse…

Deux­ième inex­ac­ti­tude : la présen­ta­tion de Dominique Bail­lard des 17 mil­liards d’euros que coû­tent les immi­grés est faussée. Selon Gourévitch, les dépens­es de presta­tions sociales étant en effet, pour la péri­ode 2010–2012, de 69,979 mil­liards d’euros et les recettes fis­cales et sociales de 83,370 mil­liards d’euros, le sol­de est donc bel et bien posi­tif. « Si en défini­tive les dépens­es d’immigration sont plus impor­tantes que ses recettes (déficit de 8,76 mil­liards d’euros), c’est en rai­son de coûts de struc­ture, des coûts socié­taux et des coûts sécu­ri­taires générées par l’immigration régulière et surtout par l’immigration irrégulière que l’étude Cho­jnic­ki-Ragot ne prend pas en compte », écrit le con­sul­tant, qui dans ses travaux a ajouté « les investisse­ments faits pour les pays d’origine des migra­tions et pour les dépens­es d’éducation, de loge­ment et de poli­tique de la ville à l’égard des immi­grés et de leurs enfants dont la rentabil­ité “est nulle pour l’aide au développe­ment et dif­fi­cile­ment mesurable pour les poli­tiques d’intégration”, ce qui explique ce chiffre de 17 mil­liards d’euros ». Pas un mot évidem­ment de tout cela dans l’article.

Quant à la malveil­lance, il s’agit bien enten­du de l’affirmation selon laque­lle l’étude de Gourévitch est « très large­ment médi­atisée par le Front nation­al », le but étant de dia­bolis­er ses travaux en assim­i­lant son auteur au par­ti d’extrême-droite. Or, le con­sul­tant rap­pelle dans son droit de réponse que Marine Le Pen a men­tion­né, lors de sa dernière inter­ven­tion sur les ondes, un déficit de 70 mil­liards pour l’immigration, chiffre que lui n’a jamais avancé, et que « nom­bre des propo­si­tions qu’il a faites pour réduire les coûts comme “la régu­lar­i­sa­tion des immi­grés ayant un tra­vail” ou “l’arrivée de dizaines de mil­liers de migrants céli­bataires act­ifs occupés” sont aux antipodes des posi­tions du Front Nation­al »…

Le droit de réponse de Jean-Paul Gourévitch a pour­tant été refusé par le médi­a­teur de RFI, Jean-Pierre Con­stan­tin. Celui-ci recon­naît, du bout des lèvres, « que l’expression “remet­tre en ques­tion” peut paraître impré­cise (sic) dans la mesure où l’étude

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de vos con­frères est antérieure à la votre »… Mais selon lui, « le sens est clair lorsqu’on replace l’expression dans son con­texte et il n’y a aucune équiv­oque »…

Mais le plus cocasse est à venir : « dans un souci d’apaisement », le médi­a­teur pro­pose en effet une mise au point pub­liée sur le site et rédigée de la manière suiv­ante : « Suite à notre rubrique sur le coût de l’immigration pour la sécu­rité sociale, M. Jean-Paul Gourévitch tient à pré­cis­er qu’il n’a rien à voir avec le Front nation­al, et qu’il n’est en rien respon­s­able de la récupéra­tion abu­sive de ses travaux à des fins poli­tiques ». Ain­si, la seule chose qui est demandée à l’écrivain dont les pro­pos ont été tron­qués et qui demande répa­ra­tion, c’est qu’il mette en cause le Front national…

Au-delà de l’information tech­nique, le refus adressé à Jean-Paul Gourévitch est symp­to­ma­tique d’une crispa­tion des médias main­stream sur ce sujet, à un moment où la doxa con­cer­nant l’immigration est de moins en moins audi­ble et crédi­ble, les récentes élec­tions en font foi.

Crédit pho­to : styeb via Flickr (cc)